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Actualités - OPINION

À égale distance... Est-ce possible ?

À l’issue d’une réunion du bloc du Changement et de la Réforme (CPL), les leaders de ce groupement ont eu un échange de propos avec la presse, notamment an-Nahar et L’Orient-Le Jour (du 24/1/06). Il y a eu aussi une longue interview du général dans le Magazine du 20/1/2006. Après l’avoir lue, on a les idées moins claires qu’avant. Il en résulte que le Courant patriotique libre du général Aoun veut se tenir à égale distance de toutes les tendances politiques. Mais comment, dans un pays qui se débat dans des problèmes majeurs mettant en cause son existence même, peut-on observer cette attitude olympienne consistant à dire : « Nous sommes disposés à dialoguer avec tout le monde. Que eux viennent, et nous causerons des options du pays » ? Le plus préoccupant est le problème des relations avec le Hezbollah. Lorsque le CPL a déclaré qu’il s’apprêtait à dialoguer avec ce dernier, plusieurs amis et partisans ont été interloqués, voire troublés. Ils ne pouvaient oublier de sitôt les prises de position tonitruantes et les proclamations antinomiques du Hezb. Ainsi, le chef du groupe parlementaire du Hezb, M. Mohammed Raad, venait de déclarer solennellement : « Ceux qui sont les chantres de la 1559 deviendront les hommes-liges et les laquais des Américains » (voir an-Nahar du 24/4/05). Bien plus, dans une interview au quotidien al-Hayat du 18 janvier, sayyed Hassan Nasrallah exprime son souci de constater que les Libanais s’avèrent « incapables de gérer eux-mêmes leurs propres affaires », laissant entendre par là qu’ils ne pourront se passer de se faire aider par un frère arabe dans cette gestion. Heureusement, il s’est trouvé, pour lui répliquer, la plume cinglante d’Edmond Saab dans le Nahar du 20/1/06. On peut citer d’autres exemples qui rendent impossible pour un patriote de se « tenir à égale distance » de toutes les autres tendances politiques. Notamment lorsque le président syrien, en plein Parlement et dans un discours retentissant, a adressé au chef du gouvernement libanais les injures les plus basses. Le lendemain, lorsque celui-ci, à la réunion du cabinet, a ouvert la bouche et prononcé le premier mot pour évoquer cet affront, les ministres chiites ont quitté la réunion en claquant la porte. Établir un dialogue avec eux sans même un préalable d’excuses ou de regret pour cet esclandre serait inconcevable. Dans ces conditions, il est à craindre que nombre de Libanais qui se sont réjouis de l’accueil triomphal fait en mai 2005 au général revenant d’exil ne se mettent à reconsidérer leur position vis-à-vis du parti auquel ils avaient ouvert les bras. Car on ne peut naviguer entre deux eaux. Seule la vérité peut sauver. Albert SARA P.S. La lecture des déclarations du général Aoun parue dans L’Orient-Le Jour du 25 janvier 2006 appelle une remarque étroitement liée au texte ci-dessus, qui souligne une chose essentielle : que l’attitude du CPL vis-à-vis du Hezb manque de clarté. En effet, le général a insisté par deux fois sur son but de « protéger le Liban ». Or, dans ces mêmes colonnes, nous avions autrefois mis en relief la prétention outrancière du Hezb de « protéger le Liban », et c’est l’argument fondamental de celui-ci pour s’acharner contre la 1559 et conserver ses armes (menaçant même plus d’une fois de « couper la main » de celui qui voudrait les désarmer). Chose frappante : les mêmes mots ont deux sens absolument antinomiques, suivant le discours de chacun, et sont simultanément employés par des parties dites « en dialogue ». Cela augmente le trouble dans les esprits.
À l’issue d’une réunion du bloc du Changement et de la Réforme (CPL), les leaders de ce groupement ont eu un échange de propos avec la presse, notamment an-Nahar et L’Orient-Le Jour (du 24/1/06). Il y a eu aussi une longue interview du général dans le Magazine du 20/1/2006. Après l’avoir lue, on a les idées moins claires qu’avant.
Il en résulte que le Courant...