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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Merci au général Sleiman Cher général Sleiman, Ce 14 février, où la nature s’était mise en frais pour la manifestation, ciel bleu, soleil éclatant et mer sans rides, nous venons vous remercier pour la présence de notre chère armée qui était là, avec force et discrétion, cette armée que nous aimons tant. On a eu l’impression que les soldats venaient de terminer des cours de tenue. On était heureux de répondre à leurs ordres. Presque silencieux, leur uniforme impeccable, dirigeant les gens dans un même couloir, secondés par les forces de sécurité, admiratives devant l’armée. Vive le Liban, vive notre armée. Encore une fois, merci général Sleiman. Lily SARA La voix de la femme libanaise La réalité est à portée de tous J’ai assisté en ce mardi 14 février à un phénomène fascinant. De très loin, certes, et par caméras interposées, mais avec un certain recul et sur fond de théories psychosociales. Un an après avoir pleuré la mort d’un homme, un an après avoir eu le souffle coupé par l’élévation d’un peuple et après avoir trouvé un écho à tous mes espoirs, je me retrouve à dévisager mon téléviseur non sans émotion, mais aussi avec lassitude et rires nerveux. Je ne savais pas que le chemin de la liberté passait par tant de récréation. Je pensais que cela consistait en de la méditation suivie d’action. Autrement dit, je me demande comment l’on espère se « libérer » de quoi que ce soit, si l’on commence par enfermer son esprit dans une cage démagogique. J’espère sincèrement me tromper mais, en ce jour, je n’ai rien vu d’autre qu’une « rave party » sur la place des Martyrs, animée par des vedettes tapageuses. En entendant mes compatriotes s’enflammer au moindre slogan, je n’ai pu m’empêcher de penser aux vivats mécaniques des vieilles monarchies. L’embrasement était tel qu’entre deux épiphénomènes, le discours était quasiment inaudible. D’ailleurs j’imaginais avec écœurement ce que devaient cogiter les leaders : « Contentons-nous de vieux symboles provocateurs, ça mettra mieux le feu à la foule. » C’est vrai que Walid Joumblatt est drôle et qu’il sait enthousiasmer l’assistance (« Libérer la ferme de Baabda », etc.), mais est-ce là son rôle en tant que chef politique et membre de l’Assemblée nationale ? N’oublions pas que les hippies ne sont aujourd’hui que des bobos qui écoutent Hendrix en BMW, et que souvent les kakis des altermondialistes sont de marque Cerutti. J’insinue que de tous les grands projets d’évolution, il ne reste que le « kitsch »; comme Che Guevara dont on ne garde qu’une photo d’un beau gosse fumant un cigare. Ne nous laissons pas séduire par des symboles désuets, la réalité est à portée de tous. Il suffit d’ouvrir les yeux. Anthony ABINADER Nice, France Et maintenant ? Bien qu’ayant vécu onze longs mois de déception, d’ahurissement et souvent de dégoût face au manque flagrant de résultats de nos dirigeants, nous sommes revenus en force, de loin, avec enfants, parents et grands-parents affublés de drapeaux, de pins, d’écharpes, pour encore chanter, pleurer, scander, huer et acclamer d’une seule voix ces mêmes hommes et femmes. Oui, le peuple libanais est foncièrement bon, généreux, ouvert et peu rancunier. Oui, le peuple libanais demande juste à vivre enfin tranquillement. Non, ses dirigeants ne le lui permettent pas, trouvant toujours prétexte à semer la zizanie entre différents groupes pour garder des parcelles de pouvoir et flatter de bien peu reluisants ego. Au-delà de l’hommage à Rafic Hariri, nous sommes venus encore une fois comme un seul homme, dans une ambiance bon enfant empreinte d’espoir mêlé de joie, Messieurs, pour applaudir vos discours. Qu’avez-vous à nous offrir ? Oui, le peuple libanais est bon, mais depuis trop longtemps maintenant le peuple libanais se couche le soir en se demandant comment vivre la journée du lendemain, comment régler les factures, comment payer le mazout pour chauffer la maison, comment assurer un avenir aux enfants et comment les rassurer face aux bombes et assassinats qui les ont déstabilisés, comment sortir dans un lieu public sans se demander si on en reviendra vivant, comment faire évoluer son travail, ou du moins comment le maintenir. Comment vivre et survivre, tout simplement. Maintenant que le peuple et même la météo ne vous ont pas tenu rancune et vous ont donné un sursis, qu’allez-vous faire pour ces hommes et femmes qui se couchent soucieux et qui se lèvent anxieux ? Myriam SHUMAN « Notre mort est résurrection » Cher Ghassan Tuéni, Nous pouvons nous consoler les uns les autres après l’incroyable démonstration citoyenne que nous venons de vivre. Le ciel lui-même a eu l’élégante tendresse de se faire bleu, afin qu’un avant-goût du printemps vienne embellir cette magnifique journée. Le 12 décembre 2005, nous pouvions sans doute vous offrir le Livre de Job pour y trouver un réconfort au fond du processus tragique qui ne cesse de vous hanter depuis votre plus tendre jeunesse. Mais, aujourd’hui, l’homme libre et le citoyen que je suis se réjouit de pouvoir vous adresser la parole et de vous dire que Gebran de bienheureuse mémoire n’est pas mort pour rien. Le sang de Samir n’a pas été versé pour rien. Il y a peu d’événements dans l’histoire des peuples qui puissent prétendre égaler ce rassemblement fondateur des Libanais au cœur de la ville de Beyrouth afin de donner un corps à la cité libanaise de demain, celle pour laquelle vous n’avez cessé de lutter et de témoigner. Les paroles admirables et prophétiques que vous aviez prononcées devant la dépouille de Gebran en la cathédrale Saint-Georges nous remuent encore. « Notre mort est résurrection », c’est ainsi que vous aviez entamé votre propos lors des obsèques du dernier de vos enfants. Aujourd’hui, Dieu lui-même vous a répondu selon la parole d’Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple. » Ces centaines de milliers de Libanais qui ont déferlé pour donner corps à la ville sont votre plus belle consolation. C’est par amour de ce projet que Gebran est mort. J’ose donc espérer, cher Ghassan Tuéni, que l’événement que nous avons vécu en ce jour représente, en quelque sorte, la résurrection de Gebran. Le Christ est ressuscité et a fondé l’Église. La résurrection des martyrs du Liban se lit à travers la matérialisation de cette cité libanaise que nul d’entre nous n’espérait plus. Antoine COURBAN Du Akkar à Marjeyoun C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai lu dans votre journal qu’un grand nombre d’Achrafiotes ont boudé la manifestation (du 14 février 2006 – NDLR) à cause d’un sentiment de frustration après les émeutes du dimanche précédent. Ils auraient pourtant dû venir en masse. Ils auraient vu ce couple qui, à lui seul, aurait fait fondre comme neige au soleil toutes leurs rancœurs. Ce couple, dont la pancarte faisait un pied de nez à certains slogans que j’ai, malheureusement, entendu en passant dans la rue Gemmayzé… Ce couple que j’ai failli rater, assis à même le trottoir, lui tenant timidement, mais si généreusement, une affiche faite maison, avec en belle calligraphie arabe ces simples mots : « Choucrane lil Achrafieh min ajel el-wouhdeh el watanieh » (Merci à Achrafieh, pour l’unité nationale). Ce couple qui avait quitté à l’aube el-Mina, à Tripoli, pour délivrer son message ô combien gratifiant ! C’est alors que j’ai su que c’est avec eux que j’allais passer ma journée et avec mon voisin de gauche qui venait de Denniyé. C’est donc à tous les Masri d’el-Mina, à tous ceux de Denniyé, de Ersal, du Akkar, de la Békaa, de Batroun, de Chekka, de Saïda, de Marjeyoun, du Chouf... que je voudrais dire merci. N. DEBS Une Achrafiote Faire confiance à Aoun Les discours prononcés le 14 février 2006 n’étaient pas à la hauteur de l’événement. Comme toujours, notre confiance reste inébranlable dans les visions et les décisions de notre leader national, le général Aoun. En évitant à ses partisans (ô combien nombreux) la participation à ce rassemblement, il a su éviter au pays une catastrophe sans précédent. Certains l’accusent d’avoir voulu, délibérément, boycotter le rassemblement pour des raisons politiciennes, mais ce n’est pas la première fois qu’il est accusé à tort. Une question reste posée : comment se fait-il que les plans de sécurité, pour cette manifestation, étaient draconiens, avec une présence accrue des FSI et de l’armée, et pas pour Achrafieh, pour laquelle on a évoqué un manque de moyens et d’effectifs ? André JABBOUR Paris Ils ont perdu l’espoir Il est difficile d’avoir 20 ans dans le Liban d’aujourd’hui. Parce que avoir 20 ans, c’est avoir motivations, grands rêves, passions et… espoirs. Mais je regarde autour de moi : depuis ce grand jour qu’était le 14 mars, les forces se sont divisées. Unies, nous étions forts, nous étions invincibles ; nous étions un million. Mais chacun s’en est retourné à son drapeau et, tout à coup, la puissance qui motivait la foule s’est anéantie. Pourtant, il n’est pas trop tard. On a peut-être encore la chance de faire quelque chose, pour que nos martyrs ne soient pas morts en vain. Car, perdre l’espoir, c’est perdre la bataille de la liberté. Yasmina HATEM (20 ans) Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Merci au général Sleiman

Cher général Sleiman,

Ce 14 février, où la nature s’était mise en frais pour la manifestation, ciel bleu, soleil éclatant et mer sans rides, nous venons vous remercier pour la présence de notre chère armée qui était là, avec force et discrétion, cette armée que nous aimons tant. On a eu l’impression que les soldats venaient de terminer...