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Actualités - REPORTAGE

GROS PLAN - Ses exploits et ses graffitis ont fait le tour de la planète Banksy, artiste clandestin et subversif

Personne ne l’a jamais vu, mais il a beaucoup fait parler de lui. Ses exploits et ses graffitis ont fait le tour de la planète. Monsieur Banksy pénètre dans les musées avec de troubles intentions. Il ne veut pas y soustraire des chefs-d’œuvre, mais plutôt en ajouter. Dernièrement, il s’est rendu en Palestine et a décoré le mur de sécurité érigé par Israël d’images dénonciatrices et percutantes. Le tout sans perdre le sens de l’humour, se permettant de décrire le mur comme «la destination de vacances idéale pour les graffiteurs!». Mesdames et messieurs, Banksy, l’un des artistes tagueurs les plus connus du moment. Il s’est introduit subrepticement dans la cellule d’un éléphant au London Zoo pour inscrire sur le mur: «Je veux sortir. Cet endroit est trop froid. Le gardien pue. Ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux.» Au Musée d’histoire naturelle de Londres, il a exposé un rat empaillé portant des lunettes de soleil. Sur les cimaises du MOMA de New York (Museum of Modern Art) il a accroché une de ses toiles représentant une boîte de soupe. Il s’est aussi invité à la Tate Gallery où il a réussi à exhiber une de ses œuvres aux murs, en plein jour et à l’insu des gardiens. Voilà son modus operandi. Comme les cambrioleurs. Mais Banksy ne vole pas des œuvres, au contraire, il en offre gratuitement. Qui est-il? Banksy est anglais et tous les Britanniques connaissent son œuvre. Car il sévit également sur les murs de la ville. Ses pochoirs, à l’ironie sarcastique, constituent une critique en règle contre ce monde qui ne tourne pas rond. La cupidité, la corruption, la folie de la consommation sont les thèmes récurrents de ses travaux. Mais ce qui a quelque peu accéléré la notoriété de l’artiste-peintre, c’est qu’il soit parvenu à accrocher ses propres toiles aux murs des quatre plus grands musées d’art de New York; au milieu des tableaux des maîtres de l’art contemporain. L’on comprend alors que son anonymat soit vital. En raison des remous provoqués par ses œuvres, mais aussi pour les risques de poursuites judiciaires. Ses pochoirs en noir et blanc sont beaux, subtils et gentiment subversifs: des rats armés de perceuses, des singes avec des armes de destruction massive, des petites filles enlaçant un missile, des agents de police promenant de grands caniches très chics. Il signe ses œuvres en gros caractères énergiques. Parfois, il ne peint que quelques mots, des réflexions ironiques, des déclarations ou des incitations. Sur les monuments célèbres, il inscrit souvent: «Ceci ne vaut pas la peine d’être photographié.» Sur d’autres bâtiments publics, on peut lire: «Sur ordre de l’Agence nationale des autoroutes, cet espace est réservé aux graffitis.» Débuts au pochoir Il a commencé à 14 ans, alors qu’il n’était encore qu’un écolier malheureux. Dans un entretien accordé à Courrier International, il avoue que les grafs lui ont donné confiance en lui, à l’époque où le milieu du graffiti était en pleine ébullition à Bristol. «Comme je ne savais pas bien manier la bombe de peinture, j’ai commencé par découper des pochoirs. Au fond, le fait de taguer est avant tout une question de reconnaissance. La moitié de la ville peut t’appartenir si tu griffonnes ton nom dessus », dit-il. Dans cet article, une des rares interviews qu’il accorde, on apprend également qu’il «entretient un rapport ambigu avec les marques. Comme Naomi Klein (auteur de No Logo), il s’oppose aux grandes marques, mais il est lui-même devenu une marque. Au cours des deux dernières années, les grandes marques qu’il méprise l’ont contacté pour leur campagne publicitaire». Quelles sont les propositions qu’il refuse par principe? «J’ai déjà refusé quatre propositions de Nike, répond l’artiste désengagé. À chaque nouvelle campagne, ils me demandent de travailler pour eux, mais j’ai toujours refusé. En fait, la liste des boulots que je n’ai pas faits est beaucoup plus longue que celle des travaux que j’ai acceptés. Nike m’a pourtant proposé un beau paquet d’argent pour que je bosse pour eux.» Pourquoi a-t-il refusé? «Parce que je n’ai pas besoin de cet argent et que cela me déplaît de savoir que des enfants se tuent au travail pour des clopinettes.» Sur Banksy.co.uk, l’on peut faire plus ample connaissance avec ses œuvres et ses activités. On y découvre différentes fresques et pochoirs qui témoignent d’un véritable travail créatif et d’une imagination sans borne. L’originalité de ses créations et l’audace de ses expositions. Le site présente également tous les exploits du tagueur. Il propose aussi plusieurs articles reprenant ses prouesses, ainsi que des liens vers d’autres sites (principalement de graffitis). Subversif, provocateur, pertinent, Banksy nous rappelle que le «graf» est une discipline artistique à part entière. Son geste revendicatif démontre l’importance de ce qu’il critique. Il gratouille là où ça fait mal et prouve qu’il n’a pas que les mains pleines. Banksy, à quand un petit tour au Musée national de Beyrouth? Liens Internet Site officiel : www.bansky.co.uk Exposition : www.artofthestate.co.uk Ou encore : www.abigail.org.uk, www.ekosystem.org. et www.woostercollective.com Maya GHANDOUR HERT

Personne ne l’a jamais vu, mais il a beaucoup fait parler de lui. Ses exploits et ses graffitis ont fait le tour de la planète. Monsieur Banksy pénètre dans les musées avec de troubles intentions. Il ne veut pas y soustraire des chefs-d’œuvre, mais plutôt en ajouter.
Dernièrement, il s’est rendu en Palestine et a décoré le mur de sécurité érigé par Israël...