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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE L’émirat engagé dans un lent processus de réformes

Sous l’impulsion du Premier ministre, l’homme fort du pays, le Koweït s’est engagé dans un prudent processus d’ouverture politique marqué par l’octroi l’an dernier du droit de vote aux femmes. L’émirat s’enorgueillit d’être parmi les premiers pays du Golfe à s’être doté d’une Constitution et d’un Parlement élu. La presse koweïtienne est, en outre, considérée comme la plus libre de la région. Mais ce Parlement, qui compte 50 membres élus, n’a pas le pouvoir de changer le gouvernement. Le 16 mai, après une longue bataille politique, le Premier ministre, cheikh Sabah al-Ahmed al-Sabah, a obtenu du Parlement le vote d’une loi donnant aux femmes les droits de vote et d’éligibilité. Il a ensuite nommé pour la première fois une femme comme ministre, Maasouma Moubarak, devenant le 12 juin ministre de la Planification et ministre d’État aux Affaires du développement administratif. Le 5 juin, le gouvernement koweïtien avait désigné, pour la première fois dans l’histoire de l’émirat, deux femmes membres de l’unique conseil municipal du pays, dont 10 des 16 membres sont élus. À la suite du vote du Parlement, quelque 195 000 femmes ont procédé au début de l’année à leur inscription sur les listes électorales, portant ainsi le total des électeurs dans l’émirat à 334 000. Les militaires n’ont pas le droit de vote. En outre, le Parlement s’apprête à approuver un projet de loi sur la presse qui devrait permettre la parution de nouveaux journaux, après un gel imposé par le gouvernement pendant 30 ans. Mais l’opposition, qui dénonce l’existence de corruption, réclame des réformes plus importantes. Elle demande notamment que les militaires aient le droit de vote. Elle veut aussi une réduction de 21 à 18 ans de l’âge à partir duquel les Koweïtiens peuvent voter. Les réformistes estiment que ces changements sont une condition sine qua non à des réformes politiques de plus grande envergure, surtout celles relatives au statut de la famille régnante. La famille al-Sabah dirige les affaires du Koweït depuis la création de l’émirat, il y a environ 250 ans, et les Koweïtiens ont rarement mis en question son hégémonie. Outre l’émir, le prince héritier et le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur, de la Défense, de l’Énergie, des Affaires étrangères, de la Communication et de la Santé sont tous des al-Sabah. Les réformistes, qu’ils soient islamistes ou prooccidentaux, ont demandé à plusieurs reprises que de simples citoyens puissent être nommés à des portefeuilles-clés. Certains ont même appelé à nommer un Premier ministre « populaire », c’est-à-dire ne faisant pas partie de la famille régnante. D’autres ont appelé à légaliser les partis politiques, interdits par la législation koweïtienne. Un groupe d’islamistes a d’ailleurs défié le statu quo en lançant l’an dernier le parti Oumma (la Nation). Le Premier ministre a affirmé le 17 octobre qu’il n’envisageait pas de légaliser les partis. Il existe toutefois au Koweït des « associations » qui font office de parti sans en porter le nom. Alors que les appels au changement gagnent en ampleur, le pouvoir des islamistes, qui comptent au moins dix-huit membres au Parlement, s’accroît dans cet émirat conservateur. Bien que la plupart des islamistes prônent la non-violence, un groupe islamiste radical a été démantelé en janvier 2005 par la police, après une série d’affrontements sanglants qui ont fait quatre tués parmi les membres des services de sécurité et huit parmi les militants. Six islamistes radicaux, accusés de liens avec el-Qaëda, ont été condamnés à mort fin décembre pour leur participation à ces affrontements. Un septième accusé a été condamné à la prison à perpétuité et 22 autres à des peines allant de quatre mois à quinze ans de prison.
Sous l’impulsion du Premier ministre, l’homme fort du pays, le Koweït s’est engagé dans un prudent processus d’ouverture politique marqué par l’octroi l’an dernier du droit de vote aux femmes.
L’émirat s’enorgueillit d’être parmi les premiers pays du Golfe à s’être doté d’une Constitution et d’un Parlement élu. La presse koweïtienne est, en outre,...