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Actualités - CHRONOLOGIE

SIGNATURE Ils lancent leur troisième CD, au Virgin Megastore centre-ville, ce soir à partir de 20 heures Aks’ser, un groupe qui évolue dans le bon sens

Ils ont vingt-six ans, la rage d’arriver, de faire passer leurs messages et leur musique à un public libanais enfin réceptif. C’est non sans mal qu’ils se battent, depuis bientôt dix ans, pour une reconnaissance de «leur» rap. Ce troisième album, qui vient de sortir, est une réussite. À découvrir pour s’échapper des nombreuses impasses musicales et culturelles. Ils avaient choisi le nom de leur groupe, Aks’ser, qui signifie à contresens ou voie sans issue, pour identifier le rap, ce genre qu’ils revendiquent et qui va à contre-courant de la musique «facile et commerciale» à laquelle les jeunes Libanais sont habitués. Ils avaient choisi le rap parce que, pour eux, cette musique «très polie» était synonyme de paix, de respect, de religion, de droits de l’homme, à contre-courant d’une image défigurée, de banlieue, de violence, de pauvreté et d’immigration que donnent certains rappeurs, ici et dans le monde. Ils avaient choisi l’arabe parlé, bien qu’ils soient de vrais francophones, pour que toute leur démarche soit logique et comprise par leurs compatriotes. Ils avaient, somme toute, choisi un chemin difficile qui leur semble parfois, dans les moments de doute et de découragement, une voie sans issue… Un parcours de combattants «Nous étions les premiers à faire ce genre de musique en langue libanaise, aiment à rappeler Waël Kodeih et Houssam Fathallah, plus connus, respectivement, sous les noms de Rayess Bek et Ebn Foulen. Parce que nous avions besoin de nous exprimer dans ce pays où il n’y a pas beaucoup de place pour les jeunes. Aks’ser, c’était un peu ce que nous étions, musicalement et socialement, avec tout ce mélange hétéroclite.» Après un passage au Festival de la musique, en 1997, où ils se font remarquer, le groupe commence à s’autoproduire. «Personne ne voulait le faire», précise Waël, qui a travaillé dans la publicité, avant de laisser tomber son métier et tous ses avantages pour s’adonner entièrement à la musique. «Créer une infrastructure a été difficile, poursuit Houssam, ingénieur en logiciel dans le civil. Maintenant, nous avons un label, Chich-prod, des gens prêts à collaborer avec nous et un studio. Ce travail a pris une dizaine d’années…» En 2000, Tarek Yamani, compositeur, se joint au duo. L’année suivante, ils sortent leur premier album, Ahla Bi’l Chabeb. Et bien qu’aucune radio locale ne diffuse leur musique, ils décrochent un Disque d’or, pour avoir vendu 3000 copies. Mais la machine ne se met toujours pas en marche. «Nous étions jeunes et nous n’avions pas su saisir les opportunités.» Découragés, mais pas démotivés, ils produisent un second album, en 2002, intitulé Khartouch. Malgré une collaboration artistique avec des noms connus, tels Hasna d’Algérie, le rappeur américain Lix et Rami Karami, compositeur de musique hip-hop ; malgré une série de concerts donnés dans tous les coins du pays et en Allemagne, en France, en Suisse et dans les pays arabes ; malgré un troisième album en solo, pour Waël, et une musique rap de qualité, qui mélange hip-hop, reggae et sons orientaux, les choses restent difficiles. En 2005, ils sortent enfin de l’impasse. Le tournant «Nous avons été contactés par EMI, qui a obtenu une licence pour notre album, Aks’ser». Ce nouveau CD, plus mûr, plus accessible et plus léger, sera dans les bacs à partir d’aujourd’hui vendredi. «Nous avons arrondi les angles sans toucher au message, pour atteindre la masse et réveiller les jeunes.» Avec ses 18 titres, il sera, précise fièrement Waël, «le premier album rap en langue arabe à être diffusé dans tout le Moyen-Orient.» Ana Mich Ilik, le titre-phare, est enfin diffusé sur certaines radios locales. Son vidéoclip, réalisé par Amine Dora et produit par le groupe, est un moment de plaisir, tant sur le plan musical qu’artistique. Une douce dérision, que l’on peut enfin voir sur les chaînes musicales arabes. «Pour nous, disent les deux compères avec passion, presque rage, l’heure est grave! Si ça ne marche pas, ça voudra dire que rien ne changera dans ce pays.» Alors, pour prouver à Aks’ser qu’ils ont pris la bonne direction, allez donc les écouter au Virgin Megastore, ce soir, dans une mini-performance qui va accompagner la signature de leur dernier album. Carla HENOUD
Ils ont vingt-six ans, la rage d’arriver, de faire passer leurs messages et leur musique à un public libanais enfin réceptif. C’est non sans mal qu’ils se battent, depuis bientôt dix ans, pour une reconnaissance de «leur» rap. Ce troisième album, qui vient de sortir, est une réussite. À découvrir pour s’échapper des nombreuses impasses musicales et culturelles.
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