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quelques gangs ruinent la réputation de toute la communauté, constate l’ambassadrice d’Australie

Un «incident ponctuel» qui a pris fin et qui est considéré par le gouvernement australien comme une «bataille de gangs et non pas comme des émeutes raciales». Des «heurts qui ont débordé à cause de l’abus d’alcool», avec tout ce que cet abus implique comme violences et comportements anarchiques. Mais des «heurts graves et inacceptables, qui ont pris pour cible des Australiens d’origines libanaise et méditerranéenne». C’est ainsi que l’ambassadrice d’Australie au Liban, Stephanie Shwabsky, qualifie les incidents auxquels a été mêlée la communauté d’origine libanaise d’Australie, en décembre dernier. «Un certain dimanche, raconte-t-elle, un groupe de jeunes gens de 18 à 22 ans, dont les médias ont raconté qu’ils étaient d’origine libanaise, mais qui sont considérés comme australiens par le gouvernement, ont eu une altercation avec des sauveteurs. L’altercation a pris de l’ampleur et les jeunes gens ont insulté et attaqué les sauveteurs. Il est important de savoir que les maîtres nageurs occupent une place très importante dans la société australienne. Non seulement ils aiment la plage, mais ils sont volontaires et considèrent leur tâche comme un service communautaire. C’est pourquoi la société australienne les voit comme des dieux et ne supporte pas qu’ils soient insultés ou attaqués. C’est aussi la raison pour laquelle cette altercation a pris une tournure particulièrement importante.» Les violences des deux bords seront sanctionnées Et Mme Shwabsky d’expliquer que des jeunes d’origine anglo-celtique ont décidé de se venger, faisant part de leur volonté d’éliminer les Libanais et les Arabes de cette plage populaire. «Après avoir battu le rappel par SMS, ils se sont retrouvés le dimanche suivant sur la plage de Cronulla, où ils ont attaqué des Australiens d’origines libanaise et méditerranéenne.» «Ils étaient sous l’influence de l’alcool, déplore l’ambassadrice, et les choses ont rapidement débordé, d’autant plus que la police n’était pas présente en nombre suffisant.» Mais les incidents ont finalement pris fin et l’affaire est aujourd’hui close, car «la police a sévèrement réagi, procédant à de nombreuses arrestations dans les deux camps. Ces actes de racisme, mais aussi l’abus d’alcool, ont été condamnés par la société et seront sanctionnés par le gouvernement car il est inacceptable que les gens soient attaqués à cause de leurs origines. Quant aux jeunes qui ont attaqué les sauveteurs, ils seront eux aussi sanctionnés», poursuit-elle. L’ambassadrice tient à affirmer à ce propos que la société australienne n’est pas raciste, même si le racisme peut exister en Australie, comme dans toute société. Elle insiste sur la nécessité de comprendre la société australienne. Une société qui a accueilli des émigrants de 200 nationalités différentes. Le quart de la population australienne est né à l’étranger et 43% des Australiens sont issus d’un ou de deux parents nés à l’étranger. «Nous sommes une société mixte, multiculturelle, multiethnique, multiconfessionnelle, et nous sommes fiers d’être une société tolérante qui ne fait aucune discrimination et qui respecte chaque individu.» Tout émigrant qui prend la nationalité australienne est considéré comme Australien et a automatiquement les mêmes droits que les Australiens. Mais parallèlement, le gouvernement attend des émigrants qu’ils s’adaptent, adoptent les habitudes australiennes et respectent les lois. «Nous trouvons ainsi impensable, dit-elle à titre d’exemple, que certaines familles, toutes confessions confondues, ramènent leurs filles mineures au Liban pour les marier contre leur gré, car elles considèrent que l’Australie est trop libre.» Or, poursuit Stephanie Shwabsky, une certaine frange des Libanais ayant émigré en Australie «rencontre de grandes difficultés d’adaptation». Des difficultés qui ont handicapé leurs enfants, nés en Australie et donc australiens. «Ces derniers n’ont pas poursuivi leurs études, car ils se trouvaient constamment en situation d’échec. Ils se sont retrouvés au chômage ou alors ne perçoivent que de très modestes revenus, peu d’opportunités se présentant à eux. Habitués de la rue, ils ont glissé vers la criminalité. L’Australie a donc aujourd’hui ses “gangs libanais” au même titre que ses “gangs chinois ou vietnamiens”», constate-t-elle. Même s’ils ne représentent que 200 à 300 personnes au total, ces gangs ruinent la réputation de toute la communauté d’origine libanaise. 300000 émigrés libanais Une communauté qui est formée d’environ 300000 personnes, dont le tiers est né au Liban. Le reste est composé d’enfants et de petits-enfants de personnes nées au Liban, qui se considèrent indiscutablement australiens d’origine libanaise. Une grande partie de cette communauté garde des attaches au Liban, notamment avec ses villages d’origine, et vient y passer régulièrement ses vacances, mais l’essentiel de sa vie et de ses occupations professionnelles se trouve en Australie. C’est vers la fin du XIXe siècle que les Libanais ont émigré en Australie pour la première fois, indique Mme Shwabsky. L’émigration la plus importante a eu lieu il y a une soixantaine d’années. Ces émigrés, appartenant à la communauté chrétienne du Nord, venaient par villages entiers de Zghorta et de la vallée de la Qadisha. Durant la guerre, des Libanais de toutes les régions du pays et de toutes les confessions, notamment des musulmans, ont ensuite rejoint leurs familles en Australie à la recherche d’une qualité de vie meilleure. Aujourd’hui, ils pratiquent librement leur religion, mais il faut réaliser qu’après les actes terroristes du 11 septembre 2001, la communauté musulmane subit une pression à l’échelle internationale. Stephanie Shwabsky ne veut pas clôturer l’entrevue sur une note négative: «On ne demande pas la religion de l’autre en Australie», précise-t-elle. Elle évoque aussi les nombreux cas de réussites de Libanais dans l’industrie de la construction, le commerce et la politique. Quant au regroupement familial, il se poursuit régulièrement. Environ 1000 à 2000 Libanais émigrent chaque année pour rejoindre leurs familles, alors que 5000 visas de tourisme sont délivrés chaque année pour permettre aux Libanais de rendre visite à leurs familles. L’ambassadrice ne peut s’empêcher d’ajouter que l’Australie est un pays d’émigration, qui est à la recherche de personnes cultivées ou ayant une profession. Des personnes prêtes à travailler dur pour percer et se tailler une place dans la société australienne. À bon entendeur…
Un «incident ponctuel» qui a pris fin et qui est considéré par le gouvernement australien comme une «bataille de gangs et non pas comme des émeutes raciales». Des «heurts qui ont débordé à cause de l’abus d’alcool», avec tout ce que cet abus implique comme violences et comportements anarchiques. Mais des «heurts graves et inacceptables, qui ont pris pour cible des...