Terrorisme - Évaluation annuelle des risques devant la commission du Sénat sur le Renseignement Negroponte formel : El-Qaëda demeure la principale menace pour les États-Unis

Le réseau terroriste el-Qaëda constitue toujours la principale menace pour les États-Unis, qui s’inquiètent également de l’Iran et de la Corée du Nord, a affirmé hier le directeur du renseignement américain, John Negroponte, dans son évaluation annuelle des menaces. «Notre principale inquiétude concerne el-Qaëda », a dit M. Negroponte, lors d’une audition devant la commission du Sénat sur le Renseignement. « Nous avons éliminé la plupart des dirigeants qui étaient à la tête d’el-Qaëda en 2001 et la lutte contre le terrorisme menée par les États-Unis en 2005 continue à contrecarrer ses opérations, à se débarrasser de ses dirigeants et à détruire sa structure », a-t-il affirmé. M. Negroponte a toutefois jugé que « les principaux éléments de l’organisation préparent encore des attentats contre les États-Unis et d’autres cibles à partir de leurs bases à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan ». « Le groupe essaiera de mener des attaques ayant un grand impact tant que sa structure de commandement fonctionne et que les groupes affiliés sont capables de servir ses intérêts », a-t-il dit. La « fréquence » des déclarations du numéro deux d’el-Qaëda, Ayman Zawahiri, « au cours de l’année écoulée indique qu’el-Qaëda juge prioritaire la propagande par ses principaux dirigeants », a estimé le directeur du renseignement national. M. Negroponte a rappelé que le « mouvement jihadiste mondial » est composé d’autres « organisations sunnites extrémistes ». Selon lui, « ces groupes représentent un danger moins important pour le territoire américain qu’el-Qaëda, mais ils menacent de manière croissante nos alliés et nos intérêts à l’étranger ». Il a pris pour exemple le réseau islamiste régional Jamaa islamiya (JI), implanté en Asie du Sud-Est et réputé lié à el-Qaëda, et à des groupes pakistanais. La menace terroriste vient également « de nouveaux réseaux », qui « reflètent les efforts du mouvement jihadiste pour exploiter les sentiments de frustration et d’impuissance de certains musulmans et alimenter l’impression que les États-Unis sont antimusulmans », a estimé M. Negroponte. Ces « individus, groupes, cellules sans affiliation représentent une menace différente de celle posée par une organisation. Ils sont plus difficiles à repérer et représentent un sérieux défi aux services de renseignements », a-t-il ajouté. Selon lui, les attentats de Madrid et de Londres sont le fait de ces nouveaux réseaux « qui ont tiré leur inspiration d’el-Qaëda, mais semblent opérer de manière autonome ». Le plus haut responsable du renseignement américain a également souligné que la prolifération des armes de destruction massive constitue la deuxième grande inquiétude des autorités américaines, avec l’Iran et la Corée du Nord en ligne de mire. « Nous estimons que Téhéran n’a probablement pas encore d’arme nucléaire et n’a probablement pas encore produit ni acquis les matériaux fissiles nucléaires », a dit M. Negroponte. « Toutefois, le danger qu’il acquière une arme nucléaire et sa capacité à l’intégrer aux missiles balistiques qu’il possède déjà sont une source d’inquiétude immédiate », a-t-il ajouté. Concernant la Corée du Nord, il a jugé que les affirmations de Pyongyang, selon lesquelles il détient des armes nucléaires, « sont probablement vraies », et rappelé qu’il « a menacé de répandre ces armes à l’étranger ». « Son attitude menace nos alliés, la Corée du Sud et les troupes américaines dans la péninsule. Pyongyang vend des armes conventionnelles en Afrique, Asie et au Proche-Orient, et a vendu des missiles balistiques à plusieurs pays du Proche-Orient, déstabilisant un peu plus ces régions », a-t-il estimé. M. Negroponte a admis que le renseignement américain ne savait pas « quelles conditions la Corée du Nord accepterait pour renoncer complètement à ses armes nucléaires et à son programme d’armement ». Enfin, sur l’Irak, M. Negroponte a indiqué qu’il y a des signes de « conflit ouvert » entre insurgés, ce qui est « encourageant » et doit être exploité. Il a par ailleurs estimé que les divisions communautaires entre chiites, sunnites et Kurdes risquaient de gêner le développement des forces de sécurité irakiennes qui sont destinées à remplacer les troupes américaines. M. Negroponte a souligné que l’un des principaux problèmes en Irak est le mécontentement des sunnites. « Les insurgés continuent à montrer leur capacité à recruter » dans cette communauté, a-t-il dit.