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Actualités - CHRONOLOGIE

SEPTIÈME ART - Les cinéastes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige présentent leur nouveau long-métrage « A Perfect Day », une réflexion envoûtante sur la mémoire, le passé et le présent

Suite à une projection qui s’est déroulée au cinéma Six Sofil, les réalisateurs Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, entourés de leurs acteurs, sont venus présenter à la presse leur nouveau long-métrage, A Perfect Day (Yawmon Akhar), dont la sortie libanaise est prévue pour le 11 mai. Rappelons que les cinéastes avaient réalisé en 1999 Al-Bayt el-Zaher (Autour de la maison rose), un an plus tard le documentaire Kiham, en 2000 l’essai documentaire El-film el-Mafkoud (Le film perdu) et en 2005 Ramad (Cendres). Par ailleurs, ils sont les auteurs de plusieurs installations (exposées aussi bien en galerie que dans des institutions) et de diverses publications, dont le livre Beyrouth : fictions urbaines. A Perfect Day, leur second long-métrage de fiction, partage l’objectif propre à chacune de leur œuvre, à savoir se distinguer à travers un langage très personnel et provoquer une réflexion. Le film nous embarque dans le Beyrouth d’aujourd’hui et suit 24 heures de la vie de Malek (Ziad Saad). Une journée particulière, puisqu’il est enfin parvenu à convaincre sa mère (Julia Kassar) de déclarer la mort d’un père disparu 15 ans plus tôt. Le thème de « ces corps absents » est en partie né de l’expérience vécue par Khalil Joreige. Le 18 août 1985, durant la guerre civile libanaise, l’oncle de Khalil disparaît. Kidnappé, il est toujours porté disparu aujourd’hui sans aucune certitude quant à son sort. Il fait partie de ces 17 000 personnes qui se sont mystérieusement volatilisées durant cette période. Selon la loi, il revient aux familles de prendre la responsabilité de déclarer le disparu mort. Le titre A Perfect Day donne déjà plusieurs indices importants sur la direction que va prendre le film. Si les cinéastes se sont inspirés de la chanson éponyme de Lou Reed, « une chanson qui reflète très justement l’atmosphère du film car elle dégage aussi bien la tristesse que l’espoir », l’unité de temps est également très claire : une journée. Le titre fait ainsi clairement référence à la notion de rythme (ici le rythme de chacun pour faire son deuil) et de temps : « Il nous paraissait intéressant d’insister sur le rythme de chaque personnage, sa relation avec le passé, sa façon de voir et de gérer le présent. » De plus, le titre arabe (Yawmon Akhar) comporte des nuances et peut être lu « un nouveau jour » ou « un autre jour ». « Tout le film est volontairement construit sur l’idée de l’ambiguïté. Nous voulions laisser à chacun le choix de lire les choses à sa manière, selon sa propre sensibilité et de tirer ainsi ses conclusions personnelles. » Et la quasi-absence de dialogues laisse effectivement au spectateur l’occasion de plonger dans une réflexion intense sur des idées, des thèmes et des choix artistiques à la fois intéressants et subtils. En plus d’être un appel ou un rappel à nos sens (le toucher, l’ouie et la vue), A Perfect Day soulève des questions pour le moins interpellantes : que faire de la mémoire ? Que faire des disparus ? Comment gérer le présent quand notre passé est aussi complexe que singulier ? Dans la vie comme dans le film, chacun lutte à sa manière. Cette observation d’une nation déchirée entre le souci de préserver la mémoire et la tendance à la rejeter est brillamment incarnée par les acteurs du film. Les prestations de Julia Kassar et Ziad Saad (qui débute au cinéma) font honneur à une œuvre aussi dense dans la forme que dans le fond. Elles font honneur à une œuvre intelligente, sensuelle, esthétique et artistique. Présenté dans près de 40 festivals, le film a notamment reçu le prix de la critique et le prix Don Quijote, à Locarno ; le prix du meilleur acteur et la mention spéciale du jury à Namur ; la Montgolfière d’argent, le prix du meilleur acteur et le prix de la meilleure musique au Festival de Nantes des 3 Continents et le prix spécial du jury au Festival de Belfort. Fiche technique Réalisation et scénario : Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Distribution : Ziad Saad, Julia Kassar, Alexandra Kahwagi. Production : Anne-Cécile Berthomeau et Édouard Mauriat (Mille et Une Productions). Directeur de production : Farès Ladjimi. Coproduction : Georges Schoucair (Abbout Produtions, Liban), Thanassis Karathanos (Twenty Twenty Vision, Allemagne). Montage : Tina Baz- Le Gal. Image : Jeanne Lapoirie. Son : Guillaume le Braz, Sylvain Malbrant, Olivier Goinard. Musique : Scrambled Egs, Soap Kills. Décors et costumes : Sophie Khayat. Dyma DEMIRDJIAN

Suite à une projection qui s’est déroulée au cinéma Six Sofil, les réalisateurs Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, entourés de leurs acteurs, sont venus présenter à la presse leur nouveau long-métrage, A Perfect Day (Yawmon Akhar), dont la sortie libanaise est prévue pour le 11 mai.
Rappelons que les cinéastes avaient réalisé en 1999 Al-Bayt el-Zaher (Autour de la maison...