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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Première d’« El-Bagno », sa nouvelle pièce, ce soir au théâtre Monnot Joe Kodeih: «Je traite toujours de mes obsessions…»

Après Le lit (Al-Takht), La baignoire (El-Bagno)! Décidément, Joe Kodeih aime explorer l’intimité des couples. Même s’il s’en défend. «Plus que le couple, c’est la condition de la femme qui m’intéresse», affirme ce comédien, metteur en scène et dramaturge qui offre toujours de beaux rôles aux comédiennes. On se souvient en particulier de Matar Charles de Gaulle, un one-woman-show qu’il avait écrit et mis en scène en 1999, et dans lequel avait éclaté le talent de Betty Taoutel. Ainsi que de l’interprétation de Roula Hamadé dans Al-Takht, deux ans plus tard. Il avait ensuite révélé Mirna Moukarzel dans sa mise en scène de La peau d’Élisa, une pièce de la Québécoise Carole Fréchette, avant de présenter sa première création expérimentale, The Middle Beast, au théâtre Off Broadway à New York et de s’éclipser durant les trois dernières années. «Je passais par une période assez difficile», dit-il tout simplement lorsqu’on l’interroge sur son absence de la scène théâtrale libanaise. Voyeurisme et rapports de force Le voilà qui revient donc avec El-Bagno. Un huis clos, en arabe dialectal, qui se déroule – vous l’aurez deviné! – dans une salle de bains. Une courte pièce de 55 minutes, «écrite presque d’un trait, une nuit à 4h du matin» et inspirée de sa jeunesse. «Adolescent, comme tant d’autres, j’épiais la voisine, les voisines même…», avoue-t-il dans un grand rire. El-Bagno traite de séduction et de voyeurisme donc, mais aussi «des rapports de force, dans une attitude maître-esclave très hégélienne», souligne le metteur en scène. Qui a imaginé la relation fluctuante entre une femme délaissée par son mari et son jeune admirateur. L’action balance entre drame et humour noir, et se joue autour d’une baignoire. Pourquoi une baignoire? «Parce qu’elle a une symbolique puissante. Elle est comme le ventre maternel, remplie d’eau. C’est un lieu d’apaisement, de flottement…» La pièce est interprétée par Lamia Merhi (comédienne, professeur de théâtre et actrice dans des feuilletons télévisés) et Eddy Haddad (jeune comédien, qui a joué dans Le cerf-volant de Randa Chahal Sabbagh). Pour le reste, comme d’habitude, Joe Kodeih a largement mis la main à la pâte. Outre l’écriture et la direction d’acteurs, il a aussi participé à la conception de la bande-son (des extraits de tubes des Doors), de l’éclairage (avec Hagop Dergougassian), le décor avec le designer Johnny Khoury)… Un regard social Ce qui est frappant chez cet auteur, metteur en scène de moins de quarante ans, qui a déjà à son actif une quinzaine de pièces entre œuvres personnelles et datations, c’est son naturel, sa simplicité. Chez ce professeur d’art dramatique (à l’Iesav) pas de poses affectées, de déclarations recherchées, de propos pontifiants, de triturations pseudo-intellectuelles, mais un esprit d’ouverture, de curiosité et de tolérance. Son texte, il le partage avec ses comédiens, leur donnant l’opportunité d’y apporter des suggestions, des changements en fonction de leur personnalité propre. «Dès que je donne mon texte à un acteur, il ne m’appartient plus. Et une fois qu’il est joué, il appartient au public», dit-il. Tout simplement passionné de théâtre, il aime communiquer au public, «sans jamais imposer» ses réflexions, ses idéaux, ses interrogations. «Mais aussi mes obsessions, ajoute-t-il. La mort, la vieillesse, la défense de la femme et puis la mort, encore la mort, la crainte de la mort…» Des peurs qui sous-tendent son travail sans pour autant le marquer du sceau de la morbidité. Loin s’en faut. Car pour Joe Kodeih, observateur social au regard affûté, «la constante recherche de la vérité» l’emporte sur toutes les craintes… Zéna ZALZAL * À partir de ce soir et jusqu’au 13 mai, au théâtre Monnot (du jeudi au samedi, à 20h30). Informations et réservations: 01/202422 ou 320762.
Après Le lit (Al-Takht), La baignoire (El-Bagno)!
Décidément, Joe Kodeih aime explorer l’intimité des couples. Même s’il s’en défend. «Plus que le couple, c’est la condition de la femme qui m’intéresse», affirme ce comédien, metteur en scène et dramaturge qui offre toujours de beaux rôles aux comédiennes.
On se souvient en particulier de Matar Charles de...