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Coupe Davis - À la veille du voyage, le sélectionneur national Hussein Badreddine déballe tout à « L’orient-Le jour » L’équipe du Liban vit dans le doute avant d’affronter la Nouvelle-Zélande

L’équipe du Liban de Coupe Davis s’envole aujourd’hui pour Auckland afin d’affronter son homologue néo-zélandaise, dans le cadre du premier tour de la zone 2 Asie-Océanie qui se disputera du 10 au 12 février. Composée des joueurs Patrick Chucri, Karim Alayli et Wahib Makniyeh, jeune homme de 19 ans sur qui l’équipe pourra compter dans les années à venir, la délégation sera présidée par Hussein Badreddine, capitaine et sélectionneur national. En marge de cet événement, « L’Orient-Le Jour » s’est entretenu avec Badreddine afin de lever le voile sur la préparation, les chances et, surtout, l’avenir de l’équipe libanaise en Coupe Davis. Dix-sept juillet 2005, Golf Club de Beyrouth. Au terme d’un week-end tennistique d’anthologie, Karim Alayli remporte le dernier simple qui l’opposait au Philippin Johnny Arcilla et assure le point de la victoire du Liban face aux Philippines, permettant du coup à son pays de se maintenir dans la zone 2 Asie-Océanie de la Coupe Davis. Ce jour-là, Alayli enregistrait la première victoire en simple de sa carrière en Coupe Davis. Patrick Chucri, qui avait dû batailler avec les crampes tout au long de la série, pouvait sortir un ouf de soulagement, tandis que l’émotion du capitaine et sélectionneur national Hussein Badreddine, au bord des larmes, était indescriptible. Le tennis libanais pouvait savourer tranquillement sa victoire. Sept mois plus tard, à la veille d’affronter la Nouvelle-Zélande pour le compte du premier tour de la même zone, la donne a complètement changé. Premièrement, la Nouvelle-Zélande n’est pas les Philippines. Nation forte du tennis mondial, elle comporte parmi ses rangs des joueurs dont le classement ATP peut faire pâlir d’envie nos joueurs. À l’instar de Mark Nielsen (305e), Daniel King-Turner (622e), ou José Statham (629e). La paire du double composée de Nielsen et Adam Thompson compte à son palmarès plusieurs victoires de marque. Habituée à évoluer en zone 1, la Nouvelle-Zélande est tête de série numéro un de ce groupe. Deuxièmement, le Liban disputera la série loin de ses bases, à Auckland plus précisément. L’équipe nationale ne pourra pas donc profiter du support du public, bien au contraire. Équipe négligée Mais le plus grand hic réside dans l’état d’esprit qui entoure actuellement le groupe libanais. Alors que toutes les chances devraient être du côté de la sélection afin d’aborder sereinement cette rencontre cruciale, c’est malheureusement le manque de support technique qui l’emporte, au grand dam des joueurs. Comme si l’exploit face aux Philippines ne méritait pas d’être entretenu. À titre d’exemple, on pourrait citer, en vrac, le manque de moyens financiers, ainsi que l’absence totale de suivi de l’équipe de la part de la plupart des membres de la fédération, qui ne se sentent pas concernés. Pour eux, leurs titres fonctionnels sont apparemment suffisants… « Et c’est bien dommage, souligne, avec amertume, Hussein Badreddine. La sélection nationale ne dispose d’aucun support technique, d’aucun suivi. Le strict minimum n’est même pas fait. C’est désolant. » « Je ne comprends pas comment nous pourrions nous qualifier pour la zone 1, ou, pour le moins, nous maintenir en zone 2, si personne ne daigne s’intéresser à cette équipe », s’exclame le sélectionneur national. « En septembre, le Liban a obtenu la troisième place lors des championnats arabes, avec également une médaille de bronze individuelle décrochée par Patrick Chucri. Jusqu’à ce jour, nous n’avons malheureusement pas reçu de félicitations ou d’encouragements de la part des responsables sportifs. Cela n’est pas permis dans le sport professionnel », a renchéri Badreddine. « Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir dans nos rangs les deux meilleurs Libanais, à savoir Patrick Chucri et Karim Alayli. Ce sont deux joueurs qui ont participé individuellement à des tournois internationaux et qui ont acquis une grande expérience, note Badreddine. C’est avec beaucoup d’amour qu’ils portent les couleurs du Liban en Coupe Davis, mais pensez-vous qu’ils pourront accepter éternellement d’être autant négligés ? » Sans pression en Nouvelle-Zélande Ces propos, c’est avec dépit que le sélectionneur national les a lancés. Et il y a de quoi… Sport populaire, surtout dans le milieu aisé, le tennis est classé deuxième meilleure discipline au Liban, derrière le basket-ball. « Le Liban flirte avec la 60e place mondiale (parmi 140 NDLR), un classement plus qu’honorable pour notre petit pays. Mais au rythme où vont les choses, ça ne m’étonnerait pas que nous dégringolions à la 120e place », analyse Badreddine. Mais pourtant, Patrick et Karim possèdent bien le niveau nécessaire pour maintenir le Liban en zone 2 ? « Sûrement, mais à condition qu’ils acceptent toujours de représenter le Liban en Coupe Davis, assure Badreddine. Le manque d’encouragement et de support affecte énormément leur motivation et leur préparation. Il ne faut pas oublier que ces jeunes hommes quittent leur pays, leurs parents et leur travail afin de répondre présent à leur devoir national. » « Mais quand ils ne reçoivent rien en contrepartie et que rien n’est mis à leur disposition pour qu’ils progressent, ça devient dur de continuer », glisse Badreddine, dont l’expérience en Coupe Davis n’a rien à envier à qui que ce soit : 5 ans en tant que joueur et 6 ans en tant que sélectionneur national, dont deux en tant que capitaine. Malgré tous ces obstacles, la sélection libanaise ira en Nouvelle-Zélande sans pression, avec l’habit d’outsider. « Patrick et Karim sont deux joueurs professionnels et responsables surtout, affirme Badreddine. Ce n’est pas en touristes qu’ils iront en Nouvelle-Zélande, mais pour donner le meilleur d’eux-mêmes. » « Nous irons pour gagner, renchérit le capitaine. Nous n’irons pas battus d’avance. Techniquement, je veillerais à ce qu’ils ne rééditent pas les mêmes erreurs commises face aux Philippines. » Démission ? « En quelque sorte, cette série constituera un vrai test avant la prochaine rencontre en avril. Si nous parvenons à nous imposer en Nouvelle-Zélande, nous jouerons le deuxième tour afin de tenter la montée en zone 1, clarifie Badreddine. Et si nous sommes battus, nous affronterons le perdant de la série qui oppose le Koweït au Kazakhstan afin d’assurer notre maintien en zone 2. Avec une équipe au complet, puisque nous enregistrerons les retours de Hicham Zaaytini et Ali Hamadeh. » Mais alors, qu’est-ce qui vous motive toujours à faire partie de la sélection, alors que de nombreuses choses essentielles et élémentaires restent indisponibles ? « Malgré tous les remous, nous formons une équipe unie et bien soudée. C’est cette complicité que nous partageons qui nous pousse à donner encore le meilleur de nous-mêmes », répond Hussein Badreddine. « Mais franchement, je ne sais pas jusqu’à quand nous pouvons supporter cela. » « Par la même occasion, j’aimerais adresser un message aux responsables du sport, en général, et du tennis, en particulier. Les choses ne peuvent et ne doivent continuer de la sorte. Il est honteux de voir nos joueurs se donner corps et âme alors que les responsables manquent cruellement de professionnalisme, a conclu Badreddine. Ceci n’est permis que dans les républiques bananières. » Le message est on ne peut plus clair. La balle est aujourd’hui dans le camp de la Fédération libanaise de tennis, du Comité olympique libanais et du ministère de la Jeunesse et des Sports. Ne serait-il vraiment pas idiot de perdre nos meilleurs éléments à cause de certains responsables qui ont failli dans leurs tâches ? Et, franchement, qu’est-ce qui serait plus subtil : acculer nos brillants joueurs à jeter l’éponge ou bien voir certains responsables céder leurs places à des personnes plus compétentes ? Nadim MAKHOUL
L’équipe du Liban de Coupe Davis s’envole aujourd’hui pour Auckland afin d’affronter son homologue néo-zélandaise, dans le cadre du premier tour de la zone 2 Asie-Océanie qui se disputera du 10 au 12 février. Composée des joueurs Patrick Chucri, Karim Alayli et Wahib Makniyeh, jeune homme de 19 ans sur qui l’équipe pourra compter dans les années à venir, la...