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En 2010, le pétrole ne comptera plus que pour 10 % des exportations Les milieux économiques syriens réclament un « choc réformateur »

À l’heure où la Syrie est soumise à des pressions politiques croissantes de la part des États-Unis et de leurs alliés occidentaux, le gouvernement de Damas doit aussi faire face à la grogne des milieux d’affaires qui s’impatientent de la lenteur des réformes promises. Une conférence sur la situation économique syrienne organisée il y a peu à Damas par le Forum d’études économiques, en partenariat avec l’Union européenne, a été l’occasion de manifester ce mécontentement publiquement. Le chef de la délégation de la Commission européenne à Damas, Frank Hesske, a en quelque sorte donné le « la » en lançant aux autorités syriennes un retentissant « nous n’arrivons pas à lire votre programme économique ». L’ambassadeur européen a souligné la lenteur des mesures adoptées dans le cadre de la politique de réformes, estimant qu’elles se succédaient sans objectif précis, en l’absence d’un plan global leur donnant la cohérence nécessaire. La Syrie et l’Union européenne ont achevé l’année dernière les négociations pour la conclusion d’un accord d’association, mais Bruxelles n’a toujours pas donné son feu vert à la signature du document. Le vice-Premier ministre syrien, Abdallah Dardari, a répondu à la volée de bois vert en affirmant : « Nous savons tous que nous allons dans la bonne direction. » L’homme fort des dossiers économiques a annoncé sept priorités pour l’année à venir : moderniser le cadre législatif et réglementaire ; développer les secteurs bancaire et financier, en réorganisant notamment le secteur public ; créer un organisme de promotion des exportations ; réformer le secteur industriel public pour le rendre plus compétitif ; améliorer le climat des investissements ; réformer l’Administration ; adopter de nouvelles mesures favorisant le développement social. Toutes ces mesures s’inscrivent dans le cadre des principes de « l’économie sociale de marché » adoptés par le parti Baas lors de son dernier congrès, a précisé Abdallah Dardari, pour qui la Syrie doit être prête au rendez-vous de 2010, date à laquelle le pétrole ne représentera plus que 10 % de ses exportations, contre 75 % actuellement. Jugée trop vague, la présentation des grandes lignes de la politique gouvernementale était loin de satisfaire l’assistance. Un jeune avocat syrien, Abdalhay Sayed, a poussé la critique jusqu’à dénoncer l’intervention constante des services de sécurité dans les affaires économiques et politiques et l’incapacité de quiconque à mener des réformes dans ces conditions. Dans une intervention très remarquée, il a également déploré le recours systématique à la législation par voie de décret présidentiel, estimant que cette pratique, bien qu’autorisée par la Constitution – dans son esprit à titre exceptionnel – nuisait au développement d’un système parlementaire représentatif. L’économiste syrien Samir Aïta s’est quant à lui fait l’écho du désenchantement des milieux d’affaires, représentés par le président de l’Union des Chambres de commerce et d’industrie en Syrie, Rateb el-Challah, qui, dans une récente interview à Techrine, se plaignait de l’absence de consensus entre l’État et le secteur privé à propos des « priorités de la réforme ». L’économie syrienne a besoin d’un « choc » salutaire, car plus le temps passe, plus la réforme sera difficile, estime l’expert. « Il faut un plan global, mené par une équipe cohérente, incluant non seulement des mesures économiques audacieuses, mais aussi des réformes politiques afin que la société civile soit en mesure de contrôler la mise en œuvre du changement », a-t-il dit à L’Orient-Le Jour. Inaugurant une table ronde, lors de la conférence de Damas, Samir Aïta a rappelé que la Syrie avait trop longtemps reporté la réforme, grâce à la situation exceptionnelle que lui procurent à la fois ses exportations pétrolières et les transferts de ses émigrés. Mais, à trop attendre, le pays risque d’en payer le prix fort, socialement et économiquement, a-t-il averti. Sibylle RIZK
À l’heure où la Syrie est soumise à des pressions politiques croissantes de la part des États-Unis et de leurs alliés occidentaux, le gouvernement de Damas doit aussi faire face à la grogne des milieux d’affaires qui s’impatientent de la lenteur des réformes promises. Une conférence sur la situation économique syrienne organisée il y a peu à Damas par le Forum...