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Le magazine masculin, dans sa version locale, devrait commencer à être distribué en mars « Vade retro Playboy », tempêtent les musulmans indonésiens

Les religieux conservateurs du plus grand pays musulman du monde ont enfourché un même cheval de bataille : empêcher la prochaine parution du magazine Playboy, au nom de la moralité selon eux en danger. L’éditeur local a pourtant assuré qu’il diffuserait une version très édulcorée du journal de charme, respectant la loi indonésienne qui prohibe la nudité. Mais l’argument n’a pas touché les responsables islamiques, furieux à l’idée qu’un nouvel avatar occidental « avilisse » les 200 millions d’Indonésiens qui suivent l’islam. « L’Indonésie n’est pas l’Europe ou l’Amérique, où la culture concernant la nudité est totalement différente de la nôtre », s’est emporté Hasyim Muzadi, qui préside le Nahdlatul Ulama (NU), la plus importante organisation musulmane d’Indonésie et du monde (40 millions de membres). Playboy « n’a pas sa place dans nos normes sociales et dans notre culture. La pornographie, quelle que soit la façon dont elle se déguise, va simplement corrompre la moralité de la jeunesse et provoquer des catastrophes comme une hausse des viols et des harcèlements sexuels », a-t-il poursuivi. Le Nahdlatul Ulama exige non seulement la révocation de l’autorisation de publier Playboy en Indonésie, mais également l’interdiction de concurrents indonésiens déjà sur le marché. Depuis la chute du dictateur Suharto en 1998, des dizaines de titres sur papier glacé, souvent franchisés, ont fleuri en Indonésie. Des conseils pour améliorer sa vie sexuelle aux photos de femmes lascives en bikini, cette presse émancipée ose beaucoup, mais, menacée de la censure, se cantonne dans certaines limites. Sous le manteau se vendent également beaucoup de DVD et VCD, copies de films X, au tarif unitaire de 6 000 roupies (un demi-euro). « Légaliser Playboy en Indonésie revient à légaliser la pornographie, qui est déjà incontrôlable en raison de la diffusion des DVD et VCD piratés et de l’Internet », a déploré Hasyim Muzadi. « La publication de Playboy tel que nous le connaissons va encore davantage détruire la moralité de la nation. Cela sera une catastrophe pour l’Indonésie », a abondé Irfan Awwas, président du Conseil des moudjahidine indonésiens, une organisation radicale. Le magazine devrait commencer à être distribué en mars. Mais des exemplaires importés illégalement sont déjà en vente au marché noir. Au marché Kwitang de Djakarta, où s’échangent les livres d’occasion, un vendeur nommé Jimmy propose ainsi un numéro remontant à novembre 2004. Ce pieux musulman de 23 ans conjugue bien sa foi et son commerce. « Dieu permet à chacun de gagner sa vie. Je pense qu’il y aura toujours des clients pour m’acheter ces magazines », dit-il. Sa plus grande crainte n’est pas d’ordre divin mais plutôt de se faire arrêter par les policiers, trop heureux selon lui de confisquer et de détourner cette presse pour adultes pour leur propre usage. Mettre un terme à la polémique par voie judiciaire s’annonce difficile. Les parlementaires indonésiens tentent depuis plus d’un an de s’accorder sur une nouvelle loi antipornographie. L’exercice s’est transformé en un vaste casse-tête, en particulier pour le chapitre concernant la presse. Les législateurs « semblent ne pas arriver à décider comment dresser les catégories des films et des publications », a expliqué Leo Batubara, un haut responsable du Conseil de la presse indonésienne.

Les religieux conservateurs du plus grand pays musulman du monde ont enfourché un même cheval de bataille : empêcher la prochaine parution du magazine Playboy, au nom de la moralité selon eux en danger. L’éditeur local a pourtant assuré qu’il diffuserait une version très édulcorée du journal de charme, respectant la loi indonésienne qui prohibe la nudité. Mais...