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Actualités - CHRONOLOGIE

SEMAINE DE LA LECTURE - « Un pays qui lit est un pays qui vit » «L’accès au savoir universel, un corollaire de la démocratie…»

« Un pays qui lit est un pays qui vit » : tel est le slogan de la Semaine de la lecture 2006, lancée hier par le ministre de la Culture, Tarek Mitri. Événement annuel instauré par le ministère de la Culture depuis quelques années, cette semaine a pour objectif, comme son nom l’évoque, d’encourager les jeunes à la lecture en leur faisant découvrir le plaisir qu’elle peut leur apporter et les sensibiliser à toute la richesse et la diversité que peuvent contenir les livres. Depuis aujourd’hui et jusqu’au 3 mai, les écoles ainsi que les associations pour la promotion du livre et des bibliothèques sont mobilisées pour l’organisation d’activités autour du livre. Aux racines de cette diversité d’initiatives, on retrouve toujours le désir d’affirmer le livre comme outil principal de diffusion des connaissances, des traditions et des cultures, afin de promouvoir le dialogue et la transmission de savoirs. Un livre qui connaît une situation pour le moins difficile côté ventes, mais qui, paraît-il et d’après les échos recueillis auprès des bibliothèques publiques, suscite un engouement sans pareil de la part des bibliophiles en herbe. Lire pour partager, se distraire, s’amuser, se libérer, se faire peur, se rencontrer, agir, s’informer, comprendre, communiquer, écrire, découvrir, s’endormir… Nul n’ignore à quel point la lecture est à la base de toutes les études et de toutes les réussites. Elle mérite bien qu’on lui consacre une petite semaine. Et qu’on se penche sur la situation de la lecture publique, puisqu’il s’agit là de rendre le livre accessible à tous sans discrimination aucune. Les problèmes existent. Bien sûr. Mais la situation n’est pas désespérée. Loin s’en faut. Le ministère de la Culture déploie en effet de nombreux efforts pour remédier aux maux du livre. Il s’associe à la société civile, crée des comités de spécialistes, signe des conventions d’aide avec des gouvernements étrangers et effectue des études qui englobent toute la chaîne du livre. La politique de soutien du ministère à la production et la publication des livres vise ainsi à développer le goût de la lecture, à encourager la production originale des œuvres et la publication ; à renforcer l’édition au Liban, à aider les maisons d’édition en difficulté. Pour l’achat des livres, par exemple, le ministère acquiert des livres visant un large public pour les distribuer dans les 50 bibliothèques partenaires du ministère, en donnant la priorité aux auteurs et aux éditeurs libanais. Maux et problèmes Les problèmes de la culture au Liban sont liés à ceux du développement et à la crise économique. Il s’agit là d’une évidence. Quand on aborde l’univers du livre, comme moyen de communication et de diffusion le plus ancien, on s’aperçoit qu’il n’a pas seulement un impact spirituel, éducatif et culturel, mais qu’il comporte aussi de légitimes intérêts industriels et économiques propres au secteur de l’édition. L’association de ces deux facteurs – impact culturel et intérêt économique – crée un système complexe de paramètres qui peuvent paraître incompatibles. Développer le monde de l’édition et de la lecture requiert une compréhension des relations internes existant entre les différents éléments composant la chaîne du livre : la création littéraire, la fonction de l’éditeur, l’impression, la distribution et la lecture. C’est en axant son action sur cette chaîne que la Maison du livre a établi son programme. Un programme qui vise à soutenir l’action nationale et régionale de l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre. Elle est basée sur une stratégie de participation et de partenariat avec tous les professionnels, les décideurs et les bénéficiaires impliqués. Une association à but non lucratif, la Maison du livre, qui réalise ses activités grâce au soutien de ses partenaires et des amis du livre, « se propose d’être un relais international d’informations sur les publications francophones et une vitrine permanente de nouveautés», un lieu de rencontres et d’échanges autour du livre, une plate-forme de promotion de la production locale et internationale francophone, au Liban et ailleurs». «La Maison du livre propose une formation sur deux fronts», indique Michel Choueiri, cofondateur avec Nadim Tarazi de cette institution qui s’affirme sur la scène publique avec de plus en plus de force. «Une formation en cours d’emploi et une autre académique. La première s’adresse aux professionnels en exercice et permet de consolider, théoriquement et pratiquement, l’expérience acquise sur le terrain. La formation académique, assurée en collaboration avec l’Université Saint-Joseph, est couronnée par un diplôme universitaire (DU). Dans ce projet, les partenaires de cette association sont : l’Agence intergouvernementale de la francophonie, France-édition, la Mission culturelle française et l’USJ». La Maison du livre a également étendu ses activités à la profession de bibliothécaire. Coordination Depuis plusieurs années, le Liban connaît un développement certain de son offre de lecture publique grâce au dynamisme de nombreuses municipalités et associations ainsi qu’aux actions entreprises par le ministère de la Culture pour soutenir ces initiatives et les fédérer sur le plan national. Le ministère, qui veille à consolider le partenariat avec les bibliothèques, les Clacs et les librairies, «veut cerner les priorités et élaborer les stratégies d’une politique de promotion du livre», indique Imad Hachem, responsable des programmes de lecture publique au sein du ministère. Il indique que plusieurs études sur le terrain ainsi que de nombreux ateliers sur les raisons du manque de lecture nous ont permis de faire un diagnostic sur la situation du livre. «L’aide à la publication, le support aux librairies et bibliothèques, la garantie des droits d’auteur, la lutte contre le piratage sont autant de thèmes qui seront pris en charge par un comité qui vient de naître et qui est présidé par le conseiller au PNUD, Salim Nasr.» Imad Hachem indique par ailleurs qu’une convention pour la promotion de la lecture va être signée avec la France, dans le cadre du Fonds de solidarité prioritaire. Elle vise à renforcer l’action des bibliothèques publiques présentes et à en créer de nouvelles ; à aider la publication et la diffusion du livre arabe, à soutenir les publications de jeunesse, à former des professionnels du livre… Bref, à poursuivre cette politique de soutien au livre qui donne déjà des fruits bien mûrs. Les Clacs: un succès inespéré L’idée des bibliothèques publiques a refait surface après la fin de la guerre, en 1990. En 2001, le ministère de la Culture a lancé un des plus grands projets qu’ait connu le Liban dans le domaine de la lecture publique en créant 14 centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) en partenariat avec l’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF) et les autorités locales. Le ministère profitant de la réussite incontestable du réseau Clac a poursuivi le développement de ces centres par la construction de deux bibliothèques à Nabi Osman à la Békaa-Nord et à Moukthara au Mont-Liban en 2004 et 2005 . Il y a actuellement deux projets à Bar Élias et Kaa. «Pour développer la lecture publique à travers le pays, le ministère de la Culture a favorisé dès 2003 la création de nouvelles bibliothèques publiques ou le renforcement des bibliothèques existantes en partenariat avec des municipalités, des associations et certains partenaires extérieurs», note M. Hachem. Le ministère s’est engagé à développer ces bibliothèques sur plusieurs axes : livres, formation, activités, expertise. Toute bibliothèque voulant faire partie du réseau doit se conformer à un minimum de conditions. «En 2003, 22 nouvelles conventions étaient signées avec les autorités municipales et associatives créant ainsi le réseau des bibliothèques publiques partenaires». Ces efforts conjugués ont permis de médiatiser le rôle et l’importance d’une bibliothèque dans une ville. «Plusieurs mairies et associations ont fait part de leur envie de créer ou d’agrandir leur bibliothèque. En novembre 2005, le ministère a signé 10 nouvelles conventions.» L’action de la société civile Parallèlement à l’action du ministère, la société civile s’est mobilisée : des associations, des municipalités, des groupes culturels et des individus ont permis, et d’une façon remarquable, de développer la lecture et les bibliothèques publiques au Liban. Le réseau le plus important est celui de l’association Assabil, qui a été fondée en 1997 dans le but de créer des bibliothèques publiques gratuites. Ce réseau de bibliothèques publiques acquiert peu à peu une structure « centralisatrice » d’entraide et d’échange. Assabil a créé en 2000 la première bibliothèque publique à Beyrouth et en 2004 la seconde en coopération avec la municipalité de Beyrouth et le conseil régional Île-de-France. Formée principalement de bibliothécaires, pédagogues et enseignants, l’association axe son action sur la mise en place de bibliothèques, mais aussi la formation de bibliothécaires capables de dynamiser ces espaces, d’aller vers le grand public, d’organiser autour des livres des animations adressées aux enfants et aux adolescents, de créer des relations de collaboration étroite avec les écoles du voisinage. Assabil part du principe que les bibliothèques publiques sont un service qui doit être assuré à tous sans distinction. «L’accès au savoir universel, la transmission de la mémoire et la conservation du patrimoine documentaire sont des corollaires de la démocratie», note la présidente, Nawal Traboulsi. Et ce, pour que le goût de lire ne se perde pas chez les jeunes, pour que le droit à l’information devienne une réalité au pays de l’alphabet, pour que les citoyens de demain ne grandissent pas dans des établissements scolaires privés de livres, pour que s’établissent dans les quartiers de la ville des lieux de convivialité à la fois sociale et culturelle, et enfin pour que la capitale se dote de bibliothèques publiques, gratuites et laïques. Afin de développer la lecture publique, Assabil a réussi à former un réseau, en collaboration étroite avec 24 autres bibliothèques disséminées dans des régions souvent défavorisées. Deux grandes lignes directrices structurent son action. D’une part, organiser régulièrement des formations techniques et documentaires aux futurs bibliothécaires (indexation, classement, animation autour d’un livre...), faisant souvent appel à des intervenants étrangers. D’autre part, assurer la distribution des livres. Par ailleurs et pour rendre accessible cet outil de connaissance et d’échange qu’est le livre, plusieurs pays ont mis en place des centres culturels et des bibliothèques de lecture publique: la France, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et la Russie. Cette semaine, il sera donc l’heure de clamer notre amour de la lecture, puisque, selon Marcel Proust, «il semble que le goût des livres croisse avec l’intelligence» – il serait dommage de s’en passer... Programme De nombreuses activités sont prévues pour célébrer la Semaine de la lecture. Placées sous l’égide du ministère de la Culture, elles sont organisées en collaboration avec les centres de lecture et d’animations culturelles, les bibliothèques publiques, ainsi que les associations : Assabil, la Maison du livre, LBBY (Association des livres de jeunesse), ABL (Association des bibliothèques libanaises), Iqra’ et les Centres culturels français, le Goethe Institut et les éditeurs Assala, Tala, Dar el-Hadaek, le syndicat des libraires, librairie el-Bourj et un grand nombre d’auteurs et illustrateurs. Le programme détaillé, qui comprend des rencontres avec des auteurs, des contes, des conférences, des expositions, des foires du livre, des compétitions de lecture, etc., est disponible sur le site: http://www.culture.gov.lb. Les droits du lecteur, selon Pennac En 1992, Daniel Pennac, dans son essai Comme un roman (Gallimard, collection Folio), a proposé ses dix commandements du lecteur, ses « droits imprescriptibles » ou comment ne pas dégoûter un enfant de la lecture avant même d’en avoir pressenti les joies et les plaisirs : 1. Le droit de ne pas lire. 2. Le droit de sauter des pages. 3. Le droit de ne pas finir un livre. 4. Le droit de relire. 5. Le droit de lire n’importe quoi. 6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible). 7. Le droit de lire n’importe où. 8. Le droit de grappiller. 9. Le droit de lire à haute voix. 10. Le droit de nous taire. Pour Pennac, la lecture est et doit avant tout rester « un acte de liberté ». Acte donc. Maya GHANDOUR HERT

« Un pays qui lit est un pays qui vit » : tel est le slogan de la Semaine de la lecture 2006, lancée hier par le ministre de la Culture, Tarek Mitri. Événement annuel instauré par le ministère de la Culture depuis quelques années, cette semaine a pour objectif, comme son nom l’évoque, d’encourager les jeunes à la lecture en leur faisant découvrir le plaisir qu’elle...