Thaïlande - La Cour constitutionnelle invalide les élections Le roi Bhumibol a joué un rôle-clé dans le déblocage de la crise politique

Le roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, plus ancien monarque en exercice dans le monde, a joué un rôle-clé dans le déblocage de la situation politique dans son pays, mais de nombreux obstacles demeurent en vue d’une solution durable, estiment des analystes. En donnant un coup de pied dans la fourmilière le 25 avril alors que le système était totalement grippé, le monarque, âgé de 78 ans et qui fêtera en juin le 60e anniversaire de son accession au trône, a de fait remis la Thaïlande sur des rails plus démocratiques. Dans un discours, il avait renvoyé dos à dos les protagonistes de la crise en qualifiant de « non démocratiques » les élections du 2 avril convoquées à la hâte par le Premier ministre, Thaksin Shinawatra, et en rejetant les appels de l’opposition pour qu’il nomme un successeur. Il avait également rappelé à l’ordre les juges de la Cour constitutionnelle, de la Cour suprême et de la Cour suprême administrative en leur enjoignant d’entrer en action ou de démissionner. Hier, la Cour constitutionnelle a invalidé les élections qui avaient été boycottées par l’opposition et a ordonné la tenue d’un nouveau scrutin. « C’est un petit pas en avant, mais de nombreux obstacles demeurent », estime l’analyste politique Thitinan Pongsudhirak de l’université Chulalongkorn. « Si c’était une démocratie totalement opérationnelle, le roi n’aurait pas eu besoin de faire ça », renchérit un autre expert, Michael Nelson, détaché actuellement dans cette même université. La Cour constitutionnelle et la Cour suprême administrative sont relativement nouvelles puisque leur position d’arbitre a été déterminée dans la Constitution de 1997. Jusqu’au début des années 90, la Thaïlande était davantage habituée à des interventions musclées de l’armée dans le jeu politique. Mais tous les analystes s’accordent à dire que la jeune démocratie thaïe a atteint un certain degré de maturité et que les événements de ces derniers mois incitent à l’optimisme.