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Actualités - OPINION

Une leçon venue de Montréal

Le dimanche 5 février courant, une manifestation a mal tourné dans les rues de Beyrouth. Ici à Montréal, les débats faisaient rage avec des muftis et autres imams où quelques-uns donnaient raison aux manifestants – spécialement ceux du Liban –, clamant qu’ils n’auraient pas réagi de cette façon si l’armée ne leur avait pas tiré dessus. Les médias du Montréal métropolitain dépeignaient le Liban comme un pays dénué de sens civique et chargé de tiraillements interconfessionnels. Pour un observateur complètement étranger à la culture libanaise, on ne pouvait penser autrement. Mais quand on est un Libanais vivant à l’étranger, il est désolant de voir le monde nous percevoir comme des êtres sanguinaires. Face à l’inertie du gouvernement, qui a failli à sa mission de promouvoir l’image du Liban à l’étranger, une idée a germé dans la tête de quelques étudiants de l’université McGill à Montréal, qui ont décidé de prendre les choses en main. Un appel à un sit-in pour montrer au monde la vraie image du Liban a été lancé. Un appel timide, dirais-je, puisqu’il n’y avait aucune ambition d’organisation massive. Mais c’était là aussi une étincelle qui a donné lieu à une réaction en chaîne. Très rapidement, un groupement d’étudiants des autres universités majeures de la métropole, Polytechnique et Concordia en particulier, a rejoint les initiateurs pour former le noyau d’une organisation qui n’en est qu’à son stade embryonnaire mais dont les projets futurs seraient de promouvoir la culture libanaise, spécialement en milieu estudiantin. Le sit-in était prévu pour le vendredi 10 et les premiers balbutiements de cette organisation avaient pris place deux jours plus tôt. Réunir un nombre acceptable de personnes en moins de quarante-huit heures paraîtrait comme une mission impossible, mais pas pour ces personnes. Libanais de naissance, patriotes par passion, ils étaient prêts à tout sacrifier pour faire de ce rassemblement une journée mémorable. Conduits par leur instinct patriotique, ne prenant aucun risque pour éviter de compromettre l’image de la patrie, ils ont entamé les préparatifs. Chacun de son côté entreprenait de contacter les différentes organisations libanaises, les amis, les médias et les différents partis politiques. Aucun effort n’était épargné et toutes les précautions étaient prises, une seule condition s’appliquait aux participants : drapeaux libanais seulement. De fait, ce rassemblement regroupait plusieurs partis différents et plusieurs communautés différentes, mais le dénominateur commun était le Liban. Le jour J arriva et, à notre grande stupéfaction, un nombre inattendu de personnes se présentèrent, étudiants et non-étudiants, représentants de partis politiques, ils avaient tous bravé le froid glacial qui régnait ce jour-là. Le seul sentiment que je pourrai exprimer au nom de tous pendant la bonne heure que nous avions passé là-bas était la fierté d’être Libanais. Un sentiment de patriotisme immense émanait de toutes les personnes présentes et tous chantant à pleine voix l’hymne national libanais, le seul vestige de l’histoire libanaise resté intact. Pendant ces soixante minutes, la fierté de représenter sa patrie en terre étrangère était de mise ; bref des Libanais de souche, soucieux de l’image de leur nation écorchée à maintes reprises et si injustement traitée au fil des ans. En fin de compte, l’inimaginable a eu lieu, avec un succès sans précédent : les médias étaient au rendez-vous et l’image du Liban farouchement défendue par sa diaspora estudiantine était présente une fois de plus, exemple combien vivant d’un pays qui refuse d’être relégué aux oubliettes. Je voudrais juste vous dire, à tous ceux qui étaient au rendez-vous et spécialement aux organisateurs, Jalal, Saed, Achraf, Anthony, Fred, Makram, Jad, Imad, Marc, Mohammad, Oussama, Carl et tous ceux que je n’ai pas cités mais qui se sont également consacrés à cette mission : « Vous méritez tous de représenter votre pays mieux que n’importe qui, et je serai honoré d’être à vos côtés le jour où la patrie nous appellera à son service. » Jade DAWALIBY École Polytechnique de Montréal
Le dimanche 5 février courant, une manifestation a mal tourné dans les rues de Beyrouth.
Ici à Montréal, les débats faisaient rage avec des muftis et autres imams où quelques-uns donnaient raison aux manifestants – spécialement ceux du Liban –, clamant qu’ils n’auraient pas réagi de cette façon si l’armée ne leur avait pas tiré dessus.
Les médias du Montréal...