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Les manifestants n’ont pas les mêmes moyens que les révolutionnaires orange Malgré les arrestations, l’opposition biélorusse reste mobilisée

Les opposants biélorusses, qui contestent la réélection du président Alexandre Loukachenko, ont continué à manifester hier à Minsk, malgré l’interpellation d’une centaine d’entre eux, après que 300 ou 400 jeunes gens eurent passé la nuit sous des tentes. Le principal candidat de l’opposition à l’élection présidentielle au Belarus, Alexandre Milinkevitch, qui a passé la nuit sur la place, a dénoncé l’arrestation de plus de cent manifestants depuis le moment, lundi soir, où ses partisans ont érigé des tentes sur la place d’Octobre dans le centre-ville, sur le modèle de la Révolution orange en Ukraine. Quelque 200 personnes y restaient hier après-midi, mais l’accès à la place était filtré par les autorités. Les procès des militants arrêtés devaient commencer hier soir, sans qu’on sache précisément de quoi ils étaient accusés. Les jeunes manifestants étaient cependant optimistes et ont appelé à une grande manifestation samedi à Minsk. « Je ne sais pas combien de temps cela se poursuivra ou devra se poursuivre (...) Le plus important, c’est qu’il y ait une pression internationale, de la part des États-Unis, de l’Europe, de la Russie », a pour sa part dit M. Milinkevitch. M. Milinkevitch, candidat des « forces démocratiques unifiées », réclame une nouvelle élection et espère lancer un mouvement de protestation pacifique sur le modèle de la Révolution orange qui, lors de la présidentielle fin 2004 en Ukraine, avait conduit à l’annulation du scrutin et à la victoire du candidat pro-occidental Viktor Iouchtchenko. L’initiative de M. Milinkevitch est soutenue par Washington et par Bruxelles, qui a dénoncé le « climat de peur » dans lequel s’est déroulée la campagne électorale. Plusieurs ambassadeurs de pays de l’Union européenne accrédités au Belarus ont d’ailleurs rendu visite hier aux manifestants. Cependant, l’opposition biélorusse est loin d’avoir les moyens et l’appui dans la société dont a disposé l’opposition ukrainienne quand elle a fait sa Révolution orange. « Ici, il y a un régime beaucoup plus dur, qui n’hésitera pas à utiliser la force si la protestation doit se poursuivre », relève le politologue biélorusse indépendant Valeri Karbalevitch. Il évoque aussi le fait que le régime du président Leonid Koutchma, contesté par les révolutionnaires orange, était l’un des plus libéraux de l’ex-URSS, avec la Géorgie, qui a aussi fait sa révolution fin 2003. Au Belarus, le Parlement ne compte plus une seule voix critique, les figures de l’opposition, comme l’ancien ministre Mikhaïl Marinitch, sont en prison. Les journaux indépendants ont pratiquement tous été fermés et les trois chaînes publiques distillent une intense propagande contre l’opposition, accusée d’être antipatriotique et vendue à l’étranger. Par ailleurs, « en Ukraine, il y avait des oligarques qui avaient intérêt à un changement de pouvoir. Au Belarus, ce n’est pas le cas », explique, quant à lui, Andreï Okara, de l’Institut russe d’études politiques. Les hommes d’affaires indépendants du pouvoir sont en effet rares dans ce pays où le secteur privé reste très peu développé. De plus, « en Ukraine en 2004, la majorité aspirait à un changement. Le régime de Koutchma était usé et faible. Au Belarus, le régime est fort et plus de la moitié de la population soutiennent M. Loukachenko », relève aussi le politologue ukrainien Volodymyr Fesenko.
Les opposants biélorusses, qui contestent la réélection du président Alexandre Loukachenko, ont continué à manifester hier à Minsk, malgré l’interpellation d’une centaine d’entre eux, après que 300 ou 400 jeunes gens eurent passé la nuit sous des tentes.
Le principal candidat de l’opposition à l’élection présidentielle au Belarus, Alexandre Milinkevitch, qui a...