EXPOSITION Jusqu’au 25 mars à la galerie Alice Mogabgab Michel Harmouch : que du plaisir !

La première fois où, il y a deux ans, Michel Harmouch s’essayait à la peinture professionnelle, il réussit son entrée avec une « prestation » fort applaudie à la galerie Alice Mogabgab. Pour sa troisième exposition, la seconde ayant eu lieu à Londres en 2005, le fameux décorateur, aujourd’hui artiste confirmé, revient avec 24 toiles, une ivresse de couleurs et une totale liberté de travail. « Je n’ai plus envie de contraintes, j’ai beaucoup travaillé dans ma vie. J’interviens au besoin. » Le décorateur a remis le tablier. Il lui préfère à présent celui, bleu, de peintre, qui lui va comme un gant. Et qu’il enfile tous les matins, toutes les nuits, à n’importe quelle heure, pour se retrouver dans son sacro-saint atelier où il se grise de compositions et de toiles à inventer, remplir, combler de ses tonalités très personnelles. Avant, car il y a un avant et un après ces trois années particulièrement difficiles qui se sont accompagnées de lourds problèmes de santé heureusement soignés, Harmouch se plaisait à, timidement, placer des objets puisés de son quotidien sur un fond bien organisé. Naissait ainsi une belle composition, graphique, agréable mais prudente. Pour cette exposition, l’artiste a rajouté à son travail, déjà fort imprégné de ses talents de décorateurs fascinés par la matière, le tissu et les motifs décoratifs, un zeste de poésie et d’amour, une dose d’humour et d’audace. « C’est un personnage à connaître, un homme d’une richesse inouïe ; il est une vraie leçon de jeunesse », disent en chœur tous ceux qui le côtoient. La rencontre fut donc inévitable. Un artiste inné « Pour cette exposition, affirme Michel Harmouche en préambule, je me suis éclaté sans restriction et sans penser si mon travail allait plaire. Je n’ai jamais fait les choses à moitié, mais là, j’ai laissé tomber ma timidité des débuts pour une explosion de couleurs et de gaieté. » À la base de son travail, et présentes dans de nombreuses toiles, des hortensias, des roses, en bouquets, dans des vases, et surtout une nasse et une ancienne grenade en bronze qu’il tient à nous montrer. « Elles m’ont tellement inspiré que je les ai mises partout ! » Ainsi, du bout de ses pinceaux souriants, ce jeune monsieur de 81 ans, qui invente plus qu’il ne copie, a réussi à donner aux natures mortes une nouvelle vie et une définition personnelle, loin des sentiers tristement battus. Avec des sujets simples et modestes, encore plus simplifiés aujourd’hui, et des fonds travaillés, sans jamais perdre de leur humour, il dit : « Le fond parle de lui-même. Il est pour moi aussi important que le sujet. » Ses tableaux, comme toujours conçus, pour la plupart, dans un format carré, déformation d’architecte, alignent horizontales et verticales dans un ordre qui se mélange parfaitement avec la fantaisie d’un fond somptueusement traité. Motifs de brocards, dentelles, rayures, carrés, dallages, il faut être Harmouch, serions-nous tentés de dire, pour pouvoir ainsi décorer ces toiles ! Il suffit alors de les regarder, sorties de son âme gaie et impatiente, celles qui « peuvent vivre seules », comme il les qualifie, ou celles, conçues en polyptyque, « qui préfèrent être en société », celles qu’il a disposées dans un ordre à suivre, comme un puzzle méticuleusement construit, pour saisir l’humour, l’audace et la poésie de l’artiste. Et le comprendre lorsqu’il précise : « J’aurais pu intituler l’exposition : Mes fonds animés »… Harmouch s’éclate donc à la galerie Alice Mogabgab jusqu’au 25 mars. En attendant une exposition à venir qui se tiendra en septembre, à… Hong Kong. Carla HENOUD