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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Cinquantième anniversaire du Goethe Institut Rolf Stehle: «Partenariat et dialogue, pour promouvoir l’allemand»

Le Goethe Institut de Beyrouth vient de clore une année de festivités pour célébrer ses cinquante ans d’existence dans la capitale libanaise. Rencontre et mise au point avec Rolf Stehle, directeur actuel de l’institut culturel de la République fédérale d’Allemagne. Des activités aussi diverses qu’un festival de danse hip-hop, ou une exposition de photographies Bauhaus, ou encore un atelier sur la violence civile et les mémoires de guerre ont marqué les festivités du 50e anniversaire de l’institut culturel allemand. Cet éclectisme illustre parfaitement le champ d’action varié qu’il s’est attaché à couvrir, tant sur le plan local que sur un niveau plus régional ou même international. Le premier Goethe Institut a vu le jour en 1952, en Allemagne. «Il faut situer la création de l’institut culturel allemand dans le contexte de la Deuxième Guerre mondiale, fait remarquer M.Stehle. Après les millions de morts et la destruction occasionnés par la Grande Guerre, l’Allemagne était coupée du reste du monde. Le pays voulait se faire accepter de nouveau par la communauté internationale. L’idée d’un institut culturel présent dans les grandes villes à travers les quatre continents a alors germé.» Quel meilleur ambassadeur que la culture pour redorer l’image d’un pays qui en avait grand besoin? «Le Liban était non seulement le premier pays dans le monde arabe à tendre la main à mon pays, mais Beyrouth était également la troisième ville à accueillir un institut Goethe en 1955, après Athènes en 1953 et Turin en 1954.» Partenariats Aujourd’hui, le Goethe Institut est représenté dans 78 pays par 144 instituts. Au service de la langue et de la culture allemandes, telle est la vocation que se donne le centre culturel quinquagénaire. Comment fait-il pour aiguiser cette curiosité pour la langue et la culture allemandes? Quelle image de l’Allemagne souhaite-il transmettre? «Nous travaillons étroitement avec toute institution concernée par des domaines aussi variés que l’enseignement, les arts plastiques, l’art multimédia, le cinéma, la télévision, la danse ou les sciences humaines. Le partenariat est notre base de travail, il est source de dynamisme et de richesse. Il s’agit de proposer aux spécialistes comme aux amateurs, aux adultes comme aux jeunes, un maximum d’informations concernant la langue et la culture allemandes et, plus largement, de leur donner l’image de l’Allemagne d’aujourd’hui, une Allemagne en pleine mutation.» Le Goethe Institut est donc chargé officiellement par la République fédérale d’Allemagne de mener une politique culturelle à l’étranger. En suivant deux grands principes immuables: le partenariat et le dialogue. «La grande majorité des événements que nous organisons sont planifiés et développés en partenariat avec des acteurs locaux», précise le directeur. Par ailleurs, et depuis le 11 septembre, le Goethe Institut relève aussi les défis politico-culturels de la globalisation et développe des concepts innovants pour un monde rendu plus humain par la compréhension, un monde dans lequel la diversité culturelle serait considérée comme une richesse. «Nous tentons de nous adresser à un public plus jeune et de traiter des thèmes concernant la société civile.» M. Stehle cite également les «leadership seminars» qui donnent la parole à des jeunes leaders d’universités. «L’échange culturel, très important durant les années cinquante, l’est devenu encore plus ces quelques dernières années, surtout dans la prévention des conflits. Lors de sa récente visite à Beyrouth, le Dr Jutta Limbach, présidente du Goethe Institut dans le monde, a parlé du “gentel power of culture” (la force tranquille de la culture). Qui est celui de rassembler les peuples, de leur permettre d’échanger des idées, des informations, dans un climat de compréhension et de dialogue». Se comprendre L’Institut Goethe de Beyrouth a un rôle bien précis qui est d’approfondir la compréhension mutuelle entre le Liban et l’Allemagne, de combattre les préjugés et de provoquer une prise de conscience pour les questions culturelles et sociales dans un monde en perpétuelle mutation. Pour cela, l’institut organise des rencontres libano-allemandes, constitue un réseau de multiplicateurs des deux pays, met en contact les professionnels de la culture et organise des projets culturels et artistiques avec des partenaires allemands et libanais. De nombreux hommages, expositions, rencontres, résidences d’artistes ou d’écrivains sont organisés par les membres de l’institut pour que les deux cultures se découvrent l’une à l’autre. «Le poète Abbas Baydoun a signé un recueil inspiré de son expérience allemande intitulé Une saison à Berlin, qui vient de paraître en allemand. L’écrivain Rachid el-Daïf a publié en décembre un livre inspiré de sa rencontre avec son homologue allemand, Joachim Helfer, qui est homosexuel, d’où la valeur anthropologique du dialogue. L’écrivain allemand Mikael Kleber a écrit des chroniques libanaises…» Le directeur du Goethe Institut de Beyrouth est convaincu que le dialogue culturel ne se déroule pas entre les cultures elles-mêmes. Il se passe plutôt sur le plan individuel, personnel. «Et peut-être sur le plan politique, aussi», admet-il. Le nouveau terminal DW Punkt est un centre d’information où l’on trouve un grand nombre de données sur les différents aspects de la vie culturelle, sociale et politique en Allemagne. Il offre un vaste choix de documents écrits et audiovisuels, ainsi que des aides à la navigation sur Internet, entre autres également dans les domaines du théâtre et de la danse, dans lesquels il est plus particulièrement spécialisé. Transmettre la culture La langue est le vecteur d’une culture, mais la culture donne naissance à une langue. Le Goethe Institut ne dispense pas uniquement des cours de langue allemande. Il ne montre pas seulement l’art et la culture de l’Allemagne, mais il vise également à faire connaître les tendances intellectuelles actuelles et le mode de vie allemands. «Nous transmettons une image globale de l’Allemagne à travers des informations sur la vie sociale, culturelle et politique. Nous puisons dans les richesses très variées de notre société et de la culture allemande, très vivante. Nous joignons les expériences et les représentations de nos partenaires sur place et à l’étranger avec notre compétence professionnelle et travaillons avec eux dans le dialogue. Nous offrons un partenariat, nous sommes au service de tous ceux qui s’occupent activement de la culture et qui travaillent de manière responsable, indépendante de la politique.» Tout le monde connaît la définition d’Édouard Herriot: «La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié.» Mais, concernant le Goethe Institut, à qui se référer d’autre qu’à Goethe? Qui disait: «Le meilleur moyen de fuir le monde est l’art, et c’est aussi le meilleur moyen de le pénétrer.» Maya GHANDOUR HERT
Le Goethe Institut de Beyrouth vient de clore une année de festivités pour célébrer ses cinquante ans d’existence dans la capitale libanaise. Rencontre et mise au point avec Rolf Stehle, directeur actuel de l’institut culturel de la République fédérale d’Allemagne.

Des activités aussi diverses qu’un festival de danse hip-hop, ou une exposition de photographies...