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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL AL-BUSTAN Harmonie, modernité et romantisme avec le Quatuor à cordes Mozart

Quatre musiciens inspirés pour le Quatuor à cordes Mozart à l’auditorium Émile Boustani. Aux violons, Markus Tomasi et Géza Rhomberg, à la viole, Herbert Lindsberger, et au violoncelle, Marcus Pouget. Traversant trois siècles et avec un air venu d’Autriche, de Mozart à Schubert, en passant par Leitner, le menu offrait une belle palette de couleurs musicales avec des tonalités douces, contemporaines et romantiques. Ouverture avec le Quatuor à cordes en ré mineur k 421 de Mozart. Mozart bien sûr, dont on célèbre avec faste et quelque véhémence la présence en ce XIIIe Festival al-Bustan. Quatre mouvements (allegro moderato, andante, menuetto et allegro ma non troppo) pour une narration à l’ombre de Haydn où la phrase mozartienne, toujours spontanée et d’une admirable souplesse, avait quelques reflets de rêveries mélancoliques. Juste le temps d’accorder les premières mesures pour le démarrage et les quatre musiciens ont déployé le ruban soyeux et fluide d’une partition tout en teintes feutrées s’harmonisant subtilement. Unique bavure du public pour un enthousiasme déplacé en début du concert: l’applaudissement après le premier mouvement et puis, comme par magie, tout est rentré dans l’ordre… On s’arrête surtout sur cet andante d’une superbe et touchante beauté sonore, ainsi qu’aux premières phrases du troisième mouvement à la mélodie suave et prenante. Œuvre expressive avec certains passages intenses et surtout un ingénieux développement des thèmes, voilà une des nombreuses facettes de la musique de chambre telle que la pratiquait le génie de Salzbourg. Avec Mozart, l’enchantement est toujours au rendez-vous! Audaces modernes Pour prendre le relais, une œuvre surprenante de modernité avec un compositeur contemporain peu familier aux mélomanes libanais: Ernt Ludwig Leitner. Le Quartette n 1 est un opus d’une haletante stridence, entrecoupé de mélodies délibérément arrêtées ou suspendues. Mélodies qui se cherchent en vain comme une lumière qui se dérobe la nuit…Quatre mouvements où les dissonances et les assonances sont nombreuses. Apparenté à cette écriture sérielle qui fit tant de bruit dans les années 20, Leitner est certainement un artiste d’une totale et outrancière modernité. Œuvre d’exécution difficile (requérant technicité et maîtrise) et d’écoute ardue surtout pour les non-initiés. Sifflement du vent, stridences, rythmes syncopés, vol de moustique, frémissements des archets, pizzicati, sentiment d’effroi et de panique, voilà les ingrédients d’un opus vibrionnant, grouillant de vie, débordant d’ingéniosité sonore pour dénoncer une réalité trépidante et même automatisée. Avec des archets fouillant au plus profond des notes pour extraire un monde aux stridulations inquiétantes. Notes qui ont parfois l’allure d’une craie qui crisse sur l’ardoise… Sonorités audacieuses, placidement coulées dans une partition exigeant de l’auditoire une écoute inconditionnelle et sans questionnement. Pour tout dire, une musique qui ne laisse pas indifférent. Après l’entracte, univers en clair-obscur romantique avec le Quatuor en la mineur D 804 de Frantz Schubert. Quatre mouvements (allegro ma non troppo, andante, menuetto allegretto, allegro moderato) pour traduire l’univers du compositeur du Roi des Aulnes. Univers où les sourires et les larmes voisinent, univers où le lyrisme est contenu et n’atteint jamais les violences de confidence beethovénienne, univers où la nuit et le jour ont des moments d’entente. Avec Schubert, c’est la douce et pieuse résignation d’un artiste éminemment romantique, mais dont les tonalités, tout en étant graves, gardent une certaine gaieté, un certain espoir. Beau thème de Rosamunde, qui émerge de cet andante marqué par un lyrisme lumineusement romantique. Applaudissements nourris de l’auditoire. Salut et révérence des musiciens. Un bis prestement enlevé, où un air de Haydn côtoie ludiquement la Cumparsita. Voilà des instruments à cordes brusquement pris d’une éloquence intarissable, voyageant à travers l’espace et le temps, avec une verve incroyable, pour le plaisir de l’auditoire. Une belle performance. Edgar DAVIDIAN
Quatre musiciens inspirés pour le Quatuor à cordes Mozart à l’auditorium Émile Boustani. Aux violons, Markus Tomasi et Géza Rhomberg, à la viole, Herbert Lindsberger, et au violoncelle, Marcus Pouget. Traversant trois siècles et avec un air venu d’Autriche, de Mozart à Schubert, en passant par Leitner, le menu offrait une belle palette de couleurs musicales avec des...