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Actualités - CHRONOLOGIE

PÉTROLE - Le baril de Brent franchit les 70 dollars pour la première fois La fièvre chronique du brut menace la stabilité économique mondiale

Le prix du baril de pétrole Brent a franchi les 70 dollars pour la première fois hier à Londres, sur fond de tensions persistantes entre l’Iran et la communauté internationale. Cette poussée survient sur un marché toujours inquiet des tensions persistantes entre l’Iran et la communauté internationale à propos du programme nucléaire de la République islamique, qui a fait savoir hier qu’elle refusait de suspendre son enrichissement d’uranium. Les pays occidentaux ont su jusqu’ici préserver leurs économies d’une récession, en dépit du triplement des cours du pétrole, mais la flambée a aussi pour effet d’alourdir des déséquilibres déjà béants entre grandes zones, exacerbant les risques de crise obligataire ou monétaire. Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) s’apprête à mettre la planète en garde à ce sujet lors de la publication de son traditionnel rapport sur les perspectives économiques mondiales, lors de son assemblée de printemps des 22-23 avril. « Les déséquilibres économiques dans le monde vont probablement rester élevés durant davantage de temps » que si le pétrole était meilleur marché, ce qui « augmente le risque d’un ajustement brusque et désordonné », écrit-il dans ce rapport, dont des extraits ont récemment transpiré dans la presse espagnole. De la part du FMI, un tel avertissement n’est certes pas entièrement inédit, mais les économistes font valoir que le contexte de cherté du pétrole, dont rien ne laisse à penser qu’il pourrait se dissiper avant longtemps au vu des graves tensions politiques entre l’Iran et l’Occident, rend la situation périlleuse à plusieurs égards. « La probabilité qu’on ait un krach obligataire a considérablement augmenté ces derniers mois et il y a conjointement un risque de glissade du dollar », résume Véronique Riches-Florès, chef économiste de la Société Générale. La persistance de la remontée des prix du pétrole constitue « un risque majeur sur les marchés obligataires et donc par voie de conséquence un risque majeur pour l’économie mondiale », explique-t-elle. Par ailleurs, les États-Unis demeurent tributaires de l’exceptionnelle concentration de liquidités actuellement aux mains des banques centrales asiatiques et des pays producteurs de pétrole pour financer leur déficit des comptes courants. Sans eux, le dollar perd un appui crucial et risque la dégringolade. Le déficit a atteint l’an dernier le niveau record de 804,9 milliards de dollars, soit 6,4 % du produit intérieur brut (PIB) américain. Le prix élevé de l’énergie est à l’origine de la moitié de sa détérioration entre 2002 et 2005, estime le FMI. « Ce qui est redouté, c’est un enchaînement à partir des créanciers étrangers extérieurs aux États-Unis, en particulier les banques centrales », qui dégénérerait en crise de confiance, note Antoine Brunet, chef stratégiste de HSBC CCF. Un tel scénario n’est pas impensable. Il en veut d’ailleurs pour preuve la récente envolée de la valeur refuge par excellence, l’or : « C’est un signe d’inquiétude à la fois sur l’inflation et sur les déficits extérieurs américains », souligne-t-il. Autre symptôme, selon lui, la « surréaction » de la Réserve fédérale américaine aux risques d’inflation. La banque centrale américaine vient de relever ses taux directeurs à 15 reprises et pourrait continuer sur sa lancée encore un certain temps, là encore pour ne pas « exposer le marché à deux risques en même temps, commerce extérieur et inflation ». « Tout cela n’est clairement pas seulement une histoire de pétrole mais il est évident que, dans ce contexte-là, la variable pétrolière constitue un risque bien plus élevé que tout ce qu’on a eu ces dernières années », explique Mme Riches-Florès. Et il paraît bien « difficile » à l’heure actuelle d’imaginer une sortie sans heurts, juge-t-elle.

Le prix du baril de pétrole Brent a franchi les 70 dollars pour la première fois hier à Londres, sur fond de tensions persistantes entre l’Iran et la communauté internationale.
Cette poussée survient sur un marché toujours inquiet des tensions persistantes entre l’Iran et la communauté internationale à propos du programme nucléaire de la République islamique, qui a...