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Actualités - CHRONOLOGIE

ENVIRONNEMENT - Financé par l’UE, mis en place par une ONG italienne et l’Office national du Litani Le projet Irwa, pour traiter onze points sensibles sur le Litani et ses affluents

Les inondations sont devenues monnaie courante en hiver, notamment dans les zones agricoles où la pluie, l’alliée de toujours, devient soudain l’ennemie des cultures. On se souvient des graves inondations qui ont noyé la Békaa durant l’hiver 2003. Pourtant, à y regarder de plus près, ces inondations sont souvent évitables et proviennent du fait que la nature des fleuves n’est pratiquement jamais respectée : constructions illégales ou mal conçues, déchets solides jetés sans aucune retenue dans le cours d’eau... Un projet visant à l’amélioration de la gestion de l’eau d’irrigation, lancé au Liban et en Jordanie, s’attaque justement à ce problème. « Irwa » (qui signifie « étancher la soif » en arabe) est financé par l’Union européenne (UE), en collaboration avec trois organisations civiles internationales, l’association italienne AVSI (Association de volontaires pour le service international), l’organisation italienne ICU (Institut pour la coopération universitaire), l’organisation espagnole Cesal (Centre d’études et de solidarité avec l’Amérique latine). L’Office des eaux du Litani et le Centre national pour la recherche agricole et le transfert de technologie en Jordanie collaborent localement avec les organisations internationales dans le cadre de ce projet. La démarche entreprise au Liban par AVSI et par l’Office national du Litani paraît empreinte d’un grand sens pratique et a découlé d’un travail sur le terrain effectué au préalable, dès 2003, date du lancement du projet. Émilio Maiandi, représentant d’AVSI au Moyen-Orient, explique que l’étude qui a précédé la mise en œuvre du projet, qui se termine en 2007 et au cours de laquelle des photos satellites ont été utilisées, a couvert une superficie de 200 kilomètres carrés dans le centre de la Békaa, en gros de la rue de Damas à Jeb Jenine. But ultime : réhabiliter le Litani et ses affluents en plusieurs points, un travail indispensable vu que « les fleuves sont devenus la poubelle de la Békaa », ne peut s’empêcher de constater M. Maiandi. Pour mieux se doter des informations nécessaires, l’équipe du projet, composée principalement de trois ingénieurs agronomes libanais formés en Italie et de trois autres ingénieurs de l’Office du Litani, a effectué une simulation du comportement du fleuve, en vue de développer des interventions techniques pour lutter contre les inondations à l’avenir. « Au vu de cette étude, nous avons détecté 22 points critiques sur le fleuve, explique M. Maiandi. Nous les avons observés durant trois mois et, après un tri, avons décidé d’intervenir sur onze points, autant que le permettait notre budget. » Le plan consistait à implanter des technologies visant à améliorer la capacité du fleuve à maintenir l’eau dans les limites de son lit. « Nous avons réalisé le travail sur cinq points et attaquons le sixième », précise M. Maiandi. Murs de pierre et pylônes oubliés L’une de ces méthodes a consisté à habiller les bords du fleuve, au niveau de l’un des points critiques choisis, d’une sorte de mur composé de pierres spéciales de petite dimension rassemblées dans un filet. Cette méthode, mise au point en Italie et employant une pierre spéciale concassée, présente le grand avantage de ne pas être imperméable, à l’instar du béton (qu’on trouve souvent habillant les lits des fleuves chez nous), et de permettre donc à l’eau de s’infiltrer sans trop de peine à travers ce mur de pierre, empêchant par le fait même l’inondation. En d’autres points critiques détectés sur le Litani, des restes d’anciens ponts détruits durant les événements par les forces d’occupation israéliennes posaient problèmes, parce que leurs pylônes n’avaient pas été dégagés du lit du fleuve, causant continuellement des tourbillons à leur niveau. Dans le cadre du projet, un nombre de ces pylônes ont été, ou devront être, dégagés. Ces exemples illustrent bien le caractère pratique des travaux entrepris par l’équipe du projet. Mais celui-ci aura également permis de faire l’acquisition d’une pièce importante qui restera entre les mains de l’Office national du Litani pour le nettoyage des fleuves : il s’agit d’une machine, aux dimensions considérables, capable de dégager les détritus du fleuve grâce à un bras très long. À cette précieuse acquisition s’ajoute celle d’un robot capable d’entrer dans le fleuve et d’y effectuer des opérations de nettoyage. Ces machines sont déjà opérationnelles. Le principal but de tout le projet étant d’améliorer la qualité des eaux d’irrigation dans une région par excellence agricole, il se devait d’être complété par la construction d’un centre qui sera consacré, dès le mois prochain, à des sessions de formation et de sensibilisation destinées aux agriculteurs. « L’un des principaux objectifs à atteindre est celui d’améliorer le rendement économique à partir des ressources hydrauliques, comme l’introduction de nouvelles cultures, moins exigeantes en matière d’irrigation par exemple... », explique M. Maiandi. Le nouveau centre a été conçu comme une belle bâtisse avec un toit en tuiles, au centre d’un grand terrain et sur fond de montagnes de l’Anti-Liban. Des ateliers de travail ont déjà été organisés avec les agriculteurs pour sonder leurs besoins et créer des cours pratiques taillés sur mesure, doublés de cours théoriques. Pour ce faire, et jusqu’à présent, huit techniciens de vulgarisation agricole ont été formés et engagés par l’Office national du Litani. Plus tard, ce centre offrira des services à ces agriculteurs, comme des tests de laboratoires par exemple, à moindre coût. Ce projet semble revêtir deux aspects qu’on ne peut qualifier que de positifs : d’une part, la mise en place de mesures très pratiques qui donnent des résultats immédiats. D’autre part, sa contribution à faire la lumière sur une tragédie quotidienne qu’on ne connaît que trop bien, celle de l’état désastreux de pollution des cours d’eau du Liban. Démontrant, par le fait même, que cet état de fait n’est pas une fatalité... Suzanne BAAKLINI
Les inondations sont devenues monnaie courante en hiver, notamment dans les zones agricoles où la pluie, l’alliée de toujours, devient soudain l’ennemie des cultures. On se souvient des graves inondations qui ont noyé la Békaa durant l’hiver 2003. Pourtant, à y regarder de plus près, ces inondations sont souvent évitables et proviennent du fait que la nature des fleuves...