Football - La sécurité, souci majeur des organisateurs de la Coupe du monde La police allemande affine son dispositif face aux hooligans

La police allemande affine son dispositif face aux hooligans, qui ne manqueront pas de s’infiltrer parmi les millions de spectateurs des 64 matches du Mondial 2006 de football programmés dans douze villes allemandes, en juin et juillet. « Le rendez-vous de l’amitié », slogan pacifique du Mondial, s’inscrit donc en contrepoint des inquiétudes des Allemands en matière de sécurité publique : 77 % d’entre eux, selon un sondage de l’institut TNS Emnid, s’attendent à des actes de vandalisme des hooligans dans les centres des villes où se tiennent les matches du Mondial, et les deux tiers à des affrontements dans les stades. Ces craintes, prises très au sérieux par la police, ne doivent pas pour autant créer à l’avance un sentiment de panique injustifié, prévient Michael Endler, expert du hooliganisme à l’Office régional de la police de Rhénanie du Nord-Westphalie (Ouest). « Tous les supporteurs qui brandissent des drapeaux, même s’ils ont un verre d’alcool à la main, ne sont pas pour autant violents », explique-t-il. Au sein de l’office régional, la Cellule d’information centrale sur les manifestations sportives (ZIS) jouera un rôle central dans la prévention et la répression des affrontements entre supporteurs violents. Les 150 policiers de la ZIS tiennent depuis 1992 un fichier détaillé des 10 000 supporteurs allemands considérés comme violents ou enclins à la violence. Collaboration internationale À quatre mois du début de la compétition, le 9 juin, ils ont déjà recueilli des informations sur les fauteurs de troubles potentiels dans le monde entier, qui leur permettront de planifier leurs interventions lors des matches à risques. « Nous recevrons quotidiennement d’ici au Mondial entre 800 et 1 000 informations, en provenance d’Allemagne et de l’étranger », précise Michael Endler. Les policiers allemands ont également bénéficié des expériences de leurs collègues internationaux, spécialistes des hooligans de leur pays et déjà présents lors de l’Euro 2004 au Portugal, théâtre de bagarres entre supporteurs anglais et policiers portugais. Cet été, ils épauleront leurs homologues allemands à l’intérieur même des stades pour surveiller « leurs » supporteurs fichés. Une estimation précise sur le nombre de hooligans qui pourraient rallier l’Allemagne « ne sera possible que peu avant le début de la compétition », prévient toutefois le policier, qui refuse de nommer pour l’instant les principaux pays à risques : l’Angleterre, les Pays-Bas ou l’Allemagne. Si les stades devraient être épargnés par les violences en raison d’une forte mobilisation policière, les centres-villes et les places où 236 écrans géants seront disséminés dans le pays pendant la compétition inquiètent le Syndicat de la police allemande (GdP). Lors du Mondial 98 en France et de l’Euro 2000 aux Pays-Bas et en Belgique, les principaux affrontements entre supporteurs avaient eu lieu dans les rues, avant ou après les rencontres. 3 500 indésirables britanniques L’incident le plus grave avait eu lieu en France, quand le gendarme français Daniel Nivel avait été sauvagement battu par des supporteurs allemands appartenant à un groupe de 500 néonazis venus à Lens (Nord) pour le match Allemagne-Yougoslavie. Les hooligans allemands et polonais se sont déjà mis en vedette ces derniers mois, alors que leurs équipes respectives se retrouveront dans le groupe A au premier tour du Mondial 2006. En novembre dernier, une bataille rangée a opposé une centaine de hooligans des deux pays à Briesen, à la frontière germano-polonaise. Huit mois auparavant, les hooligans allemands avaient déjà perturbé le match de préparation de l’Allemagne en Slovénie, à Celje, où cinquante personnes avaient été interpellées après des incidents autour et dans le stade. La Grande-Bretagne a, quant à elle, déjà annoncé que près de 3 500 fauteurs de troubles potentiels britanniques seront empêchés de se rendre en Allemagne pour le Mondial.