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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Jawad al-Assadi donnera trois autres représentations au Marignan, du jeudi 11 au samedi 13 mai (20h30) Dans la chaleur explosive du «Hammam Baghadi»

C’est une guerre mais une guerre pas comme les autres que met en scène le réalisateur irakien Jawad al-Assadi. Dans « Hammam Baghdadi », qui se joue encore sur les planches du Marignan du jeudi 11 au samedi 13 mai, ces deux comédiens traduisent à la fois les blessures de l’âme et la détresse de tout un peuple. Au centre d’un décor, constitué d’une simple fresque murale représentant des femmes au bain et d’éléments évoquant la cérémonie du hammam (baignoire, douches, «journ» …), deux comédiens retracent, en 1h30, les grands traits de leur vie ainsi que ceux de leur pays. Le ton est très vite donné dans la pièce en trois actes d’al-Assadi. Brillamment interprétés par Fayez Kazak et Nidal Saijari, les rôles des deux chauffeurs de bus sont inspirés de la vie réelle des frères du réalisateur, qui assurent quotidiennement la navette entre Amman et Bagdad. Dans une mise en scène extrêmement bien léchée et bien structurée, tant dans la scénographie que dans le bruitage, la musique, ou l’éclairage, Kazak et Saijari explosent sur les planches. En effet, dirigés par un al-Assadi outrancièrement méticuleux, les comédiens se mettent à nu, se revêtent, pour enfin briser en mille morceaux leur petit univers. Le hammam, cette institution séculaire dont le cérémonial effleure le sacré, plonge cependant les personnages dans les affres du présent. Un présent meurtri par la guerre, les invasions et les conditions précaires de la vie. Pour les souillures de l’âme La guerre vécue n’est pas uniquement externe. Elle parle de meurtrissures internes et d’émotions vives. Dans les vapeurs du hammam, les comédiens évoluent sous tension, à l’ombre de la peur. Ils s’aiment tendrement comme des frères, partagent leurs problèmes mais s’entre-déchirent. Écorché vif, abrasif (comme une loufa), leur dialogue dans un bruitage effroyable fait sauter en éclats leur intimité. Chez al-Assadi, la contemporanéité de la pièce et du jeu n’exclut pas l’obéissance aux règles de la mise en scène. Même le changement de décor est sujet à cérémonie. Le réalisateur irakien sacralise «l’acte» de jouer et ses comédiens jouent le jeu. Par leurs pleurs, leurs rires, la violence de leurs paroles et de leurs gestes, ils parviennent à moduler les émotions. Grandeur et décadence de cette grande civilisation babylonienne qui se retrouve confinée dans une boîte en bois en guise de cercueil. Grandeur et déchéance de ce peuple qui ne fait que réclamer son pain quotidien et mendier sa dignité. Ce sont les fluctuations de l’âme qui sont représentées par le graphe de la vie. La mort est omniprésente sur scène. Elle envahit la pièce comme cette fumée diffuse et ces gouttes de sueur qui perlent sur le visage des comédiens. Elle enveloppe les esprits, les atrophie. Cette mort, Jawad al-Assadi lui donne corps, lui insuffle une âme. Et c’est probablement pour une meilleure résurrection que cet artiste essaye de la nettoyer et de la purifier. Colette KHALAF

C’est une guerre mais une guerre pas comme les autres que met en scène le réalisateur irakien Jawad al-Assadi. Dans « Hammam Baghdadi », qui se joue encore sur les planches du Marignan du jeudi 11 au samedi 13 mai, ces deux comédiens traduisent à la fois les blessures de l’âme et la détresse de tout un peuple.

Au centre d’un décor, constitué d’une simple fresque...