Plusieurs dizaines de milliers ont défilé pour marquer le 30e anniversaire de la mort de six des leurs Les Arabes d’Israël marquent la Journée de la terre

Plusieurs dizaines de milliers d’Arabes israéliens ont défilé hier pour marquer le 30e anniversaire de la mort de six des leurs en manifestant contre la confiscation de leurs terres par Israël. La commémoration de la Journée de la terre survient cette année deux jours après les législatives en Israël. Ce scrutin a donné lieu à une percée d’un parti d’extrême droite, Israël Beitenou, qui prône le transfert de localités arabes au contrôle des Palestiniens et présente les Arabes comme une menace démographique et sécuritaire pour l’État juif. Le rassemblement principal a eu lieu dans la ville de Lod, non loin de Tel-Aviv, où des dizaines de milliers de manifestants ont été acheminés par autocars des différentes localités arabes en Israël. Les manifestants brandissaient des drapeaux palestiniens et des bannières vertes, couleurs du mouvement islamique, ainsi que des étendards rouges, emblème du Parti communiste, dont trois candidats, deux Arabes et un juif, ont été élus au Parlement lors du scrutin de mardi. « Terrorism made in Israel » et « Cette terre est la nôtre », pouvait-on lire sur des pancartes. Lod, aujourd’hui à majorité juive, avait été en 1948 le théâtre de l’opération baptisée Plan Daleth, commandée par le futur ministre israélien de la Défense Moshe Dayan et au cours de laquelle 80 civils palestiniens avaient été tués. La majorité des habitants de la ville avait par la suite pris le chemin de l’exode. Le choix s’est porté sur Lod cette année « pour dénoncer la politique discriminatoire appliquée contre les citoyens arabes et la destruction des maisons », selon les organisateurs. D’après le Comité local de Lod et Ramla, quelque 3 500 maisons ont été construites illégalement dans les deux localités faute de permis israéliens, dont 800 sont sous le coup d’ordres de démolition. Dix maisons ont été rasées ces trois derniers mois. Outre le rassemblement à Lod, des défilés ont eu lieu dans les villages arabes israéliens de Kfar Kanna et d’Arraba en Galilée ainsi que dans la ville de Sakhnine. La minorité arabe d’Israël, forte de 1,2 million d’âmes, commémore chaque année la mort de six Arabes israéliens tués par les forces de l’ordre le 30 mars 1976, lors de violentes manifestations contre des confiscations de terres. Descendants de 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’État juif en 1948, les Arabes israéliens ont le droit de vote comme tous les autres citoyens israéliens et disposent d’une dizaine de députés sur un total de 120. Leur niveau de vie est dix fois supérieur à celui des Palestiniens, mais ils se plaignent d’être les laissés-pour-compte de la démocratie israélienne. Les localités arabes reçoivent ainsi beaucoup moins de fonds publics pour leur développement que les localités juives, et les permis de construire sont délivrés au compte-gouttes.