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Histoire - Un film qui réveille le sentiment patriotique des jeunes Japonais en racontant la fin tragique du navire Le cuirassé « Yamato »

Hideyuki Machida, 28 ans, a pleuré tout au long du film narrant l’épopée patriotique du Yamato, légendaire cuirassé géant coulé en avril 1945 par les Américains. Mais il n’a pas eu honte parce que les autres jeunes assis à côté de lui dans la salle étaient eux aussi en larmes. « Je voudrais que l’on puisse accepter le patriotisme sans être nécessairement et curieusement associé à un stéréotype d’extrême droite. Mais de nos jours, il est de bon ton de ne pas se sentir patriote », regrette le jeune homme à la sortie, déclenchant l’approbation générale de ses amis. À l’instar de Machida, les jeunes Nippons se précipitent en rangs serrés dans les salles pour voir Yamato : la dernière bataille du réalisateur Junya Sato, qui raconte la destruction du cuirassé, symbole de la puissance militaire impériale, coulé à la fin de la guerre du Pacifique lors d’une mission-suicide contre l’US Navy au large d’Okinawa. Quelque 400 avions américains déversèrent un déluge de feu sur le monstre de 65 000 tonnes. Seuls survécurent 267 marins japonais sur 3 333. Ce film à grand spectacle est solidement accroché à la deuxième place du box-office, avec 1,6 million de spectateurs, derrière le dernier Harry Potter mais largement devant le remake de King Kong (1,13 million). Selon Minoru Harada, employé dans un cinéma de Tokyo, les spectateurs les plus émus à la sortie sont non seulement les gens âgés ayant vécu la Seconde Guerre mondiale mais aussi les jeunes de 20 ou 30 ans. M. Harada entend souvent des applaudissements dans la salle. Depuis 1945, nombre de films et de livres ont relaté la fin tragique du Yamato, un épisode qui occupe une place privilégiée dans l’imaginaire des Japonais. Toutefois, selon Yutaka Yoshida, historien à l’Université Hitotsubashi, le film de Junya Sato est représentatif d’une nouvelle vision du passé de plus en plus en vogue au Japon. « Embellir la guerre est un phénomène nouveau. Les vieux films de guerre contenaient toujours une critique plus ou moins explicite du haut commandement de la marine nippone », souligne M. Yoshida. Sorte de Titanic à la mode samouraï, le film est un hommage aux jeunes marins anonymes du Yamato qui, par leur sacrifice, ont – c’est le message – permis après la guerre le réveil du Japon, devenu démocratie pacifiste et géant économique. « Je n’ai pas pu retenir mes larmes au moment où Kamio (le héros) s’agenouille devant la mère de son ami et s’excuse d’être revenu en vie », témoigne un jeune spectateur. Emblématique des années Koizumi, la sortie du Yamato a pour contexte une crise aiguë avec la Chine, à cause d’un passé qui divise, et l’affirmation de soi – d’aucuns parlent de néonationalisme – d’un Japon las de se repentir. Le Yamato succède à plusieurs autres films de guerre tournés récemment (Lorelei, Aegis, Commando Samouraï 1549), souvent à la gloire de la marine japonaise d’hier et d’aujourd’hui. Il doit être suivi, au printemps 2007, d’un film du maire-écrivain nationaliste de Tokyo, Shintaro Ishihara, en hommage aux pilotes kamikazes de 1944-1945, dont il a écrit le scénario et intitulé Je vais mourir pour nul autre que vous.« La vision selon laquelle la paix et la prospérité actuelle du Japon sont fondées sur le sacrifice des soldats tombés au champ d’honneur est de plus en plus répandue au Japon », affirme le professeur Yoshida. « C’est ce que certains universitaires appellent le nationalisme cicatrisant », analyse l’historien, selon qui « beaucoup de jeunes ont perdu confiance dans leur propre pays pendant la longue stagnation économique des années 1990, et cherchent maintenant une façon de se rassurer dans le nationalisme ».

Hideyuki Machida, 28 ans, a pleuré tout au long du film narrant l’épopée patriotique du Yamato, légendaire cuirassé géant coulé en avril 1945 par les Américains. Mais il n’a pas eu honte parce que les autres jeunes assis à côté de lui dans la salle étaient eux aussi en larmes. « Je voudrais que l’on puisse accepter le patriotisme sans être nécessairement et...