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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉDITION - «Les distances magnétiques», d’Antoine Boulad et de Michel Cassir Ping-pong poétique sur fond d’actualité politique

Deux amis de longue date aimant taquiner la muse se retrouvent dans ces pages. Leurs écrits poétiques en prose sont les fruits d’incessants allers-retours entre Paris et Beyrouth par, ce qu’ils appellent, «le mystère du courrier électronique». Antoine Boulad et Michel Cassir ont entretenu ces correspondances entre février 2002 et avril 2003. Mais certains écrits vont même plus loin, ils datent de 1976. À trente ans d’intervalle, les mots se suivent, se répondent, les idées s’attirent, se bousculent, se repoussent. Un mouvement de va-et-vient en perpétuelle oscillation qui expliquerait le titre Les distances magnétiques. Cette écriture à deux voix est publiée chez Levée d’ancre, une collection des éditions L’Harmattan dirigée par Michel Cassir et Gérard Augustin qui privilégie l’écriture poétique. Elle se propose d’abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie dans tous ses états. Et elle multiplie les accès à cette poésie, «tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie». La vie, justement, c’est la grande inspiratrice des deux poètes qui jouent au ping-pong littéraire sur fond d’actualité politique internationale. «Comment vivre sous la botte démocratique de ceux qui ont défiguré le visage de l’enfance, mis à sac le Musée de Bagdad, livré aux flammes les livres au pays de l’éclosion de l’écriture? Les maîtres du monde, barbares dans un gant de velours, tuent les hommes et leur mémoire, assassinent les enfants et leur histoire, envahissent le pays des origines, pillent et mentent avec une arrogance impériale, font main basse sur ses richesses.» On l’aura compris, c’est la guerre en Irak qui horrifie le poète. «Une seule lettre suffit pour passer de l’élégance des mots à celle des morts, alors que les balles sifflent à nos oreilles comme des puces et que des obus comme des éventails font l’air nouveau. Les âmes montent en parachute telle la tristesse du blues…» De l’enfer des massacres et des destructions massives, les poètes effectuent un virage à sec et parlent alors de lieux beaucoup plus amènes pour conter fleurette. Loin du désert, vers un vers plus… vert. Enfer ou paradis, le poète recueille les traces anachroniques qui ne font de lui ni autojouissance, ni enfer baptisé «le couteau de la gorge». «Les poètes casse-cou ont le cœur si doux que l’air fragile qui les entoure saigne à blanc, lacéré probablement par les ongles pointus de leurs textes lacunaires.» Pour conclure, laissons les poètes s’exprimer: «À lire ce texte plein de trous, on risque de tomber, de haut de préférence, au choix du lecteur, selon son tempérament et sa rate.» Voilà. Tout y est dit. Maya GHANDOUR HERT

Deux amis de longue date aimant taquiner la muse se retrouvent dans ces pages. Leurs écrits poétiques en prose sont les fruits d’incessants allers-retours entre Paris et Beyrouth par, ce qu’ils appellent, «le mystère du courrier électronique». Antoine Boulad et Michel Cassir ont entretenu ces correspondances entre février 2002 et avril 2003. Mais certains écrits vont...