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MOMENTS INSOLITES - Leçon de dégustation par le meilleur sommelier du monde, invité au Liban par le Vintage Wine Cellar et Gabriel Bocti Enrico Bernardo, un « grand cru »

Le titre de meilleur sommelier du monde, qu’il a décroché en 2004 à 27 ans, après avoir été meilleur sommelier d’Europe deux ans auparavant, ne l’a pas enivré. Bien au contraire… Enrico Bernardo, également plus jeune meilleur sommelier du monde, déguste encore tous les matins la saveur de ses deux victoires et pense à l’avenir avec sérénité. Pour son premier voyage au Liban, Enrico Bernardo n’a cessé d’être étonné par le pays, la qualité des restaurants, la variété des vins, l’intelligence des gens et la beauté des femmes. Durant ce court séjour qui a pris fin ce matin, il aura tout fait : donné des cours de dégustation, visité nos meilleurs restaurants, nos plus belles caves, rencontré de jeunes sommeliers qui ont bu ses réponses comme on boit à la source. Et retrouvé des connaissances, découvertes au restaurant Le Cinq du George V de Paris, où il est chef sommelier depuis mars 2000, et qui sont devenues des amis. « Au Liban, je me suis senti chez moi », avoue-t-il, dans un français parfait. Un succès précoce C’est chez lui, en Italie, que tout a commencé. Dans cette famille nombreuse, son ancrage, son repère, son point de départ et d’arrivée, comme il aime à le répéter, et qu’il décrit comme « une famille modeste qui m’a doté d’une éducation très traditionnelle et de valeurs sûres. Et qui m’a permis d’être toujours le même, le dernier des sept enfants… ». Car il aura fallu une certaine dose de force, de détermination et un équilibre certain, pour que le jeune cuisinier qu’il était devienne vite et très jeune meilleur « élève cuisine d’Europe », meilleur sommelier de Lombardie, meilleur sommelier d’Italie, puis d’Europe, puis du monde. Sa réussite, il la doit à une préparation qui aura pris des années et des influences déterminantes. Celle de sa sœur qui possédait un restaurant sur la côte italienne et chez qui il fera ses premiers pas culinaires, celle des frères Troisgros et celle, enfin, de son professeur, son maître, Giuseppe Vaccarini, qui fut meilleur sommelier du monde en 1978. « Ma curiosité m’a amené à faire de nombreuses rencontres. Lorsque j’ai senti que j’étais un grand cuisinier, j’ai voulu me perfectionner. Vaccarini m’a appris le vin. Il m’a charmé par sa connaissance et sa façon de vivre avec le vin. Il m’a inculqué cet art qui passe par l’histoire, la culture, la psychologie et la gastronomie. » La suite sera somme toute logique, mais préparée avec soin. Bernardo fera des escales importantes dans des restaurants étoilés, à Stockholm puis en France, le pays du vin, où il réside encore. « J’ai eu, poursuit-il dans un grand sourire clair, installé au milieu des grands crus de la cave de Vintage, la grande chance d’avoir su tout de suite ce que je voulais faire. J’ai préparé les concours de meilleur sommelier d’Europe et du monde durant 10 ans. La compétition exige une préparation, comme celle d’un sportif… Les gagner dix ans avant les autres me permet d’avoir une carrière extraordinaire. Ces victoires sont des points de départ et non d’arrivée. C’est une remise en question quotidienne. On n’arrête pas d’apprendre. » Puis vint la victoire, tant attendue, mais pas encore mûrie. « J’avais prévu l’impact médiatique mais pas personnel de l’après-victoire. Les trois mois qui ont suivi le titre mondial ont été très difficiles. Du jour au lendemain, je n’avais plus d’objectifs. » Après avoir repris ses esprits et s’être calmement organisé, « j’ai centralisé mes idées et mes envies avec une, en priorité : donner ce que j’avais appris ». Il décide de « devenir créateur et entrepreneur », et écrit son premier livre, « à la main », édité chez Plon et intitulé Savoir goûter le vin. « C’est un peu mon analyse du vin et de la dégustation. Sans aucune autre référence, elle m’appartient à 100 %. » En feuilletant les pages de ce très beau livre intéressant, fourni, et sans prétention aucune, sinon celle d’être juste et sincère, un peu comme l’est son auteur, le lecteur retrouvera très vite l’esprit sain d’Enrico. Ses mots et sa façon de faire partager son expérience du vin. C’est avec cette même approche qu’il a fait une dégustation de trois vins rouges, samedi après-midi, au restaurant People, devant une audience conquise par ses descriptions imagées, par les termes « riche, charnu, puissant, fleuri, fruité, sauvage, épicé, plus féminin », lorsqu’il parle du vin comme s’il parlait – si bien – d’une femme. « Le vin est comme un maquillage, une touche suffit pour mettre en valeur la beauté de la femme. Sinon, cette dernière devient vulgaire. » Parmi les nouveaux projets de ce « technicien de la restauration », il y a celui de poursuivre sa passion de sommelier et celui d’ouvrir un restaurant à Cassis, dans le sud de la France, puis à Barcelone et à Paris. « Le premier sera une vitrine gastronomique avec un cuisinier étoilé. J’interviendrai dans le dialogue et l’approche. Le reste sera plus centralisé sur le vin, avec des ateliers de dégustation. » « La vie est trop courte… » conclut-il. Alors, buvons à la santé d’Enrico Bernardo, et comme il nous l’apprend dans son livre, avec l’œil, le nez et la bouche… Palmarès : 1993 : 1er prix – Meilleur élève cuisine d’Europe 1995 : 1er prix – Master of Port Italie 1996 : 1er prix – Meilleur sommelier de Lombardie 1997 : 1er prix – Meilleur sommelier d’Italie 2002 : 1er prix – Meilleur sommelier d’Europe 2004 : 1er prix – Meilleur sommelier du monde. Carla HENOUD

Le titre de meilleur sommelier du monde, qu’il a décroché en 2004 à 27 ans, après avoir été meilleur sommelier d’Europe deux ans auparavant, ne l’a pas enivré. Bien au contraire… Enrico Bernardo, également plus jeune meilleur sommelier du monde, déguste encore tous les matins la saveur de ses deux victoires et pense à l’avenir avec sérénité.

Pour son premier...