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Actualités - CHRONOLOGIE

PUBLICATION - Un même supplément littéraire qui paraît simultanément dans dix-huit journaux arabes « Kitab Fi Jarida » : dix ans déjà !

Diffuser chaque mois l’œuvre d’un écrivain arabe à plus de trois millions d’exemplaires dans dix-sept pays arabes ! Une gageure éditoriale à laquelle s’est attaqué, avec succès, Kitab Fi Jarida (Un livre dans la presse), un projet lancé en 1995 par l’Unesco et qui a fêté en novembre 2005 son dixième anniversaire. Présentation et bilan d’une initiative menée en toute discrétion et efficacité. Combattre l’ignorance et l’inculture dans les pays arabes en encourageant la lecture, tel est l’objectif principal poursuivi par l’Unesco à travers Kitab Fi Jarida. Tristement réputés pour leur faible taux de lecteurs (moins de 7% de la population), ces pays qui s’étendent du Proche et Moyen-Orient à l’Afrique du Nord et qui ont en partage une même langue arabe écrite subissent, on le sait, le contrepoids d’une absence totale de politique culturelle couplée d’une crise économique persistante. Autant de facteurs qui relèguent la lecture aux oubliettes. D’où l’idée de mettre à portée du plus grand nombre de lecteurs des ouvrages littéraires (romans, récits, nouvelles, contes, poésie, etc.), par le biais d’une diffusion gratuite à travers les journaux de ces pays. Kitab Fi Jarida est donc un supplément de 32 pages qui paraît simultanément dans 18 quotidiens* (de langue arabe bien sûr) de 17 pays (à raison donc d’un quotidien par pays, exception faite de la Jordanie qui fait paraître Kitab Fi Jarida dans deux de ses journaux). Textes et illustrations Le fait qu’un même texte littéraire paraisse le même jour aussi bien dans un journal du Maghreb que du Proche-Orient contribue également à faire connaître les auteurs des uns chez les autres et vice versa. Directrice du bureau exécutif de ce projet (basé à Beyrouth), Nada Dallal Doughan signale qu’« outre cette circulation ouverte de la production littéraire à travers tous les pays de la région, Kitab Fi Jarida va permettre aussi d’orienter le choix du lecteur arabe vers des œuvres de qualité. Dans la mesure où ce dernier n’a pas souvent la possibilité de choisir dans la profusion d’ouvrages qui lui sont proposés ». « Par ailleurs, souligne-t-elle, ce supplément illustré de reproductions d’œuvres picturales ou sculpturales contribue également à la promotion des plasticiens et artistes contemporains du monde arabe. » Ce projet, inspiré des modalités de promotion de la lecture expérimentées en Amérique latine et aux Caraïbes par Periolibros, un supplément littéraire diffusant des œuvres d’écrivains de langue espagnole et publié chaque mois pendant quatre ans, a été soutenu financièrement par l’Unesco de 1995 à 2002. Puis, après un an d’interruption, la publication s’est poursuivie, à partir de 2003, sous une autre formule (cette fois avec le partenariat intellectuel de l’Unesco), grâce au financement de cheikh Mohammad Ben Issa al-Jaber, un richissime homme d’affaires saoudien qui a pris à son compte les frais de réalisation de ce périodique. Réalisation qui met à contribution, outre l’équipe permanente de concepteurs éditoriaux et graphiques, un comité formé d’éminents critiques littéraires, artistiques et intellectuels du monde arabe, en charge de la sélection des œuvres à publier. Quant aux coûts d’imprimerie (encre et papier), ils continuent à être assurés par les journaux partenaires. Contribuer à la promotion de la lecture, mais aussi et surtout à la propagation d’une pensée intellectuelle de haut niveau ainsi qu’au rapprochement et à l’ouverture culturelle entre les peuples du monde arabe… Des objectifs qui, pour certains, peuvent sembler utopiques, mais que ce projet concrétise doucement et sûrement. Bilan : dix ans plus tard, Kitab Fi Jarida a contribué à la « libre diffusion » d’œuvres (textes et morceaux choisis) d’une centaine d’auteurs arabes, tant contemporains qu’anciens (cela va du Moutannabi et des poètes andalous à Élias Khoury, en passant par Adonis, Hoda Barakat, Toufic el-Hakim, Taha Hussein, Naguib Mahfouz, Nizzar Kabbani…). Le périodique peut également se targuer d’avoir fait découvrir à son lectorat les travaux de plus de 90 artistes et illustrateurs arabes contemporains de talent. À l’instar de Diyak al-Azzaoui (irakien), de Dima Hajjar et de Tanbak (libanaises) ou de Ahmad Morsi (égyptien), Fateh al-Moudaress ou Nazir Ismaïl (syriens) pour n’en citer que quelques exemples. Un inventaire encourageant d’une action commune arabe, pour une fois porteuse de fruits. Zéna ZALZAL * Au Liban, « Kitab Fi Jarida » paraît dans le quotidien « an-Nahar ». * Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Diffuser chaque mois l’œuvre d’un écrivain arabe à plus de trois millions d’exemplaires dans dix-sept pays arabes ! Une gageure éditoriale à laquelle s’est attaqué, avec succès, Kitab Fi Jarida
(Un livre dans la presse), un projet lancé en 1995 par l’Unesco et qui a fêté en novembre 2005 son dixième anniversaire. Présentation et bilan d’une initiative menée...