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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE - « Faux et usage de fautes », de Dounia Mansour Abdelnour Du bon usage du français au Liban

Dounia Mansour Abdelnour est juriste de formation, journaliste et traductrice de profession. Elle a travaillé en Afrique pour l’Unicef et le PNUE (l’Agence des Nations unies pour l’environnement). Elle a été correspondante pour le Proche-Orient de l’agence européenne d’informations IPS et rédactrice en chef du mensuel trilingue Environnement. Elle possède à son actif un livret intitulé Ton guide pour la protection de l’environnement. Et c’est à la protection de la langue française qu’elle s’attelle dans un livre qui vient de paraître aux éditions Tamyras, Faux et usages de fautes, émaillé par de sympathiques illustrations signées Michèle Standjofski et Raphaëlle Macaron. Elle a traqué les erreurs comme on traque la petite bête. Voulant souligner, au stylo rouge, ces fautes de français qui se sont incrustées, lentement mais sûrement, dans notre vocabulaire. Jusqu’à en devenir illusoirement correctes. «Ce livre rassemble une sélection de fautes de français, des pièges à éviter pour les générations futures car, comme le dit Rousseau: “Les ténèbres de l’ignorance valent mieux que la fausse lumière de l’erreur”», indique l’auteure qui dit tenir son obsession textuelle de sa formation de juriste. C’est ainsi qu’elle dit avoir passé chaque mot, chaque expression au tamis, se référant aux dictionnaires et autres manuels linguistiques qu’elle désigne comme «les contrôleurs censés être infaillibles». Au cours de ses recherches, elle a remarqué que «les avis des francophones étaient partagés et souvent contradictoires». Quant aux anglicismes, il est évident que nombre de mots anglais figurent désormais dans les dictionnaires francophones. «La chasse aux intrus dans ce domaine n’est pas chose aisée», remarque l’auteure. Qui propose donc le présent ouvrage comme «outil de vérification pour corroborer la véracité ou révéler l’inexactitude des mots et des expressions». Citoyens libanais, sachez que l’on ne dit pas « tu es insortable », mais « tu n’es pas sortable ». Que l’expression « bon viveur » n’existe pas, il s’agit plutôt, on l’aura deviné, de « bon vivant ». Que « la vitre avant de la voiture » porte le nom de « pare-brise ». Qu’il est faux de dire: « J’ai fait mes sourcils.» Dites plutôt: «Je me suis épilé les sourcils.» «La sucrière est pleine» doit être remplacé par « le sucrier est plein». Après les expressions fausses, l’auteure consacre plusieurs pages à ces «erreurs équivoques» qui ont des justifications historiques ou pratiques. Elle les signale pour «garder le débat ouvert entre puristes et pragmatiques». Il n’est donc pas si faux de dire «ne pas faire long feu», «estiver à la montagne», «espadrille» au lieu de «chaussure de sport», «dentition au lieu de denture»… Elle passe ensuite aux fautes de prononciation, dont l’une des plus courantes est la liaison du h dans l’expression «en haut» qu’il faudrait prononcer «en o». Dounia Abdelnour présente quelques coquilles tirées de journaux et des pièges d’orthographe à éviter. Avant de conclure par des clichés «qui expriment notre mentalité et parfois notre histoire». Elle revient ainsi sur les origines de l’expression «Toz, sel», ou encore sur le «Saint Balech». Si les quelques clichés tels que «Liban, Suisse du Moyen-Orient» ou «le Liban vert» ou encore « Le Liban, pays du lait et du miel» trouvent leur place dans ce genre de manuel, on comprend moins la présence de ce dernier chapitre qui viserait à «tester la culture» des lecteurs, en proposant des questions sur l’origine de la ville de Beyrouth ou sur la superficie de la réserve naturelle de Arz el-Chouf. Dounia Mansour Abdelnour, qui est bien libanaise, a également le droit à l’erreur. On a ainsi relevé, au cours d’une lecture rapide, quelques petites erreurs. Chasse non exhaustive et qui reste ouverte. Page 20, l’auteure signale qu’on «ne boit pas avec un chalumeau, mais avec une paille». Il faut savoir que l’on boit bien «à l’aide» d’une paille. En quatrième de couverture, elle indique que les erreurs sont transmises de «générations en générations» de Libanais. Le pluriel est inadéquat. Encore un «libanisme». Mais ces intrusions fortuites ne font-elles pas, justement, le charme d’une langue? Maya GHANDOUR HERT

Dounia Mansour Abdelnour est juriste de formation, journaliste et traductrice de profession. Elle a travaillé en Afrique pour l’Unicef et le PNUE (l’Agence des Nations unies pour l’environnement). Elle a été correspondante pour le Proche-Orient de l’agence européenne d’informations IPS et rédactrice en chef du mensuel trilingue Environnement. Elle possède à son actif...