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Actualités - OPINION

Citoyen Grognon Manifs, contre-manifs et re-manifs

De manif en contre-manif, de re-manif en re-contre-manif, les Libanais auraient-il pris goût aux manifestations ? Pour un oui ou pour un non, la rue est désormais leur recours favori. Leurs dirigeants ont à peine le temps de prononcer quelque diatribe « contre » un adversaire politique ou « contre » une ébauche de solution à un problème endémique, que les voilà aussitôt dans la rue, armés jusqu’aux dents… de drapeaux et de slogans. Hurlant « contre » tel loyaliste, ou « contre » tel opposant. Hurlant « contre » les réformes ou « contre » l’absence de réformes. Hurlant tout court, rien que pour hurler « contre » quelque chose. Dès que leurs leaders leur en donnent l’ordre. Telles des marionnettes. Tels des bambins de deux ans qui viennent d’apprendre le sens du « non », mais surtout sa portée. De manif en contre-manif, le temps passe, le pays s’enlise. Chaque avancée d’un pas est aussitôt suivie d’un inévitable retour en arrière. Par médias interposés, ou par étudiants interposés, le ton monte, on se lance de nouvelles insultes. On en arrive aussi aux actes, aux chaises qui volent, aux coups directs. On est « contre » l’autre, quoi qu’il pense, quoi qu’il dise. De manif en contre-manif, la crise sociale s’amplifie et n’en finit pas de faire des ravages. Bien trop occupés à manifester, les Libanais en oublient de vivre, de travailler ou d’étudier. À la moindre manif, les magasins ferment leurs portes, alors qu’aux terrasses des cafés, seuls quatre pelés et un tondu prennent encore le temps de flâner. Que dire aussi des cinémas qui tournent à vide, des centres commerciaux désertés par une jeunesse bien plus préoccupée par la politique que par ses loisirs, des écoles qui renvoient leurs élèves par crainte de débordements ? Et surtout des universités qui bouillonnent, dangereusement ? Des loisirs, au tourisme, à l’éducation, les manifs et contre-manifs se répercutent sur la totalité des secteurs. On opère alors des coupes salariales, on remercie du personnel, on dépose parfois même son bilan. Mais qui s’en soucie ? Aujourd’hui, les manifestations ont le vent en poupe… Anne-Marie EL-HAGE

De manif en contre-manif, de re-manif en re-contre-manif, les Libanais auraient-il pris goût aux manifestations ?
Pour un oui ou pour un non, la rue est désormais leur recours favori. Leurs dirigeants ont à peine le temps de prononcer quelque diatribe « contre » un adversaire politique ou « contre » une ébauche de solution à un problème endémique, que les voilà aussitôt...