Courrier Malheur à un peuple libre incapable de sortir de l’inertie politique…

À tous les jeunes Libanais et Libanaises… Soyons libres !!! Après quinze années d’occupation syrienne, le Liban a enfin récupéré son indépendance. Notre pays est libre… Quant à nous, sommes-nous vraiment libres? Nos esprits le sont-ils vraiment? Il est primordial, mais insuffisant, d’être contre le régime du Baas et contre l’intervention syrienne dans les affaires libanaises pour gouverner à l’ombre de l’indépendance, de la souveraineté et de la liberté. Un livre dont les pages sont vides, une montre sans aiguilles, une bicyclette sans roues, une guitare sans cordes… ne peuvent servir à rien… De même, un parti politique sans idéologie et sans programme ne peut pas prétendre à la réussite! Le Liban ne peut pas continuer à être géré suivant une logique qui partage les forces nationales en deux groupes selon leurs positions envers le régime de M. Assad… Chers députés et ministres, Si on vous demande quel est le rôle de la voiture, vous ne pouvez pas répondre qu’elle est incapable de nous faire voler. Si on vous demande à quoi sert la radio, vous ne pouvez pas répondre qu’elle n’affiche pas des images! Et donc si on vous demande en base de quelle politique gérez-vous les affaires au Liban, vous ne pouvez pas vous contenter de répondre que vous êtes «antibaassistes» et que vous voudriez connaître la vérité concernant les assassinats de nos héros… La plupart des Libanais sont contre Bachar el- Assad et revendiquent la vérité. C’est d’ailleurs pour cette raison que vous formez la majorité au Parlement et donc à l’Exécutif! Mais notre pays ne sortira jamais de ses crises si vous ne travaillez que pour ces deux affaires. Ça y est… Concernant la non-intervention syrienne et la vérité, vous êtes unis… Mais en ce qui concerne les politiques économique, budgétaire, financière, sociale, éducative, culturelle, etc., quels sont vos programmes? Les Syriens ont enfin été «rapatriés», la vérité apparaîtra très prochainement… Mais ensuite, comment envisagez-vous la poursuite du chemin? Chers députés et ministres, on ne peut pas rester plongé trop longtemps dans les émotions… Et comme le dit Paolo Coelho: «Ce qui noie, ce n’est pas le plongeon, mais le fait de rester sous l’eau.» La terminologie de «al-bayt as-siyassi» («la maison politique») n’existe qu’au Liban ! Chez nous, quelle catastrophe si un «bayt siyassi» ferme ses portes! Mais qu’il les ferme!!! Cela n’est-il pas préférable que de les ouvrir à l’ignorance politique?! Nous ne sommes pas contre l’héritage politique dans absolu; nous demandons juste que la probabilité d’être ancré dans la politique varie en fonction des qualifications individuelles requises pour occuper un poste déterminé. Autrement dit, si une personne arrive à acquérir des qualités politiques plus que d’autres en raison du fait que le statut de son père l’y a aidé, il n’y a alors aucun problème que cette personne en question se lance dans le monde de la politique… Mais que quelqu’un qui n’a aucune expérience ni connaissance dans le domaine occupe une fonction politique quelconque uniquement pour succéder à son père, cela est rejeté non pas par nous, jeunes – seule force de changement véritable –, mais par la démocratie et la liberté. Chers amis, Chacun d’entre nous risque de tomber dans l’erreur ; seul Dieu est infaillible ! Soyons objectifs ! Attachons-nous à des principes et non pas à des personnes. Veillons à préserver notre capacité de réflexion, d’analyse et de jugement. Que notre vision du futur nous mène à choisir à quel parti politique adhérer au lieu de rester attachés au passé! Et si nos idéologies ne ressemblent à celles d’aucun des partis existants, constituons nous-mêmes de nouveaux mouvements, de nouveaux courants, de nouveaux partis politiques. C’est cela le vrai changement… C’est cela la vraie liberté… Pitié pour un peuple opprimé incapable d’accéder au changement! Mais malheur à un peuple libre incapable de sortir de l’inertie politique! Saria NOUN Faculté des sciences économiques – USJ