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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉNERGIE L’arme pétrolière iranienne, une menace prise au sérieux

Une traduction de l’Iran devant le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait se solder par une hausse des cours du pétrole, l’un des leviers sur lesquels la République islamique peut agir pour riposter, estiment des experts. L’Iran a déjà prévenu qu’il était prêt à réagir en cas de sanctions de la communauté internationale. Malgré sa volonté affichée de déconnecter les questions pétrolière et nucléaire, les analystes prenaient l’hypothèse de représailles pétrolières au sérieux. Dans le cas où l’Iran déciderait d’interrompre ses exportations, 2,7 millions de barils par jour viendraient à manquer sur le marché. Cette perte de production pourrait être synonyme, selon certains analystes, de baril montant jusqu’à 100 dollars. Alexandre Kervinio, analyste de la Société générale, remarque qu’il existe des parades, comme l’accroissement par l’Arabie saoudite de sa production à hauteur de 1,5 million de barils par jour, ou le recours de l’Agence internationale de l’énergie et du département américain de l’Énergie à leurs réserves stratégiques. Mais, selon lui, elles n’auraient qu’une durée de vie limitée. Cependant, une interruption de ses exportations est à double tranchant pour l’Iran : en se privant des ressources pétrolières qui constituent environ 90 % de ses recettes budgétaires, l’Iran verrait exploser son déficit. Le ministre iranien du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, a d’ailleurs expliqué mardi que son pays n’avait « aucune raison » d’interrompre ses exportations. « Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied en termes économiques », remarque Veronica Smart, analyste à l’Energy Information Center. C’est également la raison pour laquelle il semble difficilement envisageable que des sanctions contre l’Iran prennent la forme d’un embargo pétrolier. « Les parties concernées sont interdépendantes et ont tout intérêt à ne pas en arriver à des extrêmes », souligne Alexandre Kervinio. Mais les analystes, voulant se préparer à toute éventualité, ne sous-estiment pas la capacité de l’Iran à jouer du levier pétrolier sans en subir les conséquences. L’arme pétrolière est « une chose bien concrète », reprend Alexandre Kervinio, pour qui le quatrième producteur mondial, qui dispose de 10 % des réserves du globe, a une carte stratégique à jouer. L’une des solutions envisageables serait de cesser d’exporter sur les marchés et de passer des contrats directement avec des pays partenaires. Dans cette optique, la Chine et l’Inde, aux besoins très élevés en énergie, pourraient se montrer intéressés par un système garantissant leur approvisionnement. « C’est une possibilité », reconnaît Veronica Smart, « cela permettrait (à l’Iran) d’atteindre son but, sans endommager ses finances ». L’autre atout dont dispose l’Iran, s’il voulait mettre un grain de sable dans la machine du commerce mondial, est son contrôle sur le détroit d’Ormuz, qui relie le golfe Persique à la mer d’Oman, et constitue un passage stratégique de première importance. Même si les sanctions internationales contre l’Iran ne se concrétisent pas immédiatement – et le processus pourrait s’étirer entre un mois et un an, estiment les experts – la menace n’en plane pas moins. Selon certains analystes, cette seule menace explique qu’une « prime de risque » de 15 à 20 dollars gonfle à l’heure actuelle les prix du brut, déconnectés des facteurs de l’offre et de la demande.
Une traduction de l’Iran devant le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait se solder par une hausse des cours du pétrole, l’un des leviers sur lesquels la République islamique peut agir pour riposter, estiment des experts.
L’Iran a déjà prévenu qu’il était prêt à réagir en cas de sanctions de la communauté internationale. Malgré sa volonté affichée de...