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Actualités - CHRONOLOGIE

Design - Au Salon du meuble de Paris, les créateurs métamorphosent le matériau de construction Beau comme… du béton

Le béton échappe de plus en plus à sa réputation de matériau laid, lourd et bon marché grâce aux designers qui s’en sont emparés pour le métamorphoser et créer des meubles où il est souvent méconnaissable. Le béton souffre « d’un problème d’image, il a du mal à se départir d’une image grise, massive », reconnaît Catherine Alcocer, directrice de la communication de Cimbéton, l’une des organisations professionnelles représentant l’industrie du ciment française. Mais les « a priori » dont il est victime sont « fragiles » et, depuis quelques années, « ce matériau redevient matière, son utilisation par les designers revient à l’anoblir », estime-t-elle. Le béton prend désormais « une dimension tout à fait différente dans l’esprit des gens ». Selon Mme Alcocer, il bénéficie « d’une tendance au retour au minéral » qui se manifeste, selon elle, en France. Le béton, mélange d’eau, de sable, de gravillons et de ciment, « permet de retrouver cette minéralité sans altérer des ressources non renouvelables », souligne-t-elle. Le principal handicap du béton est évidemment son poids. Depuis une quinzaine d’années en France – bien plus longtemps aux États-Unis ou en Italie – les designers s’emploient donc à l’alléger, tout en modifiant son aspect. Francesco Passaniti, précurseur de l’utilisation du béton dans la maison, présente ainsi « la première baignoire en béton transportable » au Salon du meuble de Paris. Elle ne pèse que 90 kilos. Une chaise qui pèserait 300 kilos en béton brut n’en fait plus que 50, le mortier ayant été mélangé à de la résine, le tout sur une structure en bois. Beaucoup de meubles sont réalisés en « béton fibré ultrahautes performances » : « Plus besoin de mettre de l’acier, donc c’est moins épais, le poids devient gérable », explique M. Passaniti. Le béton ne se contente pas de devenir plus léger, il se prête aussi à toutes sortes de transformations par coloration, traitements de surface, inclusions (de résine, verre pilé, fibre optique, cailloux, liège...). Francesco Passaniti propose ainsi une palette de 110 couleurs. Le béton peut aussi prendre l’apparence du galuchat, de la peau de crocodile, se métamorphoser en pierre décorée d’empreintes de feuilles. Noir, incrusté de cristaux liquides, il devient une table scintillante. Grâce à l’inclusion de fibre optique, il se fait translucide pour la réalisation de cloisons. Pour la salle de bains, il se parfume discrètement à l’eucalyptus... Des designers n’hésitent pas à l’associer à d’autres matériaux. Convaincu que « béton et cristal vont particulièrement bien ensemble », Pierre Gonalons propose ainsi une table basse et un guéridon réalisés avec ces deux matériaux. Le béton brut conserve cependant des adeptes, qualifiés par leurs détracteurs « d’ayatollahs du béton gris ». Pour Thomas Buchner, « le vrai béton est beau, pas la peine de le transformer en faux ». Certes, son fauteuil en « béton traditionnel » pèse environ 200 kilos, mais il est monté sur roulettes et démontable. M. Buchner fait état d’une « explosion » de ses commandes par rapport à 2005. Selon Mme Alcocer, la demande de meubles en béton est « très forte », mais « il y a une difficulté à structurer l’offre » et les prix sont souvent élevés, car les meubles ne sont pas fabriqués en série. Ils vont de quelques centaines d’euros pour de petits meubles d’appoint à 4 000 euros, par exemple, pour le fauteuil de M. Buchner, ou 6 000 euros pour la table scintillante de M. Passaniti.
Le béton échappe de plus en plus à sa réputation de matériau laid, lourd et bon marché grâce aux designers qui s’en sont emparés pour le métamorphoser et créer des meubles où il est souvent méconnaissable.
Le béton souffre « d’un problème d’image, il a du mal à se départir d’une image grise, massive », reconnaît Catherine Alcocer, directrice de la...