PO - L’UE donnera « autant que possible » aux Palestiniens, la Russie poursuivra son aide à l’Autorité Haniyeh sera officiellement chargé aujourd’hui de former le nouveau gouvernement

Le président palestinien Mahmoud Abbas va charger officiellement aujourd’hui le chef de file du Hamas Ismaïl Haniyeh de former le prochain gouvernement palestinien, qui héritera d’une crise financière appelée à s’aggraver si les Occidentaux coupaient les aides. «M. Abbas remettra la lettre de nomination officielle mardi soir lors d’une rencontre bilatérale avec le frère Ismaïl Haniyeh », a indiqué hier un des chefs du Hamas, Mahmoud al-Zahar. Une fois officiellement chargé par M. Abbas, M. Haniyeh disposera de trois semaines pour former le gouvernement et le faire approuver par le Conseil législatif palestinien (CLP). S’il échoue, deux semaines supplémentaires lui seront accordées. M. Zahar, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse avec M. Haniyeh, a par ailleurs ajouté que le Hamas entamerait ensuite des discussions avec les groupes palestiniens pour former le gouvernement. En effet, le Front populaire de libération de la Palestine a donné hier son « accord de principe » pour participer à un tel gouvernement, mais le mouvement radical Jihad islamique, qui a boycotté les dernières élections, a refusé. D’autre part, le gouvernement palestinien a choisi un des hommes forts de la bande de Gaza, Rachid Abou Chabak, pour assurer le commandement collectif de plusieurs services de sécurité, a-t-on appris hier de source gouvernementale palestinienne. Le ministre de l’Intérieur sortant Nasr Youssef a toutefois démenti que la promotion du général Abou Chabak ait été décidée. Par ailleurs, M. Abbas a affirmé dimanche à Gaza que l’Autorité palestinienne faisait face à une « grave crise financière » après une réduction des transferts de fonds consécutive à la victoire électorale du Hamas. Les États-Unis, tout comme d’autres pays donateurs des Palestiniens, ont en effet lié le maintien de leur aide à la reconnaissance d’Israël par le Hamas, son renoncement à la lutte armée et son acceptation des accords israélo-palestiniens passés, ce que le mouvement refuse de faire. Israël a pour sa part pris une série de sanctions contre l’Autorité palestinienne, qualifiée de « terroriste » après la participation du Hamas au pouvoir. L’État hébreu a décidé de geler dès début mars le transfert mensuel d’environ 50 millions de dollars de fonds correspondant au remboursement des droits de douane et de TVA qu’il prélève sur les produits destinés aux territoires palestiniens. Hier, le haut représentant de l’UE pour la Politique étrangère Javier Solana a assuré que l’UE continuait dans l’immédiat à soutenir financièrement l’Autorité palestinienne, et donnerait « autant que possible » pour assurer sa viabilité après les sanctions économiques décidées par Israël. La Russie a pour sa part a confirmé hier qu’elle allait poursuivre son aide aux territoires palestiniens après l’arrivée au pouvoir du Hamas, lors d’entretiens avec les membres du quartette (États-Unis, Russie, ONUet UE). Aide financière annuelle des musulmans aux Palestiniens Face à cette crise, le Hamas a envoyé hier le chef de son bureau politique, Khaled Mechaal, en Iran afin de s’entretenir avec le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a proposé que tous les musulmans du monde apportent une aide financière annuelle aux Palestiniens. « Il faut élaborer un plan pour que tous les musulmans puissent apporter (...) une aide annuelle financière aux Palestiniens », a dit M. Khamenei, cité par la télévision d’État. Les Frères musulmans en Égypte ont par ailleurs annoncé hier une campagne de collecte de fonds au profit du Hamas. Sur le terrain, un chef local de la branche armée du Jihad islamique, Hamad Abou Sharekh, a été tué en Cisjordanie par l’armée israélienne.