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Actualités - OPINION

LE POINT Feuille de déroute

Palestiniens et Israéliens, ou l’art, pour les premiers, de débiter des truismes qui résonnent comme autant de coups de tonnerre dans le ciel déjà passablement gris d’un Proche-Orient en proie à tous les tourments, pour les seconds de dire imperturbablement une chose et son contraire. Dans une interview au journal russe Nezavissimaïa Gazeta, Khaled Mechaal annonce en ce début de semaine que « le Mouvement de la résistance islamique et le peuple prendront une décision concernant la fin de la lutte si l’État hébreu reconnaît tous nos droits et s’engage à se retirer des territoires occupés ». Ehud Olmert, Premier ministre p.i. depuis les problèmes de santé de son maître, ne veut rien entendre, lui. Et il le fait savoir. « Nous ne négocierons pas avec le Hamas, vient-il d’affirmer à l’occasion d’une tournée électorale, pas plus qu’avec tout autre groupe qui en dépend. » Mais c’est pour ajouter aussitôt, comme pour mieux brouiller les pistes : « De cette manière, nous continuons d’assurer notre sécurité tout en maintenant ouverts les canaux diplomatiques, si toutefois ils existent, pour continuer à progresser. » Les positions ayant été ainsi définies, et de la manière la plus absconse qui soit, d’un côté comme de l’autre, il serait peut-être temps d’obtenir quelques précisions sur l’orientation que l’on entend imprimer à un processus de paix qui ne s’est jamais aussi mal porté. Demandons d’urgence allumeur de réverbère pour éclairer le chemin… Plus sérieusement, des Palestiniens qui viennent de faire connaître leurs options, à la faveur d’un scrutin législatif qui n’a laissé place à aucun doute, tout autant que des Israéliens qui s’apprêtent à prendre dans un mois en demi le chemin des urnes, on est en droit d’attendre des gestes ressemblant un peu moins à de grands moulinets politiques-diplomatiques et un peu plus à des initiatives un tant soit peu concrètes, susceptibles en tout cas de dissiper des brouillards qui semblent s’épaissir au fil des jours. Encore faudrait-il pour cela que chaque partie en ait fini de mettre de l’ordre dans sa maison. Le sort d’Ariel Sharon étant désormais scellé, il reste à savoir si, le 28 mars, le Kadima qu’il a créé sera en mesure de l’emporter aussi aisément qu’on le dit face au Likoud de Benjamin Nenatyahu et donc d’aller de l’avant sur la voie tracée par le vieux général. À Gaza entre-temps, on s’achemine vers une guerre faite d’escarmouches. Les premières passes d’armes, à l’occasion de la dernière séance du Parlement sortant (dominé par le Fateh, grand vaincu de la consultation électorale du 31 janvier), ont vu les honorables députés voter le renforcement des pouvoirs de Mahmoud Abbas, qui pourra ainsi nommer les magistrats de la Cour constitutionnelle, nouvellement créée, sans obtenir l’aval préalable du corps législatif. En elle-même, la mesure est importante car elle signifie dans la pratique que le verdict sur la validité des textes approuvés par l’Assemblée relève désormais du chef de l’État et de lui seul. Son impact pratique est plus grand encore, ainsi que n’a pas manqué de le relever un député islamiste de Hébron, Abdel Aziz Doueik. Cette loi, a-t-il noté à juste raison, revient à octroyer les pleins pouvoirs au président, lequel pourra, quand il le veut, dissoudre le Parlement. L’entreprise de grignotage – une tactique dans laquelle les hommes formés à l’école de Yasser Arafat sont passés maîtres – s’est poursuivie avec le choix de deux « fatehistes » inconditionnels, Mahmoud Aboul Rob et Ibrahim Khreicheh, le premier pour la présidence de l’Organisme de contrôle administratif et financier, le second pour le secrétariat général du Conseil législatif. La riposte n’a pas tardé à venir : quelques heures plus tard, les héritiers de cheikh Ahmed Yassine faisaient savoir que leurs préférences pour la présidence du Conseil allaient à l’un des leurs, une manière de placer devant le fait accompli Abou Mazen, auquel revient le droit tout théorique de désigner le Premier ministre. La petite histoire retiendra qu’à l’origine, le Hamas se proposait de désigner à ce poste une personnalité non partisane mais simplement sympathisante. Les noms les plus souvent cités étaient ceux de Jamal Khoudayri, un ingénieur formé au Caire et propriétaire d’une fabrique de matelas, et de Mazen Sinnokrot, actuel ministre de l’Économie et du Commerce. C’est dans quatre jours que le nouveau CLP tiendra sa séance inaugurale et rien pour l’heure n’indique que d’ici là, le gouvernement aura commencé à prendre forme tant paraît âpre la bataille qui vient d’être entamée et d’une complexité à rebuter les plus ardents défenseurs de la paix le dossier de la négociation entre Tel-Aviv et l’Autorité palestinienne. Le blocage est d’autant plus désespérant que les États-Unis, pas plus que les trois autres membres du quartette, ne semblent pour l’instant désireux de donner un coup d’accélérateur au processus jadis entamé à Madrid. La feuille de route, c’était quand déjà ?… Christian MERVILLE
Palestiniens et Israéliens, ou l’art, pour les premiers, de débiter des truismes qui résonnent comme autant de coups de tonnerre dans le ciel déjà passablement gris d’un Proche-Orient en proie à tous les tourments, pour les seconds de dire imperturbablement une chose et son contraire. Dans une interview au journal russe Nezavissimaïa Gazeta, Khaled Mechaal annonce en ce...