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Actualités - OPINION

Les armes et les urnes

Une succession d’erreurs inexcusables. Voilà comment résumer la lutte des Palestiniens pour créer leur État depuis plus d’un demi-siècle. Déjà en 1947, les Palestiniens avaient refusé, selon le principe du « tout ou rien », la résolution 181 des Nations unies qui créa l’État d’Israël sur presque la moitié de la Palestine. Soixante ans plus tard, les Palestiniens peinent toujours à construire un semblant d’État sur ce qu’il leur reste comme territoire après plusieurs guerres perdues. Entre-temps, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait accumulé les égarements, et les conséquences n’en furent que plus catastrophiques pour les Palestiniens eux-mêmes. C’est ainsi que la Jordanie a expulsé les fedayine palestiniens lors des sanglants combats du fameux « septembre noir » 1970, suite aux dérapages palestiniens. Le but ultime de l’OLP fut par la suite dévié quand les Palestiniens créèrent au Liban un État dans l’État, et le pays du Cèdre souffre toujours des séquelles de la politique de Yasser Arafat, chef de l’OLP à cette époque. Cet enlisement des fedayine dans des luttes marginales bien loin de la Palestine devait aboutir à leur expulsion de Beyrouth lors de l’invasion israélienne du Liban en 1982. Parallèlement, le « combat » palestinien se poursuivait tout au long des années 70 et 80 par des prises d’otages, des détournements de nombreux avions de ligne, des assassinats d’hommes politiques ou de civils américains, juifs ou israéliens. Les erreurs, les grosses erreurs ont continué avec le soutien de l’OLP au régime de Saddam Hussein lors de l’invasion irakienne en 1990 du Koweït, pays d’accueil pour des milliers de Palestiniens qui furent par la suite expulsés. De nos jours, et quatre ans après le lancement de la seconde intifada, la situation politique, économique et sociale des Palestiniens ne fait qu’empirer. Même la construction d’un État démocratique bute sur la corruption des uns et les rivalités des autres. Déjà en 1997, des associations des droits de l’homme se plaignaient des agissements des forces de l’ordre qui se comportaient pire que l’occupant israélien. Il n’est pas sans intérêt de souligner que les Palestiniens forment une société endogame repliée sur elle-même, fortement imprégnée d’un certain sens de l’honneur. Une attitude qui s’exprime, par exemple, sur le plan social par un nombre élevé de crimes d’honneur. Cette violence se manifeste brutalement sur la scène politique interne où les différentes factions essayent de s’imposer par la force, créant ainsi un chaos sécuritaire aggravé par les attentats- suicide. Les élections législatives qui se dérouleront dans quelques jours seront donc pour les Palestiniens une occasion pour opter entre la paix civile ou la violence. Les électeurs auront principalement le choix entre les candidats du Fateh, d’une part, et ceux du Hamas, d’autre part, alors même que les Israéliens multiplient les incitations aux divisions. Or, les résultats des élections municipales qui ont eu lieu récemment dans les territoires et les derniers sondages confirment une poussée notable des intégristes face au parti au pouvoir usé par la corruption. Qu’il s’agisse donc de l’option des armes ou des urnes, les Palestiniens risquent, encore une fois, de faire un mauvais choix. Antoine AJOURY
Une succession d’erreurs inexcusables. Voilà comment résumer la lutte des Palestiniens pour créer leur État depuis plus d’un demi-siècle.
Déjà en 1947, les Palestiniens avaient refusé, selon le principe du « tout ou rien », la résolution 181 des Nations unies qui créa l’État d’Israël sur presque la moitié de la Palestine. Soixante ans plus tard, les Palestiniens...