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Actualités - OPINION

Triste « reality show »

Un des mérites de l’actuelle « tentative de dialogue » a été de montrer clairement que le Liban est gouverné par quelques hommes. Quelques chefs féodaux qui font la pluie et le beau temps dans le climat politique de notre pays. Ils s’entendent, ou vont même jusqu’à se saluer, et nous sommes aux anges, nous recommençons à aimer notre prochain. Nous recommençons surtout à avoir confiance dans l’avenir du Liban. Si l’entente (ou les désaccords) entre ces gens-là était proportionnelle aux cours enregistrés à la Bourse de Beyrouth, on aurait eu un très beau graphique fait de summums successifs. C’est d’ailleurs un peu le cas aujourd’hui. Une aubaine pour les amoureux du risque. On devrait même introduire un jeu de mise sur la situation politique au Casino. Tout sur le Hakim et sayyed Hassan ! Faites vos jeux, rien ne va plus ! La photo les montrant sourire aux lèvres et main tendue qui a circulé dans tous les médias libanais aurait fait plus d’un heureux. Ou mieux, on devrait accorder à la télévision nationale le droit de les filmer 24 heures sur 24, dans leur confinement place de l’Étoile. Il devrait sûrement en ressortir des images qui feraient exploser l’audimat et redonnerait à cette chaîne la place qu’elle mérite au sein de la jungle médiatique. Il faut malgré tout s’estimer heureux parce qu’à l’époque de la guerre, les sautes d’humeur de nos chers « zaïms » pouvaient rapidement se traduire par un arrêt soudain du cessez-le-feu déclaré parfois durant la même journée. Une reprise des combats s’ensuivait, sans même donner le temps aux bulletins d’information de prévenir les Libanais partis faire la queue à la boulangerie ou chez l’épicier du coin. Aujourd’hui, Dieu merci, nous n’en sommes plus là. Malheureusement, eux si. Rien n’a changé pour ces gens-là. Ils continuent à se chamailler. Pour des questions vitales, se justifient-ils. Des questions primordiales dans l’intérêt du Liban, de son message et de son identité. Nous allons nous entendre, osent-ils nous dire, comme si cela relevait d’un effort surhumain de leur part. En plus, ces élites, qui occupent des postes censés être représentatifs de la population, ne semblent pas refléter l’avis des Libanais qui les ont élus. Bon d’accord, tout le monde n’a pas le même avis sur des sujets cruciaux qui concernent le pays, mais nos politiciens semblent eux-mêmes insuffler des opinions à leurs assises populaires respectives plutôt que le contraire. Ainsi, le commun des mortels se limite, se borne même à répéter ce qu’il a entendu de tel ou tel leader. « Le général a dit », ou « Le bey et le cheikh ont déclaré que… » ! Voilà à quoi se résume l’opinion politique de nos compatriotes. C’est bien dommage, surtout qu’on nous avait promis pas mal de choses. Un État pour commencer, un vrai, pas un gâteau à partager en 18 parts, même plus d’ailleurs puisque les divergences existent également au sein de chaque communauté (d’ailleurs, ça c’est plutôt une bonne chose). Si on n’avait pas eu tant de tragédies pour en arriver là, on rirait de ce « reality show » bien de chez nous ! Marwan Walid EL-TIBI
Un des mérites de l’actuelle « tentative de dialogue » a été de montrer clairement que le Liban est gouverné par quelques hommes. Quelques chefs féodaux qui font la pluie et le beau temps dans le climat politique de notre pays. Ils s’entendent, ou vont même jusqu’à se saluer, et nous sommes aux anges, nous recommençons à aimer notre prochain. Nous recommençons surtout...