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« Condy », une infatigable globe-trotter dont la mission est ardue

Elle s’est heurtée aux Russes et aux Chinois à Berlin, a dû se frayer un chemin parmi les manifestants en Angleterre, a dormi par terre dans son avion en route pour l’Irak. Quatorze mois après être devenue secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice a encore fait la preuve ces derniers jours qu’elle était infatigable, mais plus elle voyage, plus sa tâche semble ardue. En un seul jour, lors de sa dernière tournée, Mme Rice a visité trois pays, l’Allemagne, la France et l’Angleterre. Puis elle s’est rendue de manière inopinée à Bagdad, accompagnée de son homologue britannique Jack Straw, pour tenter de sortir de l’impasse les discussions sur la formation d’un gouvernement. Mais en dépit de cette énergie, ses résultats apparaissent mitigés. À Berlin le 30 mars, « Condy » espérait une démonstration d’unité des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine) et de l’Allemagne dans le dossier du nucléaire iranien. Mais la Chine et la Russie ont ruiné ses espoirs d’un début de discussions sur d’éventuelles sanctions, soulignant l’importance de continuer le dialogue avec Téhéran. Une invitation à découvrir le nord-ouest de l’Angleterre par son homologue Jack Straw, qui aurait dû être un moment de détente, a ensuite tourné au cauchemar médiatique. Mme Rice y a été suivie en permanence par des manifestants contre la guerre en Irak, peu nombreux mais bruyants. La visite d’une mosquée a ainsi été annulée pour raisons de sécurité et un concert a viré à la déclaration politique contre la guerre en Irak. La presse britannique ne s’est pas montrée tendre, tant sur la politique de Mme Rice que sur ses choix vestimentaires. Sa visite en Irak dimanche et lundi avec M. Straw était imprévue. À Bagdad, Mme Rice a souligné la nécessité de « hâter la formation » du gouvernement, dans l’impasse depuis plus de trois mois. Mais d’intenses discussions avec chiites, sunnites et Kurdes n’ont débouché sur aucune annonce concrète. Mme Rice et M. Straw n’ont pu qu’exprimer le vague espoir que leur message avait été entendu. À défaut de progrès spectaculaires, Mme Rice pourrait rapidement devenir la secrétaire d’État la plus « globe-trotter » de l’histoire de la diplomatie américaine. Les observateurs soulignent également son style chaleureux, affable, qui surpasse, disent-ils, celui de son prédécesseur Colin Powell. Et ils saluent en Mme Rice quelqu’un qui ose prendre des risques. Mi-novembre, elle avait ainsi fait un pari risqué, bousculant ses plans pour négocier pied à pied et obtenir un accord sur l’ouverture des frontières de la bande de Gaza. De la même façon, son voyage à Bagdad pour hâter la formation d’un gouvernement a également été vu comme un « pari » et une « mainmise » sur ce dossier crucial pour l’Administration américaine. Et deux anecdotes sont venues ces derniers jours témoigner de sa personnalité. Lorsqu’elle s’est rendue à Bagdad avec M. Straw, elle lui a proposé son lit à bord de son Boeing 757, ce qu’il a accepté. Mme Rice, a rapporté son entourage, est allée dormir dans le couloir. Et même si elle entretient d’excellents rapports avec son homologue britannique, elle n’a pas hésité lundi à l’embarrasser gentiment en public, provoquant les rires des journalistes. M. Straw, plaidant pour la formation rapide d’un gouvernement en Irak, avait affirmé : « Nous allons accepter quiconque sera choisi démocratiquement comme Premier ministre, président ou vice-président (...) que ce soit monsieur A, monsieur B ou monsieur C. » « Jack, nous pouvons aussi nous accommoder de Mme A, B ou C », a rétorqué Mme Rice d’un ton amusé.
Elle s’est heurtée aux Russes et aux Chinois à Berlin, a dû se frayer un chemin parmi les manifestants en Angleterre, a dormi par terre dans son avion en route pour l’Irak. Quatorze mois après être devenue secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice a encore fait la preuve ces derniers jours qu’elle était infatigable, mais plus elle voyage, plus sa tâche semble...