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Campagnes d’arrestations, retrait de permis de travail… Les bédouins se préparent à payer pour les attaques de Dahab

Habitués des campagnes d’arrestations tous azimuts après chaque attentat sanglant dans le Sinaï, les bédouins de la péninsule craignent de payer une nouvelle fois pour les attaques de Dahab. Déjà, la majorité des trente Égyptiens arrêtés dans le cadre de l’enquête depuis les attentats de lundi sont des bédouins du nord du Sinaï, selon des sources de sécurité. « S’ils (les services de sécurité) ne trouvent personne, ils viendront nous voir et diront : “Soit vous dénoncez quelqu’un, soit nous choisissons” », affirme Tarek Saleh, qui tient une boutique à Dahab. La tribu Mzeina de M. Saleh est propriétaire de la terre à Dahab, dans le sud-est de la péninsule. Abrités dans des villages de cabanes en terre, situés aux pieds des montagnes roses surplombant la station balnéaire, les hommes de la tribu attendent le lancement de la campagne des forces de sécurité. Les attentats de Dahab, qui ont fait 18 morts dont des étrangers, étaient les troisièmes à toucher le Sinaï en 18 mois. Après les attaques de Taba (34 morts en octobre 2004) et Charm el-Cheikh (près de 70 morts en juillet 2005), les forces de l’ordre avaient lancé des raids dans la péninsule, arrêtant des milliers de bédouins, avant de les relâcher. « Ces attaques étaient un message de défi au gouvernement », déclare le chef tribal Mohammad Mzeina, en référence au fait qu’elles aient été perpétrées à la veille de l’anniversaire du retrait israélien du Sinaï, en avril 1982. « Les assaillants disaient au gouvernement qu’ils ne se joindraient pas aux célébrations. C’est un message politique, pas seulement une attaque terroriste », estime-t-il. Les attaques de Taba et Charm el-Cheikh avaient aussi coïncidé avec des dates importantes de l’histoire du pays. Mais le ministre du Tourisme Mohammad Zoheir Garana s’est voulu rassurant, en affirmant que « la sécurité de tous (les) visiteurs est (la) principale préoccupation », en référence aux millions de touristes se rendant en Égypte chaque année. De nombreux analystes estiment que les attaques de Dahab sont l’œuvre d’un groupe islamiste basé dans le nord du Sinaï, qui pourrait s’inspirer de l’idéologie d’Oussama Ben Laden, le chef d’el-Qaëda. Les attaques de Taba et Charm el-Cheikh ont été imputées, elles, par la justice à un groupe islamiste jusque-là inconnu, al-Tawhid wal Jihad. Selon le journal gouvernemental al-Ahram, des tests d’ADN sont menés pour vérifier si des morceaux de corps appartiennent au titulaire d’une carte d’identité retrouvée sur les lieux de l’attentat, au nom de Eid Atta Souleiman, un bédouin du nord de la péninsule. « Les bédouins du Nord sont différents de nous, car ils sont plus proches des Israéliens et des Palestiniens. Dans le Nord, le gouvernement (égyptien) a peur des influences externes », assure Jomaa Saleh Souleimane, dans son échoppe à Dahab. « Le gouvernement devrait employer des bédouins dans la sécurité, car ils peuvent mieux contrôler la région », a-t-il ajouté. Les bédouins affirment que même s’ils échappent aux rafles de la police d’un gouvernement qui veut se montrer ferme face au terrorisme, ils devront affronter une crise sérieuse. « Nous sommes inquiets pour le tourisme », dit cheikh Mzeina, de la tribu la plus importante du Sud-Sinaï. La petite station balnéaire, une des destinations préférées des plongeurs en mer Rouge, attire chaque année entre 80 000 et 100 000 touristes, occidentaux et israéliens. Les permis de travail ont été confisqués aux membres de la tribu Mzeina après l’attentat de Charm el-Cheikh, explique cheikh Mzeina, indiquant n’avoir été autorisé à retravailler qu’en décembre. Cette mesure a obligé de nombreux bédouins à vendre leurs chameaux pour survivre et a plongé la communauté dans une grave crise financière. « Après les attaques de Charm el-Cheikh, nous avons eu de longues négociations avec le gouvernement pour récupérer nos permis de travail. Nous espérons que cela ne va pas recommencer », a affirmé Mohammad Hmeid, un organisateur de safari dans le désert, membre de la tribu Mzeina. Jailan ZAYAN (AFP)
Habitués des campagnes d’arrestations tous azimuts après chaque attentat sanglant dans le Sinaï, les bédouins de la péninsule craignent de payer une nouvelle fois pour les attaques de Dahab.
Déjà, la majorité des trente Égyptiens arrêtés dans le cadre de l’enquête depuis les attentats de lundi sont des bédouins du nord du Sinaï, selon des sources de sécurité. «...