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Actualités - OPINION

Les loyalistes avouent en privé qu’ils courent après l’ajournement

L’un des ministres influents du gouvernement démissionnaire avoue en privé qu’il est pour le report des élections. De trois ou même de six mois. Le temps, dit-il, de peaufiner une nouvelle loi électorale qui fasse l’unanimité. Et de laisser retomber les tensions et les passions. Une façon de reconnaître que le camp loyaliste craint, si les élections ont lieu dans les délais légaux fin avril, d’être emporté par la vague populaire provoquée par l’assassinat du président Hariri, rouleau sur lequel l’opposition surfe avec aisance. Poursuivant son raisonnement, ce ministre soutient que le climat est trop chargé d’électricité, après les remous de la reconduction, la houle de la 1559 et le choc de l’assassinat. Il explique que, dans les conditions actuelles, il y aurait lieu de craindre que la prochaine Chambre ne soit hostile dans sa majorité à la Syrie. Par suite de quoi l’on élirait un nouveau président de la République qui serait loin d’être en grâce à Damas. Les relations bilatérales s’en trouveraient tendues, ou même rompues, ce qui ne serait évidemment pas dans l’intérêt de ce pays. L’argument suivant avancé par ce loyaliste est que la surchauffe présente risque, en cas d’élections dans les délais, de provoquer des affrontements de rue entre les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition. Il pourrait y avoir, dit-il, des victimes et des blessés, le pays sautant alors à pieds joints dans l’inconnu. Partant de ce sombre tableau, le ministre cité affirme qu’il faut laisser du temps couler. Et, pour mieux apaiser les tensions, initier un dialogue national sincère. Tandis que les loyalistes de bonne volonté démarcheraient la Syrie afin qu’elle s’ouvre sur le camp opposant, plus particulièrement sur les radicaux chrétiens. Entendre les Forces libanaises, le courant aouniste et le Mouvement réformateur kataëb. De manière à rassurer la Syrie, en lui montrant que le retrait de ses troupes ne va pas empêcher la promotion de relations privilégiées avec le Liban. Qui ne servirait jamais de passerelle à des machinations ourdies contre le régime syrien, comme c’était le cas dans les années quarante-cinquante, à l’époque des pronunciamientos militaires successifs. Abondant dans la même logique, ce ministre, dont les sympathies sont manifestes, souligne que la Syrie, confrontée aux pressions franco-américaines relatives à la 1559, obligée de retirer ses troupes, ne doit pas faire face en plus à des problèmes suscités par l’attitude libanaise à son égard. Elle ne doit pas s’inquiéter, ajoute-t-il, au sujet d’un gouvernement des élections qui ne serait pas à son goût. Ni, a fortiori, d’une Chambre libanaise prochaine dominée par des parties adverses. Une Chambre, estime ce ministre, où les rapports de force seraient plus équilibrés, entendre en faveur des prosyriens, au cas où les élections étaient retardées. Le but étant en définitive, répète cette source, d’instaurer les meilleures relations entre les deux pays, des relations épurées des scories qui ont pu les entacher à l’ombre de la présence des troupes et des services de renseignements syriens. Ce ministre soutient, à l’appui de sa thèse, qu’il vaut mieux également attendre, avant d’organiser les élections, de voir ce que la commission internationale d’enquête sur l’assassinat du président Hariri va livrer comme conclusions. Car, selon les éventuelles inculpations ou disculpations, cela pourrait avoir un effet notable sur les résultats du scrutin. Ou même au niveau des alliances de listes. Émile KHOURY
L’un des ministres influents du gouvernement démissionnaire avoue en privé qu’il est pour le report des élections. De trois ou même de six mois. Le temps, dit-il, de peaufiner une nouvelle loi électorale qui fasse l’unanimité. Et de laisser retomber les tensions et les passions. Une façon de reconnaître que le camp loyaliste craint, si les élections ont lieu dans les délais...