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THÉÂTRE « Le Jardin de Sanayeh » fleurit au centre Tournesol, jusqu’au 26 février Roger Assaf, ou la morosité autodérisoire

Créée en 1997, reprise en 1998, «Jnaynet es-Sanayeh» (Le Jardin de Sanayeh), pièce mise en scène par Roger Assaf, refleurit sur les planches du théâtre Le Tournesol pour quatre représentations seulement, à partir de ce soir et jusqu’au dimanche 26 février, à 20h30. * En novembre 1997, elle avait remporté le prix d’excellence du théâtre, et Bernadette Houdeib, le prix d’interprétation féminine au Festival de Carthage. La pièce Le Jardin de Sanayeh n’a cessé, depuis, de tourner à l’étranger: au Caire, à Tunis, à Paris, à Dubaï, à Mascate… Pourquoi une reprise aujourd’hui? «Une grande partie de la thématique reste, malheureusement, toujours actuelle», indique Roger Assaf. Le metteur en scène évoque deux autres raisons: «Beaucoup de jeunes, qui en ont entendu parler, ont souhaité la connaître.» Et puis, cela rentre dans le cadre de la politique du centre Le Tournesol qui compte, chaque année, reprendre une pièce du répertoire. Afin «d’entretenir la relation de la nouvelle génération avec la mémoire du théâtre libanais». «Pour le moment, nous ne pouvons pas aller plus loin que les pièces qui ont été faites à partir de 1990.» Sur le mode de l’autodérision, cette création collective – conjointement signée par Roger Assaf, Hanane Hajj-Ali, Éliane Raheb, Hanane Abboud et Mahassen Ajam – comporte une dénonciation acerbe de l’évolution culturelle et morale de la société libanaise. Trois sources d’inspiration: l’histoire de Brahim Tarraf, pendu en 1983 à Sanayeh, écrite par Youssef Salamé; la situation scandaleuse des Sri Lankaises au Liban et le texte Une affaire d’identité de Mahassen Ajam. Dans cette pièce, il y a une double thématique. «La première est un travail de réflexion critique sur le théâtre et la place du comédien dans la société. La seconde s’articule autour de la décomposition de la société libanaise dans les années 90, dont nous souffrons toujours aujourd’hui. Et en particulier les rapports difficiles entre les gens de confessions différentes, les maîtres et les domestiques, les chefs et leurs subalternes.» Dans ce climat de malaise transparaît un manque de confiance dans la justice. «Dans les histoires – véridiques – que nous racontons, les individus sont victimes d’une absence de respect de leurs droits.» Des histoires séparées, des monologues d’individus où le comique et le sérieux se côtoient. Avec, pour toile de fond, l’homme solitaire, prisonnier dans son conflit affectif et ne pouvant dialoguer avec les autres. Assaf insiste sur le fait que cette pièce est une création collective, «travaillée», sur le tas, avec les membres de son équipe, comédiens et techniciens confondus – «il n’y a pas chez nous une dissociation entre l’art et la technique» – qui se réunissaient quotidiennement pour un échange de points de vue et une confrontation des idées. Les acteurs sont les mêmes. «Ils ont pris un peu d’âge, mais ils ont gardé leur fraîcheur», souligne, amusé, le metteur en scène. L’on retrouvera donc Fadi Abi-Samra, Antoine Balabane, Issam Bou-Khaled, Hanane Hajj-Ali, Bernadette Hodeib, Hanane Abboud dans une scénographie de Sarmad Louis et sur une musique de Cynthia Zaven. Le texte est le même. «Quelques modifications ont été effectuées dans le rythme, c’est tout.» Pour Assaf, le théâtre reste avant tout «le laboratoire d’une société, le lieu où on peut expérimenter les idées, les émotions, les rêves, les désirs… Où la société peut apprendre à se connaître profondément et non pas simplement à se regarder superficiellement». Le Jardin de Sanayeh est de nouveau sur les planches pour le prouver. Maya GHANDOUR HERT * Réservations au 01/381290.
Créée en 1997, reprise en 1998, «Jnaynet es-Sanayeh» (Le Jardin de Sanayeh), pièce mise en scène par Roger Assaf, refleurit sur les planches du théâtre Le Tournesol pour quatre représentations seulement, à partir de ce soir et jusqu’au dimanche 26 février, à 20h30. *

En novembre 1997, elle avait remporté le prix d’excellence du théâtre, et Bernadette Houdeib, le...