Rechercher
Rechercher

Actualités

EXPOSITION - Les expérimentations de Jean-Marc Nahas au laboratoire de l’Espace SD La vie comme elle vient

Jean-Marc Nahas s’est approprié le laboratoire de l’Espace SD pour ses expérimentations. Mais l’artiste n’a rien d’un professeur Tournesol penché sur ses savants dosages d’éprouvettes. Sa carrure et sa brusquerie font plutôt de lui un capitaine Haddock au tempérament de fonceur. En marge des courants artistiques, cet électron libre est en perpétuelle recherche tant plastique que métaphysique. Ses explorations l’ont mené vers divers chemins, vers diverses techniques artistiques. Avec une nette préférence pour le dessin et le travail des encres. Enseignant à l’École des arts décoratifs de l’ALBA, Jean-Marc Nahas est diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (Ensba). Depuis 1987, il multiplie les expositions entre le Liban et plusieurs pays d’Europe (France, Belgique, Allemagne) et du Moyen-Orient (Dubaï, Jordanie, Syrie). Ceux qui ont rencontré l’homme ont sans doute eu affaire à son sens de l’humour si particulier, souvent grinçant et à double tranchant. «Aujourd’hui, je n’ai plus rien à prouver. Mes œuvres précédentes ont prouvé que je sais dessiner.» Pour cette expo donc, il mène une recherche pour questionner la place du dessin, sa survie et son impact dans l’art contemporain. Cette installation est un «work in progress» et il s’agit-là de la première étape. «J’ai fait intervenir des gens sur ces grands papiers accrochés aux murs et au plafond.» Pour l’étape suivante, Nahas prévoit de travailler sur les volumes «en ajoutant des objets concrets, des sculptures» ou autres produits de son imagination foisonnante. L’étape finale consistera à faire de cette œuvre figurative au départ, une chose abstraite. Pour démontrer que toute œuvre d’art, quel que soit son point de départ, n’est finalement que question de poids et de mesure. Le laboratoire, constitué de trois murs et d’une baie vitrée, devient aquarium où gravitent des dessins enchevêtrés, des formes humaines, des graffitis, des silhouettes nues et massives ou des bouches figées dans une béance cruelle. Noir de noir? Il faut dire que c’est bien là l’atmosphère voulue par l’artiste qui pousse même le sadisme à «étouffer» la lumière des projecteurs avec des sacs en plastique. Même si l’artiste a invité des dessinateurs à s’y «défouler», cette installation contient en fait tout ce qui a fait le succès de J.-M. Nahas: de l’humour absurde et décalé, des phrases vachardes à double sens, des interpellations sur le quotidien, la société, les petites choses qui nous paraissent si habituelles et qui sont pourtant si étranges, sur le sens de la vie; des mises en abîme subtiles et, comme si cela ne suffisait pas, l’artiste manie les histoires parallèles avec une incroyable maestria... «La guerre n’est qu’un prétexte», précise l’artiste, qui se déclare par ailleurs tellement obsédé par la guerre qu’elle revient sans cesse dans son imagination. Dans ce labo, c’est tout le petit monde de Nahas qui, tel un décor, est monté, qui se construit petit à petit, méticuleusement, inéluctablement, devant le regard ébahi du spectateur qui d’abord rit puis pleure. L’artiste prend alors une pause pour rappeler que tout cela n’est que dessins, quelque chose d’aussi dérisoire et temporaire que la vie. En février 2005, J.-M. Nahas installait «Beyrouth, mon amour» au Centre culturel français. Cette œuvre prémonitoire se voulait une vision critique – voire satyrique – de sa ville natale: il y contait sa vie, son exil, ses peurs, ses amours. Une fresque riche en humour, en tendresse et en émotion, qui est devenue livre d’artiste, publié par les éditions Alarm. Artiste prolifique, dessinateur au style décanté, incroyable causeur, névrosé impénitent si l’on en croit ses œuvres. Jusqu’au 1er avril. Maya GHANDOUR HERT
Jean-Marc Nahas s’est approprié le laboratoire de l’Espace SD pour ses expérimentations. Mais l’artiste n’a rien d’un professeur Tournesol penché sur ses savants dosages d’éprouvettes. Sa carrure et sa brusquerie font plutôt de lui un capitaine Haddock au tempérament de fonceur.
En marge des courants artistiques, cet électron libre est en perpétuelle recherche...