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Actualités - OPINION

Lettre ouverte à Abdelaziz el-Rantissi

Frère croyant, Nous te connaissons de Marj el-Zouhour, ton visage nous est familier. Tu as vécu un rude hiver et un beau printemps chez nous. Tu es familier de la mort et des privations. Cheikh Yassine est mort. Il a eu l’honneur de donner sa vie pour une cause, et c’est au Très-Haut qu’il rend aujourd’hui compte. Je joins ma voix à celle des 70 personnalités qui vous ont demandé de ne pas riposter à son assassinat et de revenir à l’intifada pacifique. Gardez-vous de la haine et de tout ce que Dieu abhorre. Ne bannissez de votre cœur ni la pitié ni la compassion, ne vous laissez pas transformer par la dureté de votre ennemi. Pour être libre, il faut scier tous les barreaux de la prison. En scier un laisse le problème entier. Il faut scier les barreaux de la haine, du meurtre, du cynisme, de la duplicité. La haine, la haine animale. Il ne faut pas devenir comme notre ennemi. Notre ennemi n’est pas un homme, c’est un gouffre sans fond où l’humanité a disparu avec ses chaînes. Avez-vous visité Auschwitz ? Ces hommes-là ont goûté à la déréliction, ces gens-là ont perdu la mémoire, ils sont devenus fous de douleur, ils sont devenus insensibles, ils ont perdu leur cœur, ça les fait ressembler, par certains côtés, à des démons. Ils ont oublié que vous êtes des êtres humains, pardonnez-leur, ils pensent que vous êtes des hommes et des femmes dont ils peuvent décider du sort à leur guise, ils se croient chez eux, ils oublient que ces territoires, ils vous les doivent et qu’ils ne sont à eux que comme bien partagé ! Ils sont là. Proposez-leur un moratoire, donnez-leur une chance de respirer, peut-être reviendront-ils à leur raison et verront-ils, le cœur contrit, tout le mal qu’ils vous ont fait et vous font. Mais la haine n’a jamais été votre lot. Vous, c’est la justice qui vous fait vivre, c’est la soif de justice qui vous dresse face à la mort. Votre combat n’est pas le même. Laissez-les être vaincus par leur propre force. Défaites le mal par le bien. Utilisez les armes de l’esprit, elles sont les plus fortes. Suivez les conseils de l’homme en blanc. Il vient d’une terre qui ne s’est appartenue que depuis peu. Il a vécu la Seconde Guerre mondiale. Il sait de quoi il parle. Voilà ce que Jean-Paul II disait en 1981, pour commémorer le souvenir ineffaçable des explosions atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945 : « Ces explosions témoignent d’une manière bouleversante de l’horreur et de la souffrance provoquées par la guerre : le bilan définitif de cette tragédie n’a pas encore été dressé entièrement, et son coût humain global n’a pas été calculé (...). Rappeler Hiroshima, c’est abhorrer la guerre nucléaire. Rappeler Hiroshima, c’est s’engager pour la paix. Rappeler que les gens de cette ville ont souffert, c’est renouveler notre foi dans l’homme, dans sa capacité de faire ce qui est bon, dans sa liberté de choisir ce qui est juste, dans sa détermination à transformer un désastre en un nouveau commencement. » Frère croyant, L’homme en blanc parle pour tous. Il parle pour tout homme dont les droits sont bafoués. Prenez le cours de l’histoire le plus sûr, allez là où vous êtes sûr de vaincre. Cheikh Yassine est mort. Effacez de votre vocabulaire le mot vengeance. Transformez un désastre en un nouveau commencement. Reprenez l’initiative des mains d’Ariel Sharon et redonnez-la à votre peuple généreux. Fady NOUN
Frère croyant,
Nous te connaissons de Marj el-Zouhour, ton visage nous est familier. Tu as vécu un rude hiver et un beau printemps chez nous. Tu es familier de la mort et des privations.
Cheikh Yassine est mort. Il a eu l’honneur de donner sa vie pour une cause, et c’est au Très-Haut qu’il rend aujourd’hui compte. Je joins ma voix à celle des 70 personnalités qui vous...