NOUVEAUTÉS Triple CD de contes des « Mille et Une Nuits » Jihad Darwiche, digne héritier de Shéhérazade

Il raconte des histoires à nous garder éveillés jusqu’au petit matin. Jihad Darwiche, conteur émérite, connu du public par ses flamboyantes prestations au cours du Festival du conte du théâtre Monnot, raconte «Les Mille et Une Nuits, dans les pas de Shéhérazade», dans un triple CD, aux éditions Oui dire. Un voyage où tous les ingrédients des contes magiques de l’Orient sont réunis: tapis volants, génies, marchands d’étoffes, vizirs et autres princesses convoitées. Suspense à la clé. Jihad Darwiche est né en 1951 à Marwaniyé, un petit village du Liban-Sud. Son enfance a été bercée par les contes, la poésie et les récits traditionnels que lui racontait sa mère. En 1961, il habite la vieille ville de Saïda, où la tradition du conte est encore vivace. Dans les ruelles étroites, les voisins passent leurs matinées à discuter d’une fenêtre à l’autre et à se raconter les rêves de la nuit (de vrais contes de fées) en buvant le café à la cardamome... Après avoir étudié successivement à Beyrouth puis à Montpellier, Jihad devient journaliste, métier qu’il exercera de 1975 à 1983. Cette année-là, il repart pour la France où il est d’abord professeur d’arabe avant de devenir conteur en 1984. Depuis, il anime des veillées de contes où s’entremêlent le merveilleux des Milles et Une Nuits, la sagesse et le sourire. Il intervient également dans les bibliothèques, écoles, ou prisons. Autant de lieux où il anime des ateliers d’écriture, de création ainsi que des stages de formation à l’art du conte. Darwiche a également publié plusieurs livres de contes et deux CD. «Depuis de nombreuses années, je marche dans les pas de Shéhérazade, souligne le conteur. Pour cet enregistrement, j’ai suivi la tradition orale et j’ai souhaité faire place aux multiples ajouts que l’oralité a apportés à ces contes. Alternant contes courts et contes à tiroirs parfois extrêmement enchevêtrés, les Mille et Une Nuits sollicitent l’attention. Mais cela fait partie de la tactique imaginée par Shéhérazade. J’espère que vous aurez la patience de les écouter et de faire ainsi un beau voyage…» Kesaco alors? «C’est l’histoire d’une femme (Shéhérazade) qui raconte des contes à un roi devenu fou: des histoires de caravanes perdues dans le désert, d’un oiseau qui échange sa vie contre une belle parole; des contes merveilleux qui nous emportent dans un pays où l’on n’a pas besoin d’argent pour acheter, ou dans une ville où la fille d’un cordonnier refuse de se marier avec un roi qui n’a pas de métier…» Shahrayar, le roi de Perse, découvre un jour que sa femme le trompe. Fou de rage, il lui tranche la gorge. Il décide alors d’épouser chaque soir une nouvelle jeune fille, mais la tue au lever du jour pour être sûr de ne plus être trahi. Malgré la folie du roi, Shéhérazade décide d’épouser le souverain. Dès le premier soir, elle lui raconte une histoire qu’elle interrompt le matin. Pendant mille et une nuits, la belle va raconter pour ne pas mourir et sauver ainsi le royaume de la folie d’un homme. «En Orient, on dit qu’un royaume dans un conte représente l’humanité entière. C’est pour cela que Shéhérazade a sauvé l’humanité tout entière d’un roi devenu complètement fou.» Les récits de Darwiche sont rythmés par la musique d’Abaji, un multi-instrumentiste talentueux. Ce Libanais a quitté son pays natal en 1976 pour s’installer à Paris. Chanteur, auteur, compositeur, mélodiste, il fait aujourd’hui escale sur l’album des Mille et Une Nuits. Il possède à son actif quatre albums: Paris Beyrouth, Bedouin Blues, Oriental Voyage et Nomad Spirit. Digne héritier de Shéhérazade, Jihad Darwiche est ce conteur fascinant qui dompte à la fois les mots, les couleurs et les esprits. Maya GHANDOUR HERT