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Les rapaces passent, passent

Après six années (1992-1998) puis quatre (2000-2004) passées à la tête des finances publiques, l’ex-premier caissier de la République nous est revenu Premier ministre, plébiscité en juillet dernier par 126 députés sur 128. Si le parrain de la TVA affiche un air serein, nous pas ! Certes nous n’avons rien contre le personnage, mais ce sont ses desseins indécis, ambigus qui nous angoissent. S’agissant de redresser l’économie, nous sommes tout à fait disposés à le soutenir. Les chiffres et les lettres (de crédit) ça le connaît. Ainsi, monsieur Siniora, fort d’une majorité parlementaire, devrait en principe éloigner ceux qui se sont sucrés dans un passé présent et qui nous ont laissé une note bien salée pour un futur antérieur. Mais, car il y a et il y aura toujours un « mais », malgré l’appui des députés de sa majorité, Siniora n’a pas pu prévenir l’assaut moyenâgeux de Tabaris, ni trouver un local décent pour caser les 23 locataires de son cabinet. Dans ce cas, trouvera-t-il des parades face à des rapaces qui « passent, passent » à chacun à son tour ? Aura-t-il la force de repousser les assauts de ceux qui ont fait main basse sur les urnes et ont la mainmise sur les services ? Cherchera-t-il à amadouer le « Nabi des Déshérités » qui, au nom du dialogue intercommunautaire, semble décidé à faire voter à main levée des lois répondant à ses prêchi-prêcha ? Toutefois, on prétend qu’il ne pourra pas faire grand-chose vis-à-vis des ambitions de Koraytem. Mais saura-t-il convaincre le général-tsunami qui n’arrête pas de commander et de recommander une réforme totale de la médiocrité, ou le sayyed qui résiste et persiste à jouer les Guillaume Tell au risque de devenir la pomme de discorde ? Réussira-t-il à composer avec cet autre général retranché dans son bunker de Baabda ? Sera-t-il en mesure de faire face aux volte-face frénétiques d’un certain leader « écussoné » féodalo-progressiste ? Comment réagira-t-il au diagnostic de ce « médecin malgré lui », tiré de son labyrinthe et réhabilité dans sa tour FL ? Essayera-t-il de raisonner ces maronites clairsemés de KC de renoncer à jouer les présidentiables de salon ? Devra-t-il restaurer les relations historiques avec les vestiges du régime baassiste classé « monument préhistorique » ? Il paraît qu’à chaque situation nouvelle, Siniora aura une prise de position claire, à chaque revirement, un retournement, à chaque question, une réponse. Pas laconique, mais parfaitement adaptée, avec cette différence dit-on qui fait les grands hommes d’État et qui se nomme la subtilité ou l’inspiration. Mais il n’y aura pas que la classe politique qui devra se plier à cette nouvelle donne exigée par le trio franco-américo-onusien. Le Liban a d’autres joueurs : les banquiers, les industriels, les intellos, les médias, les syndicats et même les boy-scouts. Pour eux aussi ce sera leur fête. Car, pour remettre sur les rails ce Liban brinquebalant, ils devront être au mieux de leur devoir patriotique. Siniora va nécessairement nous éditer un nouveau lexique fiscal (Beyrouth I oblige). Il va nous distribuer un guide complet de restrictions budgétaires. Nous ne devons point en rester seulement des lecteurs et en faire notre livre de chevet, sinon nous risquons d’en tomber malades et plus jamais personne ne viendra à notre chevet. Nahi LAHOUD
Après six années (1992-1998) puis quatre (2000-2004) passées à la tête des finances publiques, l’ex-premier caissier de la République nous est revenu Premier ministre, plébiscité en juillet dernier par 126 députés sur 128. Si le parrain de la TVA affiche un air serein, nous pas ! Certes nous n’avons rien contre le personnage, mais ce sont ses desseins indécis, ambigus...