Rechercher
Rechercher

Actualités

CINÉMA – Un drame satirique de la réalisatrice Nia Dinata « Partage ton mari », un film qui lance le débat sur la polygamie en Indonésie

Partage ton mari, un film sur la polygamie sorti en Indonésie, alimente un débat inhabituel sur ce sujet largement tabou dans le plus grand pays musulman du monde. Le long-métrage au titre légèrement provocateur est une coproduction franco-indonésienne présentant trois hommes de milieux sociaux très différents, qui choisissent de prendre une deuxième, une troisième, voire une quatrième femme. « C’est un drame satirique, explique à l’AFP la réalisatrice, Nia Dinata. Je montre à ma façon que ces femmes ne sont pas heureuses. Mon film est sur le choix. » Partage ton mari, qui a subi une triple amputation par la commission de censure, veille toutefois à ne pas condamner frontalement la polygamie, une coutume répandue en Indonésie même si les statistiques sur le sujet font défaut. « Je veux que mon public réfléchisse », affirme Nia Dinata. Selon elle, 10 % des familles indonésiennes sont confrontées de près ou de loin à cette pratique autorisée par la loi. Près de 90 % des 220 millions d’habitants de l’archipel se réclament de l’islam, mais, rappelle la réalisatrice, la polygamie puise ses racines pas seulement dans cette religion. « Bien avant l’arrivée des (colons) hollandais, nous avions des empires bouddhistes ou hindouistes où les hommes avaient des concubines. C’est inscrit dans notre histoire. » Elle ajoute que la polygamie était vivace dans les sultanats de Yogyakarta et de Solo. L’ex-dictateur Suharto, sous la pression de sa femme Siti Hartinah, avait adopté dans les années 1970 une loi interdisant à un fonctionnaire de convoler une deuxième fois sans le consentement de sa première épouse et de son supérieur hiérarchique. Le texte est toujours en vigueur. Plus tard l’ancien vice-président Hamzah Haz, un musulman traditionaliste, fut un polygame célèbre sous le régime de Megawati Sukarnoputri. Aujourd’hui, les leaders politiques indonésiens, traumatisés à l’éventualité de passer pour des mauvais musulmans, évitent de prendre position contre la polygamie. Le débat n’est toutefois pas complètement tabou. La défense de la polygamie est incarnée par un homme qui a fait fortune en vendant des poulets grillés. Puspo Wardoyo possède une chaîne de trente restaurants et s’affiche dans les médias entouré de sa famille élargie en répétant à l’envie que « davantage de femmes, c’est davantage de ressources ». Les épouses du « roi du poulet grillé », souvent choisies parmi ses serveuses, se disent heureuses. Le restaurateur est devenu la bête noire des féministes, parmi lesquelles le professeur Siti Musdah Mulia, une experte islamique respectée, qui reconnaît que la polygamie est acceptée par une majorité d’Indonésiens.

Partage ton mari, un film sur la polygamie sorti en Indonésie, alimente un débat inhabituel sur ce sujet largement tabou dans le plus grand pays musulman du monde. Le long-métrage au titre légèrement provocateur est une coproduction franco-indonésienne présentant trois hommes de milieux sociaux très différents, qui choisissent de prendre une deuxième, une troisième, voire...