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Caricatures à l’envers

La nouvelle a fait le tour du monde. C’est l’histoire de Abdul Rahman, cet Afghan de 41 ans converti au christianisme, il y a 16 ans, alors qu’il travaillait pour une ONG humanitaire au Pakistan, et qui risquait la peine de mort dans son pays, en vertu de la charia. L’affaire a pris un tournant outrancièrement politisé. Américains, Allemands, Britanniques, Autrichiens, Français, Canadiens, Australiens et ressortissants d’autres pays occidentaux se sont mobilisés contre Kaboul pour le sauver de la justice islamique. La secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a même personnellement contacté le président afghan Hamid Karzaï pour régler l’affaire… Embarrassé, le gouvernement afghan a alors trouvé, in extremis, une idée lumineuse : Abdul Rahman est mentalement « instable » et ne pourra donc être jugé. Grâce à cet artifice, Kaboul a très délicatement évité une crise politique grave avec les Occidentaux, en général, et avec Washington en particulier, son principal bailleur de fonds, tout en satisfaisant l’opinion publique musulmane très conservatrice dans ce pays. Quant à la réputation mentale de Abdul Rahman, elle passera par pertes et profits… Reste un point à clarifier : serait-il malade mental pour avoir renoncer à l’islam ou pour s’être converti au christianisme ? Commentant cette affaire, un diplomate occidental qui a requis l’anonymat a souligné que ce problème psychologique tombait à point nommé pour Kaboul, mais qu’il ne satisfera pas nécessairement les pays occidentaux qui voient dans le cas de l’Afghan chrétien « une affaire de caricatures à l’envers ». L’une des valeurs de la démocratie est la liberté sous toutes ses formes : liberté d’expression, liberté de culte… Quel sens aurait donc la démocratie qu’ont voulu instaurer les États-Unis en Afghanistan si à chaque fois qu’un Afghan se convertit au christianisme, bouddhisme ou judaïsme, il devra être déclaré mentalement instable pour échapper à la mort ? La religion ne se vit pas à travers un papier d’identité, elle se vit tout simplement… En fin de compte, on peut très bien naître et mourir musulman, mais avoir vécu en athée. Comment trouver alors la faille pour condamner ? Rania MASSOUD
La nouvelle a fait le tour du monde. C’est l’histoire de Abdul Rahman, cet Afghan de 41 ans converti au christianisme, il y a 16 ans, alors qu’il travaillait pour une ONG humanitaire au Pakistan, et qui risquait la peine de mort dans son pays, en vertu de la charia. L’affaire a pris un tournant outrancièrement politisé. Américains, Allemands, Britanniques, Autrichiens,...