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« Le dossier est épineux, mais il est de notre devoir d’y mettre de l’ordre », souligne Kabbani

Interrogé sur la raison qui l’a poussé, il y a quelques semaines, à demander un délai supplémentaire pour une étude plus approfondie des dix décrets sur la transformation d’instituts universitaires en universités avant leur présentation, une nouvelle fois, en Conseil des ministres, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Khaled Kabbani, commence par rappeler que « le dossier de l’enseignement supérieur privé au Liban est extrêmement compliqué » et qu’il s’en est rendu compte dès son entrée au ministère il y a quelques mois. « Quand on m’a confié le portefeuille de l’Éducation, j’ai été notifié que beaucoup de demandes avaient été présentées à ce ministère de la part des universités et des instituts universitaires, pour l’ouverture de nouvelles facultés ou pour un changement de statut, poursuit-il. Ce dossier n’avait pas été ouvert depuis 2001. En tant que responsable, je ne me permettrais pas d’éviter de trancher des questions ayant trait à l’intérêt public, aux droits des citoyens et aux intérêts des propriétaires d’institutions d’enseignement supérieur, sous prétexte que le dossier est épineux et difficile. Cela aurait des conséquences néfastes sur le prestige du rôle du ministre et l’efficacité de son travail. » Le dossier a été rouvert donc, sur ordre du ministre, et les demandes ont été classées en trois catégories : une première catégorie concerne des universités qui désirent ajouter de nouvelles spécialisations à leur cursus, en ouvrant de nouvelles facultés, afin d’être à même de suivre les progrès technologiques et autres. La seconde catégorie, celle qui s’est avérée problématique, portait sur les demandes formulées par un nombre d’instituts universitaires désirant se transformer en universités. Pour ce qui est de la troisième catégorie, il s’agissait de retirer le permis à un institut universitaire qui avait fermé ses portes. « Ce dossier aurait dû être étudié par les institutions reliées au ministère de l’Éducation et qui ont été créées en vertu de la loi », précise M. Kabbani, sachant que la décision finale revient au Conseil des ministres. « Pour ce qui est des instituts qui veulent se transformer en universités, nous avons trouvé que, parmi les nombreuses demandes qui étaient parvenues au ministère, dix répondaient aux normes en vigueur, ajoute-t-il. Le Conseil de l’enseignement supérieur a alors pris une décision favorable à leur sujet, avant de soumettre les projets de décrets au Conseil des ministres. » M. Kabbani souligne que le Conseil des ministres a donné son approbation concernant les décrets sur la création de nouvelles facultés dans les universités « sans hésitation ». « En ce qui concerne les instituts, certains ministres, lors du débat qui s’est déroulé à ce propos, ont considéré que donner suite à leur demande équivaut à fonder de nouvelles universités, alors que, selon eux, il y a une saturation à ce niveau au Liban et que, pour préserver le niveau et la réputation de l’enseignement supérieur dans le pays, il convenait de ne plus augmenter le nombre de ces institutions », révèle-t-il. Le ministre poursuit : « J’ai alors expliqué au Conseil des ministres la situation des universités au Liban, insistant particulièrement sur celle des instituts universitaires, dont la plupart, de fait, fonctionnent comme des universités et non comme des instituts, ayant plus d’une ou de deux facultés opérationnelles. Or leur problème réside effectivement dans cette appellation d’instituts, vu que, dans la région et dans les pays du Golfe notamment, il existe une idée préconçue selon laquelle ce type d’établissement est moins important que l’université, sans compter cet amalgame avec les instituts techniques ou professionnels. C’est principalement cette raison qui a poussé ces institutions à demander un changement d’appellation. » Tenant compte des remarques émises par certains ministres et voulant couper court à tout malentendu qui pourrait naître de l’application de ce décret, M. Kabbani déclare avoir, et de sa « propre initiative », retiré ce dossier du Conseil des ministres pour le soumettre à un examen plus approfondi. « Mais il ne faut pas perdre de vue que ces instituts, qui ont obtenu des permis en tant que tels, fonctionnent comme des universités et ont déjà octroyé des diplômes à un grand nombre d’étudiants libanais ou étrangers, qui se trouvent actuellement sur le marché du travail, dit-il. Or ces jeunes ont aujourd’hui un problème à être admis dans de grandes entreprises, étant donné que leurs diplômes proviennent d’instituts et non d’universités. Cela a une incidence certaine sur leur avenir. » Réformer la loi, une priorité Mais n’y a-t-il pas, comme l’affirment certains, des points d’interrogation autour de la façon avec laquelle la plupart de ces décrets ont été promulgués au cours des dernières années ? M. Kabbani affirme, à ce propos, que dès son premier jour au ministère, il a procédé à la création d’une commission de spécialistes pour la rédaction d’un nouveau projet de loi régissant l’enseignement supérieur privé au Liban. « L’actuelle loi date de 1961, explique-t-il. Elle n’est plus apte à régir ce secteur après toutes ces années et tous les progrès réalisés dans ce domaine. Mais d’un autre côté, c’est le gouvernement libanais qui, en 2000, a donné son aval pour que ces instituts obtiennent leurs permis, d’où le fait que ce dossier se trouve entre nos mains. À partir de là, nous avons deux choix : on peut, ce qui me serait infiniment plus facile, laisser le chaos s’installer dans ce secteur, ou faire face au problème et assumer ses conséquences. » « Ces institutions sont fonctionnelles actuellement au Liban, poursuit-il. Je sais que les dossiers qu’elles avaient présentés en vue d’obtenir des permis n’avaient pas été méticuleusement examinés. Mais depuis, on ne peut nier qu’elles ont construit des campus, qu’elles ont signé des accords avec d’autres institutions universitaires et, surtout, qu’elles ont lancé un grand nombre d’étudiants sur le marché du travail. Que peut-on faire à part mettre de l’ordre dans ce secteur ? » Pour en revenir aux dix décrets sur les instituts, M. Kabbani affirme les avoir renvoyés à la commission technique pour un supplément d’examen. « Quand celle-ci nous aura soumis ses rapports sur chacun des dix cas, je réunirai le Conseil de l’enseignement supérieur et, suivant ces rapports, nous octroierons le changement d’appellation à toutes les institutions qui le méritent, le refusant à celles qui ne le méritent pas, précise-t-il. En ce qui concerne les autres questions relatives à l’enseignement supérieur, elles seront toutes réglées par l’adoption de la nouvelle loi, afin qu’aucune institution ne reste hors du cadre de l’organisation du secteur, surtout qu’il y a actuellement un nombre d’instituts qui ne respectent pas les lois en vigueur. De plus, beaucoup d’instituts et d’universités ont créé des branches dans les régions sans obtenir les permis adéquats. Voilà pourquoi j’ai pris la décision de ne pas reconnaître ces branches régionales, ni les diplômes qu’elles délivrent, jusqu’à ce qu’elles obtiennent des permis. » M. Kabbani précise qu’il n’accepterait en aucun cas que le rôle de la commission technique soit ignoré. Que répond-il à ceux qui soutiennent que cette commission technique est formée de représentants des grandes universités et que, par conséquent, la peur de la concurrence pourrait empreindre ses décisions ? « Il est vrai que la commission est formée de représentants de ces universités, ainsi que de l’Université libanaise, mais elle a été créée en vertu d’une loi et je ne peux enfreindre la loi, souligne-t-il. Elle est d’ailleurs opérationnelle depuis longtemps, examinant un grand nombre de dossiers. Ce qui était valable précédemment, pourquoi ne le serait-il plus aujourd’hui ? J’ai confiance en cette commission technique et je suis convaincu que son examen des dossiers est tout à fait objectif, suivant des normes académiques et juridiques, loin de toute considération née de l’appartenance de ses membres à de grandes universités privées. » Et d’ajouter : « Je sais aussi que les universités anciennes tiennent à la réputation de l’enseignement supérieur au Liban et à son niveau. Elles ont, par conséquent, le droit d’avoir une opinion là-dessus, à condition que cette opinion soit basée sur des considérations purement académiques. D’un autre côté, il n’est pas possible de barrer la route à la progression et à la modernisation de l’enseignement supérieur au Liban, qui a toujours été un centre du savoir et de l’éducation. Il faut avoir les moyens d’accueillir des étudiants de l’étranger également. À condition de s’assurer de la qualité de l’enseignement. »
Interrogé sur la raison qui l’a poussé, il y a quelques semaines, à demander un délai supplémentaire pour une étude plus approfondie des dix décrets sur la transformation d’instituts universitaires en universités avant leur présentation, une nouvelle fois, en Conseil des ministres, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Khaled Kabbani, commence...