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Actualités - CHRONOLOGIE

PHOTOS - « Blow-up » à Art Lounge, jusqu’au 15 janvier, à partir de 19h La mémoire explosive de Joe Kesrouani

Son univers n’est pas seulement formé de photos, mais de ponctuations de peinture, d’architecture et de musique. Comment cumule-t-il toutes ces activités ? Simplement en les imbriquant l’une dans l’autre afin que chacune déverse son propre langage. Une sorte d’osmose artistique qu’il parvient à juguler en toute harmonie. Joe Kesrouani entre dans toutes ces disciplines comme on entre en religion. En y consacrant tout son temps, avec passion, et en les perfectionnant. Une exposition de photos baptisée «Blow-up» en hommage au grand maître italien Antonioni et au métier de photographe qu’incarnait David Hemmings dans ce film des années 60. Il s’agit d’une rétrospective de vie en grand format – comme pour envahir l’espace –, des clichés pris au fil des années depuis 1993. La mémoire de Joe Kesrouani ainsi reproduite sur grains de pellicules argentiques n’est plus qu’un flash-back désordonné, en noir et blanc, et qui vous éclabousse à la figure. «Depuis mon jeune âge, je peins et je prends des photos. C’est ce qui m’a permis de me sensibiliser plus tard aux formes, à la lumière et aux couleurs que m’offrait l’architecture.» À Paris, ses études d’architecte le mettent en contact avec des maîtres de la photo, comme Raymond Depardon, Jean Rousieff ou Avedon, et lui ouvrent des fenêtres grandes ouvertes sur la vie. «Les clichés que je prenais ouvraient des lucarnes à des endroits inhabituels et m’ont permis ainsi de capter l’évasif et le fugace, et de saisir l’instant de grâce qui fait voir les choses différemment. Ces photos ont été, tout au long de mon séjour à Paris et plus tard aussi, ma mémoire visuelle et sensorielle.» Des éclats de mémoire Omniprésente dans les œuvres de Joe Kesrouani, la lumière est génératrice de «mood»: une sorte d’atmosphère qui transparaît dans toutes les images disparates saisies sur le vif. Sur le toit du Hilton ou dans le parc la Villette; dans le Marais ou au Centre Georges-Pompidou. Par un ciel bas, couleur de pierre, et devant des bâtiments qui touchent le ciel, les passants anonymes, les souffleurs de ballons, les cireurs de chaussures, les jazzmen ou les corps alanguis qui ne sont plus que formes immatérielles deviennent, sous l’objectif du photographe, stars d’un instant. Subtile mise en scène mêlant couleurs, odeurs et musique, ses atmosphères, qu’il traduit en plongée et en travelling, à la manière d’un cinématographe, frissonnent et bruitent. En effet, cet amoureux du cinéma, qui s’amuse à retranscrire ses sensations par un jeu contrastes rehaussé par le noir et blanc des photos, renvoie en zapping nerveux ses images subversives. Marginal, c’est peu dire, car l’artiste s’offre le luxe d’un recul devant une société qu’il fustige parfois dans ses œuvres. Des distances qu’il s’octroie consciemment pour ne pas être happé par la monotonie ou la langueur de l’environnement. À la recherche de la créativité, Kesrouani ne s’arrête pas au cadrage, mais va au-delà de la réalité de la photo. Son angoisse permanente le renvoie à son propre univers d’où il puise des techniques nouvelles. Une sorte d’assemblage qui se régénère sous d’autres formes. Explosives, ses œuvres photographiques ne cessent de renverser sur leur passage tous les acquis, pour créer un ordre nouveau, celui d’une sensibilité «sui generis». Une exposition qui se déroule jusqu’au dimanche 15 janvier, à Art Lounge. À recommander vivement. Colette KHALAF

Son univers n’est pas seulement formé de photos, mais de ponctuations de peinture, d’architecture et de musique. Comment cumule-t-il toutes ces activités ? Simplement en les imbriquant l’une dans l’autre afin que chacune déverse son propre langage. Une sorte d’osmose artistique qu’il parvient à juguler en toute harmonie.
Joe Kesrouani entre dans toutes ces...