Les Restos du cœur sont toujours là

En 1988, durant les événements, un petit groupe de dames, sous la houlette de Saint-Vincent, se lance un défi : ouvrir un Resto du cœur à tous, sans distinction. Et cela a marché ! Dix-huit ans plus tard, nous sommes toujours là. Il s’agissait à l’époque, par le biais de repas chauds servis, d’aider une certaine couche de la population qui avait tout perdu. Ils habitaient le centre-ville, les bombardements les en avaient chassés. Ils se retrouvaient sans abri et sans aide aucune. Avec de faibles moyens et beaucoup de bonne volonté, le projet prend forme grâce à la générosité d’une grande dame qui nous offre son appartement à Gemmayzé. Les choses ont depuis un peu changé. Nous avons rejoint l’organisation des Restos du cœur et le nombre de nos habitués a sensiblement augmenté. Nous frôlons les 90 personnes en temps ordinaire et les 110 en périodes de fêtes. Grâce à la générosité de dons privés, nous arrivons à faire face, mais avec un petit regret. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si nous pouvions, comme par le passé, offrir à nos personnes âgées une balade en bus, avec en prime un déjeuner dans un « vrai restaurant ». Leur joie d’oublier pour quelques heures leur morne existence, de se retrouver dans un contexte différent du leur, de rire et de chanter ensemble, de partager une aventure, ferait chaud au cœur. Faute de moyens, nous avons dû abandonner ce genre de programme, mais nous espérons qu’un jour nous serons à même de le reprendre. Le Resto du cœur Beytouna, à Gemmayzé, nous tient tellement à cœur que pour rien au monde nous ne manquerions à nos engagements. Je voudrais terminer sur un souvenir qui remonte à notre première réunion. Une question très pragmatique fut posée : « De quel budget disposons-nous pour au moins nos deux premiers repas ? » et la réponse, « Dieu y pourvoira », nous laissa un peu sceptique. Combien nous avions tort. Que de fois, depuis, cette réponse s’est avérée juste. Maud KHAYAT